De Clermont à Cannes 2023
D’un festival l’autre, focus sur ces cinéastes passé·e·s par les salles clermontoises pour y présenter leurs courts métrages et cette année sélectionné·e·s dans l’une des sections du prestigieux festival de Cannes, qui se déroulera du 16 au 27 mai prochains.
Comme toujours, il y aura du beau monde du côté de la sélection officielle et des différentes sections, en voici un rapide tour d’horizon.
Côté courts métrages en compétition, deux noms retiennent notre attention : le cinéaste polonais Damian Kocur présente As it Was (coréalisé avec Anastasia Solonevych) après avoir remporté chez nous le prix du meilleur film européen pour Dalej Jest Dzien (Au-delà est le jour) en 2021.
Notons aussi la présence du duo britannico-israélien Saul Freed et Karni Arieli que nous aurons le bonheur de retrouver avec leur nouvelle création visuelle Wild Summon. Ils avaient marqué tour à tour les sélections labo et internationale de leur patte créatrice folle avec Turning en 2011 et Flytopia en 2013.
Côté longs métrages, c’est Maïwenn qui ouvrira le bal avec son sixième court métrage Jeanne du Barry qui sera projeté le mardi 16 mai sur l’écran du Grand Théâtre Lumière, après la cérémonie d’ouverture. Côté courts, nous nous souvenons de son I’m an actrice (compétition nationale 2004), premier film autobiographique dans lequel elle incarnait sa propre mère.
En compétition officielle, plusieurs grands noms croisés côté court défendront leur nouveau long dans la course à la palme d’or : Ramata-Toulaye Sy présentera son premier long Banel & Adama, après son court métrage Astel qui avait remporté le prix SACD de la meilleure première œuvre de fiction et le prix spécial du jury national en 2022. Elle sera aux côtés du cinéaste chinois Wang Bing et son long Jeunesse, qui nous avait fait l’honneur de prendre part au jury international en 2015 (année de la rétrospective consacrée à la Chine), quelques années après avoir présenté son court métrage BaYueZhouWen en compétition internationale (en 2002) : il présentera également Man in Black en séance spéciale.
Le cinéaste français d’origine vietnamienne Tran Anh Hùng présentera son septième long La Passion de Dodin Bouffant : de l’eau a coulé sous les ponts depuis ses derniers courts sélectionnés à Clermont, à savoir La Femme mariée de Nam Xuong en 1989 et La Pierre de l’attente en 1992. L’incontournable cinéaste et photographe turc Nuri Bilge Ceylan présentera sa nouvelle production Kuru Otlar Ustune (Les Herbes sèches) après 5 prix cannois dont une palme d’or et un passage clermontois par la compétition internationale en 1996 avec Koza.
La réalisatrice et scénariste tunisienne Kaouther Ben Hania accompagnera son 5e long métrage Les Filles d’Olfa après avoir notamment siégé au jury international clermontois en 2017. Enfin, malgré la polémique concernant les conditions de tournage de son dernier film, la réalisatrice Catherine Corsini présentera bien son long métrage Le Retour sur l’écran de la grande salle Lumière après une sélection clermontoise en compétition nationale remontant à 1984 (!) pour Ballades.
Du côté des séances de minuit, deux visages amis : Just Philippot présentera la version longue de son court métrage Acide, sélectionné en compétition nationale et Collection CANAL+ 2018.
Elias Belkeddar revient avec le très attendu Omar la fraise qui compte Reda Kateb et Benoît Magimel au casting, 9 ans après avoir remporté le prix de l’ACSÉ national pour Todo se Puede (Tout est possible) à Clermont-Ferrand.
Au jury longs métrages enfin, qui se veut représentatif d’une nouvelle génération d’artistes, et parmi tous les noms magnifiques qui le composent, nous ne pouvions que relever la présence du comédien français cher à nos cœurs clermontois Denis Ménochet, dont la carrure et l’interprétation ont passablement marqué les esprits dans T’étais où quand Michael Jackson est mort ? de Jean-Baptiste Pouilloux, prix SACD de la meilleure première œuvre de fiction 2014, et bien sûr le quadruplement primé Avant que de tout perdre de Xavier Legrand (grand prix, prix du public, prix de la jeunesse, prix de la presse 2013), préquelle à son premier long Jusqu’à la garde que le comédien était venu présenter exceptionnellement en avant-première lors du festival 2018, aux côtés notamment du réalisateur et de sa partenaire à l’écran, Léa Drucker.
En séance spéciale, notre camarade brésilien Kleber Mendonça Filho reviendra avec son nouveau long métrage Retratos Fantasmas (Portraits fantômes) après un passage remarqué chez nous au jury labo en 2016.
C’est le long métrage Le Règne animal de Thomas Cailley qui ouvrira la sélection Un Certain regard. Le scénariste et réalisateur avait notamment fait un passage remarqué par la compétition nationale avec son court Paris Shangai en 2011 avant de rejoindre les rangs du jury en 2015. Côté jury de la sélection justement, nous notons la présence du réalisateur franco-cambodgien Davy Chou, qui avait notamment vu son court métrage Cambodia 2099 sélectionné en compétition nationale en 2015.
En sélection, nous découvrirons avec bonheur le premier long Augure de Baloji, qui cumule chez nous deux sélections dont le fameux Zombies, prix Festivals Connexion de la compétition labo 2020. À ses côtés, et également avec un premier long, Delphine Deloget (prix CANAL+ national 2019 pour son court métrage Tigre) présentera Rien à perdre et le réalisateur marocain Kamal Lazraq (sélection internationale 2015 pour Moul Lkelb (L’homme au chien)) accompagnera Les Meutes.
Le réalisateur Alireza Khatami présentera lui, aux côtés de Ali Asgari, Terrestrial Verses, 13 ans après sa sélection internationale clermontoise pour Focal Point (Point focal) (coréalisé avec Ali Seiffouri). Enfin, un superbe ajout de dernière minute : le réalisateur Jean-Bernard Marlin revient avec Salem, 5 ans après le très remarqué Shéhérazade et 9 ans après son prix de la presse clermontois et le prix d’interprétation masculine pour son comédien Adel Bencherif dans son court métrage La Fugue.
Enfin, le réalisateur Martin Provost, dont la seule sélection en compétition nationale clermontoise remonte à 1991 (!) avec J’ai peur du noir, présentera son nouveau long Bonnard, Pierre et Marthe dans la section Cannes Première.
Depuis 1962, date de sa création par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma, la Semaine de la Critique, section parallèle du Festival de Cannes, se consacre à la découverte des jeunes talents de la création cinématographique, en mettant à l’honneur leurs premiers et deuxièmes longs métrages.
Dans la catégorie des courts métrages en compétition, nous retrouverons 3 visages bien connus des Clermontois·e·s : le réalisateur, scénariste et comédien français Nans Laborde-Jourdàa, en compétition nationale 2022 avec son très beau Léo la nuit viendra présenter sa nouvelle création, Boléro. Après avoir marqué les esprits en 2018 avec l’obtention sur grand prix international pour son film Drżenia (Tremblements), le réalisateur polonais Dawid Bodzak présentera cette année Krokodyl. Enfin, le cinéaste égyptien Morad Mostafa qui cumule pas moins de 3 sélections clermontoises dont 2 en compétition internationale (pour Henet Ward (Ward et la fête du henné) en 2020 et Khadiga en 2022), viendra présenter I Promise You Paradise.
Du côté des longs métrages en compétition, notons la présence du Serbe Vladimir Perišić dont la dernière sélection clermontoise remonte à 2004 en compétition internationale avec Dremano Oko : il présentera son deuxième long métrage, Lost Country. La réalisatrice malaisienne Amanda Nell Eu viendra, elle, accompagner son premier long métrage : Tiger Stripes. Elle avait notamment obtenu la mention spéciale du jury labo en 2018 pour son film Lagi Senang Jaga Sekandang Lembu (Indomptables) qui figure dans le Blu-ray des 20 ans du labo.
Dans les séances spéciales, les réalisatrices françaises Mathilde Chavanne et Iris Chassaigne accompagneront leur nouveau court : la première, qui avait remporté le prix Égalité et Diversité en 2020 pour Amour(s), présentera Pleure pas Gabriel quant à la seconde, dont nous avons pu voir cette année Swan dans le centre, présentera Stranger, qu’elle a coréalisé avec Jehnny Beth.
C’est Marie Amachoukeli qui ouvrira le bal de la Semaine avec son nouveau long métrage Ama Gloria réalisé en solo : elle compte 3 sélections clermontoises en compétition nationale avec C’est gratuit pour les filles (coréalisé avec Claire Burger) en 2010 qui avait remporté une mention spéciale du jury, Demolition Party en 2014 (également coréalisé avec Claire Burger) et I Want Pluto to be A Planet Again (Je veux que Pluton redevienne à nouveau une planète) (coréalisé avec Vladimir Mavounia-Kouka) qui concourait également en compétition internationale en 2017.
Hors compétition toujours, le cinéaste et comédien français Stéphan Castang présentera son premier long métrage Vincent doit mourir lors d’une séance spéciale. Son Panthéon Discount avait notamment marqué les esprits en 2017 après avoir remporté le prix étudiant et le prix du public et nous avions eu le plaisir de le retrouver en compétition nationale en 2021 avec Finale.
Créée en 1969 par la SRF (Société des réalisatrices et réalisateurs de films), la Quinzaine des Cinéastes est une sélection parallèle du Festival de Cannes qui a pour vocation de faire découvrir un large spectre de films, afin de mettre en valeur les pratiques les plus singulières et visionnaires du cinéma contemporain.
Nous retrouverons dans la catégorie courts métrages la réalisatrice française Julia Kowalski avec son nouveau film J’ai vu le visage du diable. Nous avions déjà croisé le chemin de Julia en 2013 avec son court métrage Musique de chambre sélectionné en compétition nationale en 2013.
Côté longs, le cinéaste français Cédric Kahn viendra présenter Le Procès Goldman qui ouvrira la sélection. Même si cela remonte à bientôt plus de 30 ans (!), nous avions sélectionné en compétition nationale son court métrage Les Dernières heures du millénaire en 1991. Plus récent dans nos mémoires, le réalisateur Claude Schmitz, qui avait remporté le prix Égalité et Diversité en compétition nationale 2019 avec Braquer Poitiers viendra présenter L’Autre Laurens.
C’est en 2019 également que le cinéaste indien Kanu Behl avait remporté le prix étudiant international pour Binnu ka Sapna (Bonnu : sa vie, son histoire) : il présentera cette année son long Agra. Le cinéaste vietnamien Thien An Pham passera du format court au long avec Bên trong vỏ kén vàng (Inside the Yellow Cocoon Shell) : nous avions présenté son précédent court, Hãy tỉnh thức và sẵn sàng (Reste éveillé, sois prêt) en compétition internationale en 2020.
Le réalisateur, comédien et scénariste marocain Faouzi Bensaïdi cumule chez nous 3 sélections dont deux en compétitions : côté international en 2001 avec Trajets et en national en 2010 avec Le Mur. Il présentera cette année son long métrage Déserts.
Mais le « recordman » des sélections clermontoises dans cette section reste le cinéaste français Bertrand Mandico, qui viendra présenter son troisième long métrage Conann après pas moins de 10 sélections à Clermont dont 6 en compétitions nationale et internationale (Il dit qu’il est mort… en 2008, Essai 135 en 2009, Boro in the Box (Boro dans la boîte) en 2012, Living Still Life (La Résurrection des natures mortes) en 2013, Prehistoric Cabaret en 2014 et Notre Dame des hormones en 2015).
L’ACID est une association née en 1992 de la volonté de cinéastes de s’emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d’exposition et d’accès aux programmateurs et spectateurs.
Parmi les 9 films présentés cette année, notons la présence du couple Sébastien Laudenbach–Chiara Malta, qui présentent leur nouveau long métrage d’animation Linda veut du poulet !, une coproduction franco-italienne portée notamment par les voix de Clotilde Hesme, Laetitia Dosch ou encore Esteban.
Sébastien Laudenbach est un habitué du festival puisqu’il cumule pas moins de 7 sélections dont 6 en compétition nationale avec Journal en 1999 pour lequel il a remporté le prix de la jeunesse, Des câlins dans les cuisines en 2004, Regarder Oana en 2009, Vasco en 2011, Daphné ou la belle plante en 2015 ou encore Vibrato en 2018.
Chiara Malta, passée par la compétition nationale en 2006 pour son film L’Isle, a souvent collaboré de près ou de loin aux œuvres de Sébastien Laudenbach et vice versa, c’est pourquoi il n’est pas surprenant de les retrouver à la tête de cette nouvelle production, dont la sortie est prévue le 18 octobre 2023.