Lunch avec Ce magnifique gâteau !
Entretien avec Marc James Roels and Emma De Swaef, coréalisateurs de Ce magnifique gâteau !
Quelles matières avez-vous utilisées pour vos personnages et pour vos décors ?
Tout est fabriqué avec de la laine et du tissu : les murs, les arbres, l’eau… La seule exception, ce sont les yeux des personnages qui du coup, sont les seuls éléments brillants qui attirent immédiatement l’attention. Nous n’utilisons pas d’effets-spéciaux, tout est animé au tournage sauf quelques scènes qui ont été animées séparément puis réintégrées à l’ensemble.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans les expressions de violence (directe ou suggérée) et de soumission ?
C’était de faire ressortir les aspects sombres de la nature humaine, et la complexité des comportements. C’est pour ça que nous avons choisi cette période de l’histoire qui permet de faire ressortir ces traits-là chez les personnages. Nous pensions que le fait que les explorateurs aient considérablement sous-estimé les dangers de l’endroit et l’anarchie qui règne dans cette toute nouvelle colonie, bien loin du contexte social de leur pays d’origine, créaient les conditions idéales pour laisser émerger toutes les ambiguïtés possibles. Et la violence était une des conséquences évidentes de ce mélange explosif.
Pensez-vous qu’il y ait un romantisme lié à la période coloniale et avez-vous travaillé les situations décrites dans Ce magnifique gâteau ! en contraste avec ce romantisme ?
Effectivement, dans l’essentiel de ce que nous avons lu dans la phase d’écriture, le sentiment de romantisme et la quête d’aventure étaient omniprésents : de Stanley qui découvre “les nains magiques“ de la forêt tropicale, à Tintin chassant une quantité astronomique d’animaux sauvages, en passant par le délire de Céline qui se laisse dépérir dans une cabane au milieu de la jungle. Ce qui paraissait évident, c’est que ces personnages étaient davantage stupidement victimes des croyances de leur époque que réellement dépravés et les conditions suffisamment absurdes pour que nous souhaitions donner à notre film ce ton sombre et décalé.
Comment avez-vous construit les cheminements solitaires de vos personnages ?
Pour ça, nous avons été très influencés par l’écriture de Kafka. Nous aimons, comme lui, voir nos personnages plutôt passifs et facilement influençables. Au départ, on situe le personnage dans un environnement banal et à partir de là, on le pousse de plus en plus loin, jusqu’à un dénouement surréaliste sans jamais le laisser échapper au spectateur. Ce que nous espérons, c’est que le spectateur se sente proche de chacun des personnages, désorienté quand il l’est, mais sans bien comprendre comment il a bien pu en arriver là.
Pour voir Ce magnifique gâteau ! rendez-vous aux séances de la compétition nationale F3