Breakfast avec Her Violet Kiss (Baiser violet)
Entretien avec Bill Morrison, réalisateur de Her Violet Kiss (Baiser violet)
À partir de quelles sources avez-vous monté Her Violet Kiss ?
À l’origine du film il y a un film allemand perdu de 1928, Liebeshölle de Wiktor Biegnaski and Carmine Gallone, qui fut exploité aux États-Unis en 1929 sous le titre Pawns of Passion. J’ai travaillé sur la seule copie existante connue, un film nitrate en 35mm de la version américaine. Michael Montes a composé la bande son.
Pourquoi vous atteler aux scènes de fête ?
J’avais consulté un nitrate détérioré de Pawns of Passion à la bibliothèque du Congrès. J’ai réutilisé la sixième bobine, où il y avait cette scène de fête. Ça m’a paru incroyable d’avoir filmé cette séquence en 1928, et les effets de la dégradation du nitrate de cellulose sur la pellicule m’ont semblé magnifier les images. Il y a aussi un parallèle entre la scène où un mystérieux étranger masqué part à la recherche d’une femme isolée et la pandémie qui sévit actuellement dans le monde.
Comment la bande-son a-t-elle été créée, a-t-elle été ajoutée avant ou après le montage ?
La bande-son composée par Michael Montes a vraiment été un des moteurs du projet. Il m’a fait écouter le morceau fini et m’a dit que je pourrais l’utiliser si j’avais un film en cours avec lequel je pensais que ça pourrait marcher. J’ai pensé tout de suite à cette scène et je l’ai montée en fonction de la musique.
À quel point le sujet de la rencontre vous intéresse-t-il ? Avez-vous en projet d’autres films sur ce thème ?
Quelques-uns de mes films tournent autour de l’idée d’une rencontre fortuite et éphémère entre deux personnes, comme Light Is Calling, The Mesmerist, et The Film of Her. Mais non, je ne considère pas de faire des films pour traiter d’un thème abstrait comme la rencontre. Mes films s’intéressent à l’exploration d’événements significatifs, ou à portée historique, dont le point culminant réside dans le film présenté au public. Il n’y a que cette rencontre-là qui m’importe.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
La liste serait trop longue. Mais La Jetée de Chris Marker m’a énormément marqué quand je l’ai vu pour la première fois, à vingt ans.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
C’est un film dont l’aspect formel et le contenu se confondent, où chacun des deux souligne et matérialise l’autre à la fois.
Pour voir Her Violet Kiss, rendez-vous aux séances de la compétition labo L3.