Lunch avec Sciaraballa
Entretien avec Mino Capuano, réalisateur de Sciaraballa
Qu’avez-vous voulu explorer à travers cette relation entre Dario et son fils Mimmo ?
Le film a pour but d’évoquer une simple émotion : l’embarras. Je voulais donc exprimer l’incommunicabilité entre un père et son fils. Dans une situation globale d’inquiétude vis-à-vis de l’avenir, l’appel à l’aide d’un père se heurte à la peur de ressentir de son fils. Mais ils finissent tous deux par se rendre compte qu’il suffit de ne pas trop y réfléchir. Il s’agit de l’angoisse de vivre sa vie vraiment pleinement, et on n’en vient à bout qu’en dansant dessus, en profitant de chaque moment.
Pouvez-vous nous parler de la phase d’écriture ? Comment avez-vous conçu les dialogues ?
Avec les deux scénaristes,Mattia et Filippo, nous avons écrit le texte en nous écartant des formats classiques, en essayant de retracer des petits détails qui font avancer le récit plutôt que de nous appesantir sur l’explication de l’intrigue. Nous voulions plus partager un sentiment qu’une histoire. Chaque réplique a d’abord été écrite, puis retravaillée avec les acteurs.
Y a-t-il eu une part d’improvisation, durant le tournage ou en amont ?
Oui, on a beaucoup improvisé sur le tournage, pour recréer cette authenticité et cette spontanéité que nous recherchions. C’était sympa de travailler avec Franco et Domenico, qui sont vraiment père et fils : certaines choses du scénario faisant écho à leur vie privée, leurs improvisations étaient toujours pleines d’émotion.
Quelles ont été vos principales inspirations cinématographiques pour Sciaraballa?
J’ai un amour particulier pour la délicatesse de cinémas comme ceux de Yasujirō Ozu et Hirokazu Kore-eda, où les détails sont extrêmement importants. Leur poésie a aussi influencé mes choix de cadrages, dont l’aspect stagnant dépeint des personnages dévastés, oppressés et effrayés par la vie. La succession de plans larges avec l’intimité des gros plans est typique de Cassavetes, qui est une autre source d’inspiration en matière d’authenticité.
Quel est votre court métrage de référence ?
J’en ai vu tellement que ce serait difficile de choisir.
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
Le plus grand festival du monde, où la qualité suprême est reine, sans défilés de stars. C’est un honneur d’être sélectionné dans le plus important festival du film court du monde. J’espère que Sciaraballa apportera sa pierre à l’édifice.
Pour voir Sciaraballa, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I7.