Goûter avec CAI-BER
Entretien avec Ahmed Abdelsalam, réalisateur de CAI-BER
Le personnage de Nour s’inspire-t-il d’une de vos connaissances ?
Nour est le portrait de ma génération, qui doit faire face à une oppression sociale et ressent le besoin de fuir et de tout recommencer ailleurs. En toute honnêteté, je me suis particulièrement inspiré de mes deux meilleurs amis, Nagat et Passent. Il nous aura fallu beaucoup de temps pour trouver un foyer au sein de nos amitiés, et nous avons malheureusement échoué à plusieurs reprises.
Pourquoi avoir choisi d’explorer ces différentes thématiques sociétales par le biais de cette histoire de passeport ?
Pour moi, le passeport est la « clé du Paradis », le ticket de sortie de Nour. Quand cette clé se retrouve entre les mains d’une figure de l’autorité, elle voit son rêve menacé par un potentiel parcours du combattant avec la bureaucratie, qui pourrait lui faire rater son vol. Toutes ces thématiques sociétales et l’autoritarisme que notre génération doit affronter ressortent lors de sa conversation avec l’agent de sécurité.
Comment s’est passé le tournage ? Tout le monde était-il enthousiaste à l’idée de participer à ce projet ? Dans quelles conditions avez-vous filmé ?
Le tournage a duré trois jours. Auparavant, nous avons beaucoup répété, puis réalisé plusieurs tests caméra pour maîtriser les longues prises que nous souhaitions avoir dans le film. Je me suis associé avec plusieurs pointures du cinéma égyptien qui avaient suffisamment foi en ce projet pour accepter d’y participer, notamment le directeur de la photographie Mostafa El-Kashef et le compositeur El-Waili.
En tant que réalisateur, quels sujets avez-vous envie d’explorer ?
J’ai envie d’aborder de nombreux sujets au cours de ma carrière de réalisateur, mais à l’heure actuelle, ceux qui me tiennent éveillé la nuit et que j’ai hâte de traiter dans de futurs films, sont l’aliénation, le sentiment de n’appartenir nulle part, ainsi que la complexité des relations. Ma génération semble maudite et subit ces événements de plein fouet.
Quels sont vos projets ?
Je travaille sur une minisérie avec Joseph Adel, le producteur de Cai-Ber, mais cette fois-ci, c’est lui qui s’occupe de l’écriture. J’ai également un projet de long métrage en développement, mais j’ai besoin de plus de temps avant de passer à l’écriture.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
Il y en a beaucoup, mais le premier qui me vient à l’esprit c’est Dans l’aquarium de Tudor Cristian. C’est un film qui évoque la complexité des relations quand vous ne pouvez pas partir ni rester.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Je dirais une bonne histoire à laquelle je peux m’identifier, racontée de manière intéressante. Quand je retrouve ces éléments, cela me fait réfléchir pendant quelques jours. Je sais alors que j’ai vu un bon film.
Pour voir CAI-BER, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I4.