Lunch avec Matria (Matrie)
Entretien avec Álvaro Gago Diaz, réalisateur de Matria (Matrie)
Qui vous a inspiré le personnage de Ramona ?
La femme qui s’est occupée de mon grand-père jusqu’à sa mort, et qui est ensuite devenue l’actrice principale du film. Et dans une moindre mesure, de nombreuses femmes de la région dans laquelle le film a été tourné, que l’on appelle les Rías Baixas.
Pourquoi avez-vous décidé d’appeler le film « Matria »?
J’avais d’abord choisi le titre de « Ramona », mais je trouvais qu’il créait un lien trop fort entre l’histoire et la protagoniste. Je voulais casser ce lien, car de nombreuses femmes vivent dans les mêmes conditions que Ramona. De plus, « Matria » politise beaucoup plus le film, et je crois que lorsqu’on fait du cinéma, on doit être audacieux, courageux et engagé envers la réalité que le film montre et à laquelle il est lié. Le titre « Matria » a soulevé plusieurs débats, notamment celui de savoir si la Galice (région du nord-ouest de l’Espagne, d’où je suis originaire) est un matriarcat ou non. C’est un des nombreux mythes que l’on nous impose et qu’il faut renverser.
Pouvez-vous nous parler de l’endroit où le film se déroule ?
Il se déroule sur la côte sud-ouest de la Galice, et la plus grande partie de l’action a lieu dans une conserverie. J’aurais pu situer le film dans un autre type d’usine, mais la région est connue pour ses produits en conserve. De plus, les conserveries donnent une impression de froideur (avec leurs nombreuses structures métalliques) et sont très bruyantes, ce qui allait dans le sens du film car je voulais créer une atmosphère assez agressive.
Je crois que vous travaillez sur un long métrage. A-t-il un rapport avec ce court métrage ?
Je travaille sur le scénario d’un long métrage avec Ramona dans le rôle principal, mais avant, je veux réaliser au moins un autre court métrage. Le scénario est prêt et j’espère pouvoir tourner l’été prochain. Le titre provisoire est Vigo, 18th of December.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Je n’ai jamais tourné de long métrage, je vais donc répondre en fonction de ce que je vois autour de moi. Je pense que le format court donne beaucoup plus de liberté pour ce qui est de repousser les limites et de prendre des risques. Il permet aussi de passer d’un projet à un autre beaucoup plus rapidement, et je crois que cela procure au réalisateur un sentiment de liberté par rapport à ses idées et, en fin de compte, à lui-même et à son état d’esprit lorsqu’il est lancé dans un projet.
Si vous êtes déjà venu, pouvez-vous nous raconter une anecdote vécue au festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
C’est la première fois que je viens à Clermont-Ferrand. Je sais que je vais voir de bons courts métrages, rencontrer d’autres cinéastes et aussi m’amuser.
Pour voir Matria, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I8.