Concours de la jeune critique 2018
Historique
Le Festival du court métrage propose une séance scolaire à l’attention des collégiens et des lycéens, qui attire près de 5000 élèves chaque année.
La mise en ligne des scénarios, des story-boards et des notes d’intention relatifs à chaque film permet aux enseignants d’aborder avec leurs élèves l’écriture cinématographique et le passage à l’image. La rencontre des élèves avec les réalisateurs durant le Festival rend possible une approche plus intime de la création cinématographique.
Les élèves ont ainsi de nombreux éléments pour s’exprimer sur les films, et le Concours de la jeune critique cinématographique, en partenariat avec le Rectorat de l’Académie de Clermont-Ferrand, la fondation Varenne et le magazine Bref, leur propose l’espace pour le faire. Le concours est l’occasion pour les élèves de proposer leur avis sur un court métrage de leur choix, en privilégiant un point de vue personnel argumenté.
Regulations
Préambule
Le court métrage est un outil pédagogique intéressant dans l’apprentissage de la critique cinématographique. Sa durée réduite et la diversité de sa production lui confèrent un statut particulier propre à susciter la réflexion. Le concours souhaite prolonger la programmation scolaire en mobilisant, à l’écrit, le regard des élèves sur un support de création artistique de premier plan : il s’agit de leur offrir un espace d’expression, d’analyse filmique et d’initiation à l’exercice de la critique cinématographique.
Article 1
L’association Sauve qui peut le court métrage organise, à l’occasion de la 40e édition du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand (du 2 au 10 février 2018), le 20e Concours de la jeune critique cinématographique 2018, en partenariat avec le Rectorat de Clermont-Ferrand, la fondation Varenne, le magazine Bref et Plein Champ.
Article 2
Ce concours est ouvert aux élèves de tous les établissements scolaires, de la quatrième à la terminale, qui suivent tout ou partie de la 40e édition du festival.
Article 3
Les participants doivent rédiger une ou plusieurs critiques de films projetés lors des séances scolaires du Festival international du court métrage 2018. La critique doit être présentée sous forme d’une page dactylographiée de 250 mots, plus ou moins 10% (le nombre de mots doit obligatoirement être mentionné dans l’envoi). La critique peut être issue d’un travail personnel ou d’une réalisation suivie par un professeur.
Il est impératif que ce travail soit individuel, les critiques collectives ne seront pas acceptées dans le cadre du concours.
Article 4
Les textes chercheront à répondre aux trois objectifs prioritaires du concours :
- ouvrir un espace d’expression sur les courts métrages : la critique prolonge l’expérience de l’œuvre et présente une opinion argumentée.
- développer une réflexion sur l’outil cinématographique : la bonne compréhension du film et la pertinence de l’analyse filmique sont des éléments déterminants pour le jury.
- proposer un exercice rédactionnel : la critique est un genre écrit particulier, dont le concours permet d’explorer les facettes. Par ailleurs, le respect et la qualité de la langue sont décisifs.
Article 5
Il est demandé aux enseignants d’opérer une présélection des travaux de leurs élèves et de n’envoyer que les critiques qui leur ont semblé originales ou dignes d’intérêt. Ils doivent impérativement spécifier aux membres organisateurs le nombre total de critiques écrites au sein de leur classe.
Article 6
Les scénarios sont consultables sur le site du Festival du court métrage à l’adresse suivante : Séances scolaires
Article 7
Le jury comprend des représentants des différents partenaires du concours.
Article 8
Les critiques des Sections cinéma peuvent porter sur n’importe quel film du 40e Festival ; elles seront analysées par un jury particulier conduit par le magazine Bref.
Article 9
La date limite de réception des critiques est fixée au vendredi 6 avril 2018. Les textes des critiques doivent parvenir sous forme de fichiers électroniques (formats Works, Word, ou RTF) à l’adresse suivante : s.poulange@clermont-filmfest.com
Chaque fiche individuelle comportera les mentions obligatoires suivantes :
- Nom et prénom de l’élève
- Classe et établissement
- Coordonnées de l’établissement, du professeur et de l’élève
- Titre du film faisant l’objet de la critique et nombre de mots
Des ordinateurs sont à la disposition des élèves au Centre de documentation de la Jetée pour envoyer leurs critiques. Horaires d’ouverture : mardi et jeudi de 13h30 à 19h, mercredi de 9h à 12h et de 13h30 à 19h.
Article 10
Ce concours sera primé et récompensera les productions individuelles ainsi que la participation des établissements. Les prix porteront sur quatre catégories :
- 1 : Collèges
- 2 : Lycées d'enseignement professionnel
- 3 : Lycées d'enseignement général
- 4 : Sections cinéma audiovisuel toutes académies
Article 11
La cérémonie de remise des prix se déroulera le mercredi 30 mai 2018 à 11h à la Jetée.
Article 12
La participation au concours implique l’acceptation du présent règlement.
Palmarès
Collège
Grand prix : Titouan Cherel
Sur le film : Marlon
Classe de 4e, Collège Pierre Mendes France de Riom (Puy-de-dôme)
Critique de Marlon par Titouan Cherel
Es-tu prête ?
Un bureau, la voix d’une juge en fond sonore, un plan rapproché sur une adolescente accompagnée de son oncle : Jessica Palude nous plonge de manière immédiate dans la vie de Marlon. Dès les premières images, un sentiment d’empathie nous envahit pour cette jeune fille introvertie mais dont la sensibilité est mise en valeur par une douce lumière sur son visage. Ses réponses sont monosyllabiques, les silences nombreux et longs. La succession de plans rapprochés nous donne une impression d’étouffement et d’inquiétude. La dernière question de la juge « Es-tu prête ? » revient comme un leitmotiv tout le long du film. Les décors banals, la bande son constituée uniquement de bruits quotidiens font de ce court métrage une sorte de documentaire. Ce travail de la réalisatrice permet une approche réaliste des relations d’une jeune fille avec sa mère détenue. Nous découvrons un moment de l’évolution de l’adolescente par rapport au modèle maternel et à sa féminité. Dans la scène du parloir, les surcadrages systématiques mettent en valeur l’enfermement, la difficulté de communication, et l’isolement de Marlon, accentué par l’échec de la rencontre avec sa mère : cette dernière veut éloigner sa fille de l’univers carcéral pour la protéger et lui exprime qu’elle ne doit plus compter que sur elle-même. Mais la marche finale de Marlon précédant enfin son oncle, la tête haute, montre la possibilité d’une nouvelle vie, avec, pour la seule et unique fois, une musique paisible qui exprime peut-être son soulagement…
Ce film touchant nous questionne de façon sensible sur le problème de la construction des adolescents et de la transmission parents-enfants.
2e prix : Magalie Roux
Sur le film : Kötü Kiz
Classe de 3e, Collège d'Anatole France à Gerzat (Puy-de-Dôme)
Critique de Kötü Kiz par Magalie Roux
KÖTÜKIZ
KötüKız, Vilaine Fille en français, court-métrage d'animation franco-turc nous raconte l'histoire d'une petite fille turque, qui se plonge dans ses souvenirs, depuis son lit d’hôpital.
Cette petite fille est dotée d'une imagination débordante, propre àson jeune âge. Au début, ses souvenirs se portent sur sa vie quotidienne, ses habitudes. Elle allait souvent, àla sortie de l'école, avec son grand-père, acheter une glace. Ou encore, elle se souvient des tartines de tomates séchées qu'elle avait pu manger. Des souvenirs heureux et apaisants refont surface, ainsi que quelques regrets, comme le fait de ne plus pouvoir jouer àla corde àsauter, chose qu'elle appréciait. Mais, petit àpetit, ses souvenirs prennent une autre tournure. La petite fille se pose des questions. La religion, sujet complexe, est abordée. Qui est Dieu ? A quoi ressemble-t-il ? Pour elle, qui étudie le Coran, il est normal de se le demander. Seulement, les questions finissent par intriguer, piquer la curiositédu spectateur. Que serait-il arrivési elle avait fini ses tartines de tomates séchées ? Les choses auraient-elle étédifférentes ? Petit àpetit, on comprend que quelque chose de grave est arrivéàcette petite fille. Les différents indices sont très subtils, parfois durs àcomprendre et interpréter. Le premier élément est la souris, qui vient lui ronger les ongles, et l'homme, àla tête de rat. En mettant tous ces éléments en commun, et avec les dernières images, on finit par comprendre ; elle a étéviolée. La souris grignotant ses ongles fait référence au fait qu'elle s'est débattue, qu'elle a grifféson agresseur. L'homme-rat n'est autre que l'agresseur en question. Elle voit cet incident de ses yeux d'enfants, l'interprète sous forme de cauchemars, très imagés, si bien qu'il est très difficile de comprendre complètement les faits. Je dirai qu'il faut une bonne capacitéd'analyse et de réflexion pour comprendre entièrement chaque détail de ce film, son message, et son sens. Il expose un sujet dur, et sensible, couvert par des dessins fantaisistes, et par l'imagination du personnage principal. De mon point de vue, il faut le revoir plusieurs fois pour pouvoir saisir chaque détail.
La seule remarque négative, en mon sens, serait qu'il est justement un peu trop compliqué, restreint àune certaine audience. Malgréce détail, ce film demeure complexe, émouvant, et surtout très bien réalisé.
3e prix ex aequo : Kahina Berkhane-Lavigne
Sur le film : Négative Space
Classe de 4e, Collège Pierre Mendes France à Riom (Puy-de-Dôme)
Critique de Négative Space par Kahina Berkhane-Lavigne
Le vide : un sentiment que le narrateur, Sam, connaît bien. Son père est très occupé. Leur seule manière de se rapprocher : faire les valises.
« Negative space », un titre peu explicite qui s’éclaircit dans les premières images : il apparaît dans l’ouverture visuelle et sonore de la fermeture Eclair d’une valise ; la vision en plongée sur cette valise en fait ressortir le vide, puis des objets s’animent, seuls dans un plan d’ensemble, et la remplissent méthodiquement.
La voix off du narrateur à l’âge adulte nous explique comment son père lui a appris à composer ses bagages. Une fois ceux-ci prêts, Sam entreprend un trajet vers le lieu des funérailles de son père, qui est en même temps un trajet dans ses souvenirs d’enfance, période de l’imagination débordante où les objets prennent vie et se transforment ; les teintes joyeuses de l’enfance s’opposent aux couleurs neutres et froides de l’âge adulte. Le titre devient définitivement explicite dans la dernière image : une vision en plongée du cercueil paternel trop grand sur fond noir, accompagnée d’une dernière remarque de Sam sur cet espace gâché, remarque déconcertante et drôle dans un premier temps, mais qui montre à quel point il a intégré le modèle paternel.
Grâce à cette animation originale, nous comprenons que le vide familial peut être douloureux mais l’essentiel est que le lien créé entre parents et enfants dure après la mort.
3e prix ex aequo : Elisa Baes
Sur le film : Négative Space
Classe de 4e, Collège Val d'argent de Sainte-foy l'argentière (Rhône)
Critique de Négative Space par Elisa Baes
Dans ce court métrage, inspiré du poème « Negative space » de Ron Koertge, il n’y a aucun espace vide.
Dans cette valise, vous trouverez Sam, un jeune homme aux liens très particuliers avec son père, liens qui se nouent autour de l’art de faire sa valise. Son père lui a appris à faire la valise « perfect », qui représente la séparation, l’absence du père qui part en voyage d’affaires.
Dans cette valise, vous trouverez une famille dans laquelle il n’y a pas beaucoup de communication et où la mère est très peu visible et muette. La communication se fait par l’espace à remplir.
Dans cette valise, vous trouverez deux périodes de la vie de Sam : le passé avec tes tons rouge orangé et le présent avec des tons gris bleu. Ces deux temporalités se mêlent autour de l’espace.
Dans cette valise, vous trouverez une frontière ténue entre le réel et l’imaginaire. Par exemple, un taxi roule sur une chaussée qui se transforme en tirette (la petite languette qui sert à tirer la fermeture éclair) de la valise !
Dans cette valise, vous trouverez une bande son qui paraît très réaliste alors que les images sont irréalistes, et cela donne cette atmosphère très particulière. De surcroît, ce court métrage est fait en stop motion à partir de papier mâché, de carton qui renforce cette idée d’irréalisme.
Dans cette valise, vous trouverez un court métrage qui suscite des émotions et une fin surprenante et drôle.
Lycées d'enseignement général et technologique
Grand prix : Marie-Camille Chauvet
Sur le film : Bonobo
Classe de seconde, Lycée Jeanne d'arc à Clermont-Ferrand (Puy de dôme)
Critique de Bonobo par Marie-Camille Chauvet
Sommes-nous tous réellement égaux dans la quête fugace du bonheur ? C’est la question que nous pose Zoel Aeschbacher, réalisateur de Bonobo, court métrage transparent de vérité et transpirant de réalité.
Bonobo, c’est la fable moderne qui dresse en dix-neuf minutes le portrait de trois des sept milliards d’humains de la terre, dans leur vie, leurs envies et surtout dans leurs rêves. Bonobo, c’est l’histoire d’une espagnole impatiente de déménager, d’un vieil homme ne cherchant qu’à vivre plus confortablement, et d’un jeune ne vivant que pour danser. Bonobo, c’est un immeuble délabré, suintant de misère, qui accueille en son sein inconfortable trois êtres mis en parallèle dans leur routine respective, différents dans leurs attitudes, mais qui reste intimement liés par leur quête de bonheur.
Atmosphère calme. Couleurs délavées. Peu à peu happés par une routine quelque peu névrosée, nous entrons dans un univers ou le bonheur tente de se faire une place. En vain. L’ascenseur et tout bascule. L’ascenseur, celui qui ne marche pas quand on en a besoin, et qui fonctionne au mauvais moment. L’ascenseur, descente aux enfers de ce qui devient une tour infernale. L’ascenseur, unique faille dans le système, mais qui dérègle tout. Et peu à peu tout dérape. Scènes plus bruts, saccadés, angles de vue concentrés sur les corps, le rythme s’accélère.
Final explosif, ce qui est un court métrage devient une chorégraphie, dirigé par un chef d’orchestre impitoyable ; la vie. Virtuosité époustouflante, lâché prise déréglé, il nous est donné de voir le spectacle immense de la fureur des hommes. Aeschbacher nous livre ici un joyau à la chute endiablée empreint de social. Sans donner de morale, il nous raisonne.
2e prix : Lise Lacher
Sur le film : Pépé le morse
Classe de seconde, Lycée Jeanne d'arc à Clermont-Ferrand (Puy de dôme)
Critique de Pépé le morse par Lise Lacher
Ce n’est pas par hasard si ce film d’animation, réalisé par Andreae Lucrèce en 2017, a remporté le Prix du public au festival d’Annecy 2017 : il touche d’un doigt délicat notre peur de la mort ! Cette animation au décor d’aquarelle aux couleurs pastel gris bleu, montre avec réalisme, humour, tendresse et justesse, comment une famille fait face au deuil du grand-père.
Poussés par le vent de l’océan et piqués par le sable et le froid automnal, nous suivons la file indienne familiale, cortège funéraire improvisé, qui progresse au rythme des tam-tams, Maman qui râle en tête, Mémé mystique dans son dos et les enfants par ordre de taille. Ils vont retrouver, la voix off de Lucas, premier petit-fils, nous l’annonce, les traces de pépé, insatiable bronzeur fumeur, matérialisées par des milliers de mégots de cigarette entassés sur la plage. Les méfaits du tabac et du soleil sont ici rappelés avec humour aux pauvres mortels que nous sommes… Comment ne pas s’identifier à cette famille en deuil ? Comment gérer sa peine face à la perte ? Déni ou face à face ? On suit chaque personnage dans son cheminement intérieur : Lucas agrippe son Pépé dans ses bras avant d’accepter de le laisser disparaitre ; les frangines retiennent toute émotion jusqu’à s’étouffer comme engluées par des algues ; son doudou emporté par les vagues, Marius apprend ce que perdre un être cher signifie… Sur cette plage, chacun accepte de perdre, jusqu’au bain de larmes collectifs final qui réconforte le clan, resserre les liens et donne à chacun le courage de continuer sa route, des souvenirs positifs de Pépé plein le cœur.
3e prix : Lisa Rey-Arnaud
Sur le film : Overrun
Classe de seconde, Lycée Saint Jacques de Compostelle au Puy en Velay (Haute Loire)
Critique de Journal animé par Isée Viala
« Le journal animé », ce court-métrage à la fois caustique et effrayant, vous plonge au cœur de notre société à travers les pages du journal « Libération ». Le dessinateur, Donato Sansone livre son imagination débordante. En s’appropriant les photos reporters du journal Libération, il les manipule et les transforme en illustrations, au gré de sa pensée et de son stylo. Il relie d’un fil ou plutôt d’un trait conducteur, les idées qui le traversent et révèle ainsi son sens critique et politisé sur la société.
L’artiste parcourt du 15 septembre au 15 novembre 2015 une multitude d’actualités et d’évènements marquants qui donnent un rythme entrainant au film, presque effréné. Lecteur de « Libération », il exprime ses angoisses sur le monde dans lequel nous vivons, en nous offrant sa propre lecture de l’actualité, son témoignage d’artiste, une vision extrêmement crue et habitée d’un humour noir.
Le coup de crayon d’un gribouillage maîtrisé, violent et puissant, vous fait voyager dans un monde étrange, bien que réel, entre caricatures et références artistiques telles que Munch. Les photos défilent et disparaissent sous le crayon dénonciateur et moqueur du radicalisme religieux et politique, des guerres, des attentats, des violences, passant également de la place de l’homme et de la femme à l’accord fébrile de la COP 21.
Ce passionnant court-métrage de quatre petites minutes nous peint le tableau noir d’une peur partagée sur notre avenir, entre cet artiste et les spectateurs.
Emotions et réflexions, un duo qui ne manquera pas de toucher son public !
Lycées professionnels et agricoles
Grand prix : Jean-François Chartet
Sur le film : Kötü Kiz
Classe de 1ère, Lycée professionnel Germaine Tillion de Thiers (Puy-de-Dôme)
Critique de Kötü Kiz par Jean-François Charton
KÖTÜ KIZde Ayce Kartal raconte l’histoire d’une petite fille turque qui depuis sa chambre d’hôpital nous plonge dans son histoire. Ses souvenirs se juxtaposent, souvenirs heureux passés auprès de ses grands-parents au contact de la nature et des animaux, souvenirs terrifiants évoqués par l’apparition de monstres.
Cauchemar, rêve ou réalité ? Le changement brutal de style graphique, nous fait douter, entre poésie et horreur, la petite fille aurait –elle des sautes d’humeur ? La vilaine !
Mais la scène qui m’a le plus marquée, par la violence, par la noirceur des dessins et le réalisme, est celle qui montre la transformation d’hommes en loups qui projettent la petite fille au sol et qui la bâillonnent. La petite fille est victime de prédateurs sexuels. C’est une petite fille blessée, au sens propre comme au sens figuré, qui essaie de chasser les passages sombres de sa vie. Je comprends mieux pourquoi la petite fille est à l’hôpital.
Je comprends mieux aussi la scène dans laquelle elle se représente Dieu. L’animation permet de modeler l’image qu’elle en a et qui n’est pas celle d’un protecteur.
« Vilaine fille » pour avoir transformée Dieu en diable.
« Vilaine fille » pour avoir subie sans rien dire.
Une chose est sûre, comme moi, vous n’oublierez pas « Vilaine fille », dont le but est de dénoncer les agressions sexuelles.
2e prix : Emilien Durand
Sur le film : Overrun
Classe de 1ère bac pro, Lycée professionnel Germaine Tillion de Thiers (Puy-de-Dôme)
Critique de Animal par Omer Gul
Une vie contre une vie…
Quelle belle surprise que ce court métrage ! Le suspens nous tient en haleine et nous avons envie de comprendre ce qui se passe. Où se trouve la fourmi ? Quel lui arrive-t-il ? Que sont toutes ces lumières ? La fourmi tombe, elle est perdue, la terre tremble et son calvaire commence. Nous souffrons avec elle, nous avons peur pour elle. Cette petite bête sans défense risque d’être écrasée, sa patte est arrachée mais elle s’en sort, épuisée par le combat qu’elle a dû mener.
L’univers est à la fois sombre, inquiétant et plein de lumières poétiques et porteuses d’espoir. Les dessins sont réalistes, la couleur rouge souligne la souffrance de la fourmi et les lumières s’accélèrent, annonçant les spasmes qui vont tenter de la broyer. Un long son aigu accompagne son supplice, des battements accélérés soulignent sa panique et un « CRAC » marque sa blessure. Elle sort enfin de l’enfer : silence. Elle sombre, le temps d’une ellipse, puis le tonnerre la réveille. Elle reprend courage, voit une issue et parvient à sortir. Elle est dans un œil, ce qui soulève le cœur du spectateur. Un traveling arrière nous permet progressivement de découvrir un soldat mort, dans la boue. C’est une image à la fois belle et triste. Deux sentiments nous animent alors : du soulagement pour la fourmi qui s’en sort et de l’effroi en comprenant qu’à travers son martyre c’est l’agonie d’un jeune soldat que nous avons vécue.
3e prix : Justine Gomez
Sur le film : Marlon
Classe de 1ère bac pro, Lycée professionnel Germaine Tillion de Thiers (Puy-de-Dôme)
Critique de La République des Enchanteurs par Arthur Théallier
Finalement c’est étrange que l’on ait aimé ce court-métrage ! Trop de bruits parasites gênent la compréhension des dialogues. Et puis, il y a tous ces sous-entendus et ces non-dits qui soulèvent trop de questions et empêchent peut-être le spectateur d’apprécier cette fiction à sa juste valeur.
Pourquoi la mère de Marlon est-elle en prison ? Quel crime a-t-elle pu bien commettre ? Qui est son père ? Pourquoi l’héroïne regarde-t-elle cette fille dans le train ? Elle la trouve belle et se cherche sexuellement ou l’envie en imaginant sa vie.
On nous dit que c’est un choix de l’auteur pour que le public se concentre sur Marlon, mais cela gâche la compréhension du personnage.
Malgré tout, le réalisme de l’histoire nous a fait choisir ce court métrage comme étant le meilleur. En effet, la multiplication des gros plans nous plonge dans l’intimité des personnages, comme si l’on était avec eux. Grâce aux quelques plans américains ou d’ensemble plaçant Marlon et son oncle au centre, on comprend leur attachement et la volonté de ce dernier de la protéger.
L’actrice incarne parfaitement le personnage de Marlon qui se construit une carapace afin de se montrer forte face au monde extérieur. Elle ne sourit jamais, ne pleure jamais sauf au moment de la séparation avec sa mère, moment qui brise sa carapace et dévoile ses émotions : elle n’est pas prête... Mais prête à quoi ?
C’est un dernier non-dit qui nous a également gênés.
Sections Cinéma
Grand prix : Roxane Tilmant-Tatischeff
Sur le film : Chose mentale
Classe de 1ère, Lycée de Mauriac à Mauriac (Cantal)
Critique de Chose Mentale par Roxane Tilmant-Tatischeff
Le corps et l'esprit sont-ils indissociables ? Dans Chose Mentale, William Laboury nous montre que parfois, lorsque le corps physique est entravé, seul l'esprit offre une échappatoire. Ema, qui est électrosensible, (sur)vit seule et recluse, traquant les zones blanches. Les murs d'une maison abandonnée et une multitude de pans de plastique forment une deuxième peau pour Ema et la protège du monde extérieur, avec lequel elle n'a aucun réel contact. C'est grâce à la vielle photo d'une forêt qu'elle expérimente les sorties hors de son enveloppe corporelle. Or, un jour, deux cambrioleurs s'introduisent dans son refuge et l'extirpent de ses voyages virtuels. Sophie Breyer, troublante et percutante dans le rôle de cette adolescente, ouvre les portes d'un monde où, loin des ondes et des technologies barbares de notre siècle, l’immatériel permet de s'évader...et de peut-être mieux retrouver son corps, paradoxalement. L’atmosphère dégagée par le film est claire et pure, ce qui illustre le terme, ici tant adulé, qu'est celui de zone blanche. Cependant, cette blancheur est salie et cette transparence se dégrade à mesure que le monde de la jeune fille est découvert et que ses dernières protections face au monde extérieur tombent. Une mouche, que l'on imagine être une projection d'Ema, illustre la pollution, sonore ou non, à l'écran, et donne au personnage une dimension plus animale et sauvage, presque minimaliste. Légèrement claustrophobe, ce court métrage traduit à travers une multitude de gros plans du visage et des mains d'Ema, l'importance des sens qui semblent à première vue étouffés sous le plastique et derrière les murs de son refuge, mais dont les limites ne sont en réalité que celles l'imagination de la jeune fille. Ici, la virtualité n'est pas celle de la toile ou des jeux vidéo, c'est celle qu'offre l'esprit et qui, par un effort mental, transporte...car en effet, Ema voyage les yeux fermés. William Laboury rend cependant dans les derniers plans du film sa place à l'humain avec l'apparition de Théo en contre-plongée au dessus d'Ema, dont les yeux s'ouvrent sur un monde qu'elle craint, mais qui intrigue pourtant. Enfin, au delà d'une invitation au voyage, on découvre celle de la recherche de l'équilibre, entre rêve et réalité, lumière et obscurité, silence et pollution... Une dernière pensée alors... Chose Mentale ne s'échapperait-il pas du film fantastique ?
2e prix : Louise Gbonon
Sur le film : Retour
Classe de 1ère, Lycée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)
Critique de Retour par Louise Gbonon
Un homme rentre chez lui, l'autre quitte son foyer. Pang-Chuan Huang nous plonge dans le récit de son voyage vers Taïwan mais aussi celui dans sa mémoire familiale. On suit la traversée de deux continents à travers des photos successives en noir et blanc qui défilent comme les paysages derrière la fenêtre d'un train. Pang-Chuan Huang rentre chez lui pour passer un Nouvel An en famille.
Un autre récit est raconté par une autre photo, une seule, filmée en couleur jaunâtre. C'est celui d'un homme qui part de chez lui pour fuir la famine. Au cœur de la guerre sino-japonaise, il connaît la misère, la peur, la violence. Il doit ensuite faire face à la guerre civile et réussit à se replier à Taïwan. Cet homme, c'est le grand-père de Pang-Chuan Huang. Taïwan est comme un lien solide entre les deux hommes, l'endroit où ils se retrouvent ou fondent leur famille.
Le réalisateur a su illustrer ce retour de façon originale et poétique. Il utilise une voix off, la sienne, dont le ton rappelle celui de nos grands-parents quand ils nous content leurs histoires. L'absence de silence, la musique toujours présente et le flou des images sont comme la mise en images d'un esprit qui essaie de se remémorer sa vie.
Dans ce court-métrage s'entremêlent deux époques distinctes et liées. Des fils se tissent par les photos, par les couleurs, par les lieux, par la route. C'est le récit d'un retour chez soi qui se transforme en retour en arrière.
3e prix : Sapho Malet
Sur le film : Skuggdjur
Classe de 1ère, Lycée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)
Critique de Skuggdjur par Sapho Malet
Un repas entre amis, ça vous tente ? Détrompez-vous, celui auquel Jerry Carlsson vous invite n'est pas si banal.
Marall, elle, n'a pas le choix : elle doit accompagner ses parents à un dîner où une ombre se glisse parmi les invités. Mais ce n'est pas la seule chose étrange qui va attirer l'attention de la fillette : les adultes aussi se comportent curieusement…
Quelques secondes suffisent pour être pris, enfermé dans cet appartement à l'ambiance angoissante et malaisante, aux côtés de Marall. Le réalisateur nous frustre, par son choix de limiter le cadrage à la hauteur du personnage principal et au point de vue subjectif, et crée ainsi toute la singularité du film. Il mène la danse et nous encadre, de la même manière que les maîtres de maison dirigent leurs invités tout au long de la soirée. Entre l'apéritif et le slow, tous les mouvements sont minutieusement chorégraphiés. Tous, sauf ceux d’une femme, qui se détache du groupe à plusieurs reprises, pour se faire finalement exclure. S’intégrer, ou se différencier? Jerry Carlsson dénonce l’absurdité de certains comportements sociaux, en contrastant les mouvements mécaniques et précis des adultes avec ceux lents et approximatifs de la fillette. Avec ce personnage candide, nous avons du recul sur les événements, qui nous font à la fois rire et frissonner. Après ces 22 minutes de huis-clos, nous sommes tout de même soulagés de quitter cette maison pleine de mystères. Qui était cette ombre qui déambulait dans la demeure? L’individualité de la jeune femme, ou bien l’innocence de Marall ? Le réalisateur nous laisse le choix de l’interprétation.
Une interrogation sur nos propres comportements en société, Skuggdjurest un film exceptionnel, qui ne laisse personne indifférent.
Plus qu’une simple dystopie, ce court métrage est une incrimination au conformisme.
Prix de la critique vidéo
Critiques vidéos réalisées par le Lycée Jean Monnet d’Yzeure (Allier).
Critique vidéo : Bonobo
Partenaires
Contacts
JÉRÔME TERS
Membre du comité de Sélection Labo
Membre du comité de Sélection National
Membre du comité de sélection International
Coordinateur Lycéens au cinéma
Coordinateur de l’Atelier
Coordinateur de la séance scolaire et des rencontres avec réalisateurs
Accueil des groupes scolaires pendant le festival
Concours de la jeune critique
Coordinateur Passeurs d'images
- 04 73 14 73 13