Lunch avec Amok
Entretien avec Balázs Turai, réalisateur de Amok
Pourquoi avez-vous choisi ce sujet ?
J’ai lu des choses sur le concept de l’ombre de Jung, cette partie de notre psychisme qui est enfouie et que l’on ne peut pas contrôler consciemment. J’avais envie de représenter l’ombre d’un personnage par un gnome de dessin animé qui prend le contrôle de sa vie. Je me suis aussi intéressé à l’idée du psychologue Péter Popper selon laquelle un monogame en série est un peu comme un tueur en série.
Pouvez-vous expliquer votre choix des éléments extérieurs qui représentent les sentiments du personnage, comme l’eau par exemple ?
J’ai usé d’un symbolisme tout à fait classique : la voiture qui tombe d’une falaise symbolise la déchéance, les eaux rouges représentent l’inconscient, qui surgit du caniveau, le gnome incarne un traumatisme de l’enfance non réglé, etc. Et l’insecte géant qui préside la fête est une représentation courante du monstre dionysiaque inconscient.
Quelles sont vos influences ?
En animation, Yuasa, Mulloy, Plympton et toute la scène Cartoon Network des années 1990. En cinéma, Kubrick, les Cronenberg, Ken Russell. En littérature, Nabokov, Szepes, Soljenitsyne, pour n’en citer que quelques-uns, et puis aussi pas mal d’amis et de youtubeurs.
Était-il important d’avoir une scène chez le psychiatre ? Auriez-vous pu choisir une scène le coiffeur, par exemple ?
Je voulais que mon personnage tente d’accéder consciemment à son inconscient – et le psychiatre est le meilleur moyen en la matière. On aurait pu imaginer un chaman, ou une scène de rêve – et pourquoi pas le fauteuil d’un coiffeur… Le rasoir du barbier aurait pu ajouter un élément dramatique intéressant.
Quel est votre court métrage de référence ?
Impossible à dire, mais un court métrage qui me tourne souvent dans la tête est Play Like a Driver, de Manabu Himeda.
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
J’ai des amis dans l’animation qui en sont revenus enchantés. Je n’y suis jamais allé, et malheureusement, je vais encore le rater cette année. Mais la sélection de l’an dernier était remarquable.
Pour voir Amok, rendez-vous aux séances de la compétition labo L4.