Dernier verre avec Soy una Tumba (Je suis une tombe)
Entretien avec Khris Cembe, réalisateur de Soy una Tumba (Je suis une tombe)
Votre film est très émouvant. Qu’est-ce qui vous a poussé à raconter cette histoire ?
J’avais envie de parler de l’enfance, de la mort et de la solitude. C’est pour ça que l’histoire se déroule dans la ville où je suis né, dans laquelle j’ai grandi et où j’ai commencé à comprendre ce qu’était la vie. La Galice est une région dont les ressources viennent principalement de la mer et des marins, régulièrement frappée par le destin et où l’humilité est de rigueur. C’est une contrée balayée par les vents et la pluie où la tempête fait rage. J’avais envie de faire un film qui parlerait de moi et de l’endroit où j’ai laissé mon enfance.
Pouvez-vous nous éclairer sur le choix de ce titre ?
Soy una Tumba est une expression espagnole qui veut dire que l’on meurt avec ses secrets. Je crois qu’en français, vous dites “être muet comme une tombe“. Le sens littéral : “Je suis une tombe“ est lui aussi parfaitement approprié puisque le film symbolise la fin de l’enfance. Et puis l’utilisation de la première personne induit l’acceptation. C’est une expression qui fait écho à l’esthétique funèbre du film.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre style, vos influences ?
Cette histoire imposait une animation subtile, sans effets, la plus naturaliste possible. Ce qui m’intéresse, c’est exprimer beaucoup avec peu de moyens et j’aime bien que les procédés techniques passent inaperçus. Pour moi, c’est la narration qui est prioritaire. Quant à mes influences, elles viennent davantage de la prise de vue réelle que de l’animation. J’ai grandi avec ça et c’est de là que me vient ma passion du cinéma. J’apprends plus en regardant un film de Haneke qu’une animation Dreamworks.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Ce que j’apprécie en particulier, c’est que je peux faire ce que je veux. J’ai le contrôle absolu de mon histoire. J’aime ce défi de raconter quelque chose qui capte l’attention du public, le tienne en haleine, le touche, le provoque. C’est aussi un format qui permet d’expérimenter des formes narratives nouvelles parce qu’il échappe aux pressions qui s’exercent sur les longs métrages dès que quelque chose sort du rang. Pour moi, le format court c’est la liberté !
Pour voir Soy una Tumba (Je suis une tombe), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I12.