Lunch avec Tithes and Offerings
Entretien avec Tony Koros, réalisateur de Tithes & Offerings
Pourquoi avoir choisi de décrire un pasteur charlatan ?
Il y a quelques années, au Kenya, une chaîne de télé locale a mené une enquête sur un télévangéliste très populaire qui pratiquait l’arnaque au « miracle ». Il chassait les démons, guérissait les maladies et changeait l’eau en vin. Il s’est avéré qu’il payait des acteurs à chaque fois et utilisait du carbonate de sodium pour le vin. J’ai trouvé ce personnage fascinant. Il était à la fois charismatique et dépourvu de sens moral. Je me suis demandé comment il en était arrivé là. Quelle vie menait-il avant de connaître le succès ? Qu’est-ce qui l’avait amené à traiter de la sorte des personnes vulnérables ? Tithes & Offerings est né de ces questionnements.
Vous êtes-vous renseigné sur les véritables prédicateurs et les services qu’ils proposent ?
Les séances de culte telles que celle du film faisaient partie de mon environnement quand j’étais enfant, je m’en suis donc amplement inspiré. L’arnaque en elle-même se base sur des témoignages d’acteurs engagés pour simuler ce genre de miracle.
Quel est votre genre cinématographique préféré et pourquoi ?
Les films que je préfère sont souvent ceux qui mélangent les genres. Ils sont bien plus proches de la vraie vie – drôles et tragiques, politiques mais grotesques. J’admire vraiment les cinéastes qui savent faire cela – Bong Joon-ho, Abderrahmane Sissako, Roy Andersson. Leurs films sont difficiles à placer dans des cases, ils font penser à des fables. J’espère arriver à faire la même chose dans mon travail.
Dans quelle mesure vous intéressez-vous à la question de la foi ? Avez-vous d’autres projets sur ce thème ?
Les questions qui tournent autour de la foi m’intéressent beaucoup. La foi est-elle une position logique ? Que se passe-t-il quand une personne qui a la foi pense que Dieu va lui accorder et quelque chose et que ça n’arrive pas ? La foi apporte-t-elle une vie plus heureuse ? Je m’ennuie quand le cinéma apporte des réponses toutes faites (le pasteur est bon, le pratiquant est sectaire, etc.). C’est quand il y a des nuances qu’une histoire est intéressante.
Est-ce que Tithes & Offerings pourrait donner lieu à un film plus long ou avez-vous d’autres projets autour de ce personnage ?
Oui, tout à fait. J’adore les personnages et l’univers du film et j’ai déjà réfléchi à une histoire plus longue. Je vais me lancer dans l’écriture du scénario dans l’année qui vient.
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Absolument. Il y a moins d’enjeux dans un court métrage que dans les plus grosses productions. Moins d’argent, moins de personnes. Avec un court métrage, je peux essayer quelque chose de nouveau sans risquer de ne plus jamais pouvoir faire un autre film. C’est une super façon de se former en pratiquant, en faisant des erreurs, et en apprenant de ses erreurs.
Pour voir Tithes & Offerings, rendez-vous aux séances du programme I2 de la compétition internationale.