Dernier verre avec A la Cara (En face)
Entretien avec Javier Marco, réalisateur de A la Cara (En face)
Voici un film très intime, très intense. Qu’est-ce qui vous a donné envie de montrer cette interaction entre ces deux personnages ?
Chaque fois que je vais sur les réseaux sociaux, je vois des menaces et des insultes. Je trouve qu’il est très facile de faire ça derrière l’anonymat que garantissent les réseaux sociaux. Mais on s’est demandé si ce serait aussi facile si la personne victime de menaces (en l’occurrence, une célèbre présentatrice de la télé) parvenait à pénétrer chez un de ses persécuteurs pour lui demander de lui dire en face ce qu’il a mis sur Twitter – et refusait de partir tant qu’il ne s’est pas exécuté.
Vous avez réussi à donner à vos personnages une riche palette d’émotions, ce qui n’est pas une mince affaire dans un court métrage. Quels sont les sujets que vous avez envie de développer ? Avez-vous des histoires à raconter ou préférez-vous vous concentrer sur la psychologie des personnages ?
Je m’intéresse aux histoires qui parlent de psychologie humaine. Ce que je veux, c’est qu’après avoir vu nos films, les spectateurs les gardent en tête pendant plusieurs jours. J’aime poser des questions, sans donner de réponses. Dans toute ma carrière de réalisateur de courts métrages, j’ai tenté d’aborder des problèmes qui concernent la société. Mais en tant que spectateur, j’adore voir des films qui étudient des personnages, et c’est ce que je cherche dans mes films. Le travail avec les acteurs, c’est ce qui compte le plus pour moi quand je réalise un film, et je parle très longtemps avec eux avant de tourner, afin d’appréhender les objectifs de chaque personnage et sa transformation.
Pouvez-vous nous parler du casting ?
Alors que Belén Sánchez-Arévalo écrivait le scénario, je savais déjà que je voulais travailler avec Sonia Almarcha et Manolo Solo. J’ai rencontré Sonia Almarcha dans un festival du court métrage. J’ai toujours aimé ce qu’elle fait et je lui ai demandé ses coordonnées. Un an plus tard, on a tourné ensemble un court métrage intitulé La robe. Et c’était tellement bien de travailler avec elle que j’ai voulu recommencer, mais en lui donnant cette fois-ci le rôle principal. Manolo Solo est un des meilleurs acteurs d’Espagne, et j’ai toujours voulu collaborer avec lui. Ce rôle semblait taillé sur mesure pour lui, et en plus, il avait déjà joué avec Sonia. Lors des répétitions, leur grande complicité s’est révélée au grand jour.
Quels sont vos projets actuellement ?
En avril 2012, nous allons entamer le tournage de mon premier long métrage, intitulé Josefina. Nous devions le faire cette année, mais nous avons décidé de le reporter à cause de la pandémie. Belén Sánchez-Arévalo et moi sommes aussi en pleine écriture de notre second long métrage, que j’espère tourner en 2022. Et puis on vient de finir notre dernier court métrage, Amiante. Nous nous apprêtons à l’inscrire dans les festivals.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
La quantité et la qualité des courts métrages augmentent chaque année. À mon avis, le format court permet de se sentir libre et de prendre des risques. J’espère qu’à l’avenir, on verra un court métrage avant chaque long métrage dans les cinémas. Le court métrage est le petit frère du long, c’est tout simplement la même chose, sauf que dans le court métrage, on raconte une histoire en moins de trente minutes.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Grâce à la culture, tous les êtres humains ont rendu ce confinement plus supportable. C’est dans ces moments-là qu’on prend conscience de l’importance de la culture. Personnellement, je m’intéresse à tout, mais surtout au cinéma, je vous recommanderais donc les derniers films que j’ai vus, à savoir Whiplash (2014), The Florida Project (2017), Room (2015), Wendy and Lucy (2008) et The Wrestler (2008), entre autres.
Pour voir A la Cara (En face), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I1.