Dîner avec 5pm Seaside (17h au bord de la mer)
Entretien avec Valentin Stejskal, réalisateur de 5pm Seaside (17h au bord de la mer)
D’où vous est venue l’idée de 5pm Seaside ?
Le film est fondé sur une histoire d’amour qu’un chauffeur de camion m’a confiée. Quinze ans auparavant, il était amoureux de son pote de l’armée en Grèce, mais n’avait pu en parler à personne depuis. Il s’était isolé pour protéger son souvenir de l’environnement hostile qui était le sien. Coincé dans son camion depuis de longues années, il se débattait pour s’en sortir. Même si ma vie est différente, je me suis beaucoup identifié à ses besoins. L’idée du film a démarré par un désir de s’échapper d’un isolement de l’intérieur.
Qu’avez-vous voulu explorer à travers la relation complexe entre les personnages joués par Tsiotsiopoulos Antonis et Kouris Kimonas ?
D’abord, je dois dire que j’ai eu beaucoup de chance qu’Antonis et Kimonas veuillent bien travailler avec moi pour ce film. Ils ont pris le risque de s’ouvrir et ont donné tellement plus à leurs rôles que ce que j’avais pu imaginer. Au départ il y avait cette question : comment les personnages considèrent-ils leur relation passée ? L’armée les a entraînés à tout faire l’un pour l’autre en se cachant le moindre signe d’amour. Ils ont dû jouer le rôle de meilleurs copains, de frères, de rivaux etc. Pour moi il est facile de dire qu’ils étaient profondément amoureux l’un de l’autre, mais c’est un grand pas à franchir pour eux. Je voulais suivre leur redécouverte d’un langage commun, qui ne se transmet pas à travers les mots mais à travers leurs corps.
Au début du film, le personnage principal reçoit un coup de fil de sa mère. Quelle importance donnez-vous à ce dialogue dans le développement du personnage ?
Ma coscénariste Glykeria Patramani et moi, nous voulions présenter Nikos dans un moment où il est plus vulnérable. L’appel de sa mère pour son anniversaire, pendant lequel elle va lui raconter l’histoire de sa naissance, nous a donné l’occasion de faire le point sur ses besoins émotionnels. C’est très dur de ne pas pouvoir parler ouvertement à ceux qu’on aime le plus, et Nikos est dans cette situation vis-à-vis de sa mère depuis des années. Alors, aussi absent qu’il puisse paraître au téléphone, il a besoin qu’elle l’appelle, même si c’est pour lui raconter chaque année la même histoire. Ces appels lui remettent en mémoire le sentiment d’avoir un foyer, d’exister pour quelqu’un.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
Je me souviens, lors d’une première visite à un festival de court métrage, d’avoir vu LIMBO de Konstantina Kotzamani. J’adorerais revenir à cette expérience ; j’en ai perdu toute notion du temps.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Je n’ai pas de définition précise pour le moment, mais ce que j’aime quand je regarde un film, c’est de le ressentir avec mon corps.
Pour voir 5pm Seaside(17h au bord de la mer), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I3.