Breakfast avec The Loyal Man (Un homme loyal)
Interview de Lawrence Valin, réalisateur de The Loyal Man (Un homme loyal)
Comment vous est venue l’idée de placer votre action au sein d’un réseau de trafiquants ?
J’avais envie de raconter la vie de ces jeunes qui sont enfermés dans un système, coupés de leurs familles, et qui ont pour seul repère leur travail.
Avez-vous en amont fait des recherches sur les réseaux mafieux et leurs membres ?
Je n’ai pas fait de recherche. J’ai grandi dans une famille qui était justement liée à cette mafia, je baigne dans cet univers depuis que je suis petit.
Concernant la question du trafic d’organes, avez-vous réutilisé une part de faits réels constatés lors d’enquêtes ou est-ce totalement imaginaire ?
Elle est totalement imaginaire, je voulais un trafic connu de tout le monde qui me permettrait de rendre l’esclavage moderne de ces jeunes comme quelque chose de normal.
Comment et pourquoi avez-vous construit et donné à voir le groupe d’hommes de main de « Monsieur » ? Ne ressemblent-ils pas plus aux jeunes qui se réfugient dans les maras sud-américaines qu’aux personnages du Parrain et pourquoi ?
La fureur de vivre, la liberté et l’innocence se dégagent de ces jeunes, malgré qu’ils soient au service de « Monsieur », pour eux c’est un père de substitution qui leur a donné un travail, un toit, des vêtements, assez pour vivre dignement, mais le revers de la médaille, c’est qu’ils n’ont plus le droit de parler à leur famille. J’aime la complexité qui se dégage de cette relation, Monsieur est à la fois leur sauveur et leur tortionnaire. C’est vrai que les jeunes ressemblent à ceux des maras, ils n’ont pas d’autres choix pour survivre que d’intégrer ce système, qui deviendra leur nouvelle famille, et ces activités les poursuivront tout le reste de leur vie.
Pourquoi vouliez-vous que ce soit un mouvement amoureux qui remette en question la loyauté du personnage principal, plutôt qu’une amitié ou une envie de s’enrichir par lui-même ?
Dans mon premier film Little Jaffna on m’avait reproché que l’univers était très masculin et qu’il n’y avait pas de femme, alors pour ce film je voulais avoir un personnage féminin fort. Plus jeune, je faisais des traductions de demandeurs d’asile politique pour l’OFPRA et ce fut le parcours d’une jeune femme clandestine qui m’avait marqué. Arrivée en France, elle n’avait nulle part où aller et c’est son passeur qui l’avait hébergée chez lui. De là, j’avais très envie de faire une romance entre ces deux personnages.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
(rires) Non, je n’ai pas appris de mon premier film, au contraire, je trouve ce format toujours aussi difficile. C’est pour ça que j’ai fait un moyen-métrage, je voulais me poser dans mon récit et prendre le temps nécessaire pour le raconter.
Quelles sont vos oeuvres de référence ?
The Loyal Man est un mélange de Drive de Winding Refn et Ghost Dog de Jim Jarmush.
Pour voir The Loyal Man (Un homme loyal), rendez-vous aux séances de la compétition nationale F12.