Festival – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org Festival du court métrage de Clermont-Ferrand | 31 Janv. > 8 Fév. 2025 Tue, 12 Nov 2024 15:40:08 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.5 https://clermont-filmfest.org/wp-content/uploads/2017/10/lutin-sqp-1-300x275.png Festival – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org 32 32 Panorama 2025 : focus géographique https://clermont-filmfest.org/panorama-2025-focus-geographique/ Wed, 06 Nov 2024 17:03:32 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=66726 Maabar* – Une traversée dans le jeune cinéma libanais

Bienvenue au pays du miel et de l’encens, dont l’histoire agitée de tragiques soubresauts est difficile à résumer ici. Le Liban a vécu la thawra (révolution) en 2019, la pandémie de COVID-19, l’explosion du port de Beyrouth en août 2020 et une nouvelle agression de l’armée israélienne en 2024. Les lieux de production ont été balayés, la livre libanaise a perdu 95 % de sa valeur et 82 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Face à cette situation, les artistes demeurent et se réinventent en dépit de tous ces obstacles. Pour un pays d’une superficie un peu inférieure à celle de deux départements français de taille moyenne (10 452 km2), le septième art libanais a pris dans les dernières années une ampleur et une portée étonnantes. Le nombre de réalisateur·rice·s va croissant, chacun·e pétri·e de ses propres expériences et références. En résulte un mélange de genres et de styles issus d’un pays cosmopolite où se brassent cultures et idées, où les coproductions internationales et l’identité multiple des réalisateur·rice·s, souvent ballotté·e·s entre deux pays, sont autant de facteurs qui favorisent la créativité.


Trois programmes du focus montrent cette vitalité, proposant de nouvelles idées pour faire du cinéma, partager des films et surtout retrouver des espaces perdus. Quasi exclusivement tournées sur la dernière décennie, nombre de ces propositions sont portées par des femmes. Par exemple, Dania Bdeir et son film Warsha (photo 1) avaient bouleversé le festival en 2021. Également primé à Sundance, son court métrage magnifie les circonvolutions de ce migrant syrien au-dessus de Beyrouth. Suspendu à une immense grue, le voilà enfin libre.

Dans des conditions précaires, la jeune génération de cinéastes qui ne se résout pas à l’exil se replie sur des techniques peu coûteuses, telles que la vidéo. C’est ainsi que toute une culture d’art vidéo, à la croisée des chemins entre cinéma expérimental et documentaire, s’est instaurée au Liban. Des artistes comme Waël Noureddine explorent cette voie. Avec Ça sera beau (From Beirut with Love) (photo 2), il met en œuvre montage cinétique, collage calligraphique, mosaïque musicale, pour servir sa conception héroïque de l’image : « Une caméra est dangereuse, lorsqu’on fait des images, on les fait « pour l’éternité », c’est une responsabilité que de faire des images ».  Avec Pasolini au cœur et F. J. Ossang pour la bande-son, le film irradie et résonne douloureusement avec l’actualité.

Inédit au festival, Les Chenilles (photo 3) des sœurs Michelle et Noel Keserwany, a été récompensé par l’Ours d’or au festival de Berlin en 2023. Inspirées par les conditions difficiles du travail des femmes dans les soieries françaises du XIXe siècle au Levant, et notamment au Mont-Liban, les Keserwany créent une histoire contemporaine qui aborde également le sujet de l’émigration.

Ely Dagher a reçu la Palme d’Or à Cannes en 2015 avec son court métrage Waves ’98 (photo 4). En 1998, la capitale libanaise est pleine d’espoir. Huit années après la guerre civile, elle tente de se reconstruire avec ses habitant·e·s et sa jeunesse en colmatant les blessures et les fissures. Mais une décennie plus tard, l’optimisme semble être retombé, les problèmes urbains se multiplient, la mauvaise santé des bâtiments et l’instabilité constante rongent Beyrouth. C’est dans ce contexte que le cinéaste Ely Dagher a grandi, oscillant entre l’irrémédiable lassitude et l’amour profond qu’il porte à sa ville. Inédit au festival, son film adopte une technique d’animation particulièrement belle, mêlant dessin pur et photographie. Le réalisateur offre un hommage poignant à sa ville, à la fois tant haïe et pourtant tant aimée.

Les vies de Maki, une Éthiopienne, travailleuse immigrée et suicidaire, et Zorro, une actrice au chômage, se croisent lorsqu’une opération de trafic de diamants à Beyrouth déraille. Avec un casting explosif et une mise en scène nerveuse, Maki & Zorro (photo 5) est un film d’action qui surprend. La malice et le rythme que lui insuffle Rami Kodeih, son réalisateur, vont scotcher les spectateur·rice·s à leur siège.

Tout comme avec White Noise (photo 6), on reste proche du film de genre : Said effectue sa première nuit d’agent de sécurité sous le grand pont au centre de Beyrouth. Entre les caïds du coin et un vagabond suicidaire, équipé seulement d’un talkie-walkie et d’une lampe torche, il essaie de prendre son travail au sérieux. Au lever du soleil, la ville l’aura avalé. Coréalisé par Lucie La Chimia & Ahmad Ghossein, ce film a eu une belle carrière en festivals.

Un quatrième programme est entièrement consacré à un ami du festival : Wissam Charaf, sélectionné et primé à de multiples reprises à Clermont, il a été membre du jury national en 2020. Son film, Et si le soleil plongeait dans l’océan des nues, a reçu le prix spécial du jury lors de la dernière édition du festival (photo ci-contre). Autodidacte, Wissam vient du journalisme, il a l’habitude de tourner vite ; ses courts métrages dressent un état des lieux du Liban empli de poésie et ourlé d’un humour absurde et minimaliste tendance Kaurismäki.

Grâce à Oiseaux-Tempête, nous avons eu la chance de faire la connaissance dans Khamsin (Grégoire Orio & Grégoire Couvert, programme Décibels ! Clermont-Fd 2020) de militants et artistes qui ont décidé que la création et l’action devaient l’emporter et ouvrir un cycle plus heureux pour le pays. Cette musique si importante, on vous invite à la découvrir dans un programme Décibels ! entièrement dévolu au Liban.  Nous y trouverons Nadim Tabet qui réunit dans Enfin la nuit (photo 7) les deux figures tutélaires de la scène musicale libanaise : Fadi Tabbal et Charbel Haber. Le film rend hommage au club mythique AHM, les quatre morceaux d’Enfin la nuit accompagnent les images d’une jeunesse beyrouthine qui dansait encore, un mois seulement avant les explosions, dans l’euphorie de nuits de fêtes. 

Joyaux brut sublimé par les images de Vincent Moon, Nâr déploie ses volutes aux premières lueurs du jour tout en haut de l’immeuble Mkaless, cœur palpitant de la musique indépendante beyrouthine (photo 8). La réalisatrice Jessy Mousallem filme des ouvriers agricoles dans la vallée de la plaine de la Bekaa. Son Heart of Sky (photo 9) à une familiarité avec les clips vidéo de The Blaze, il mêle l’électro de Damian Lazarus & The Ancient Moon à une réalisation virtuose.

Un programme Collections est consacré à l’autrice la plus importante de la période : Jocelyne Saab (photo 10). Issue de la bourgeoisie chrétienne beyrouthine, Jocelyne Saab n’en fut pas moins une militante de gauche acharnée. Sa trilogie de Beyrouthraconte « sa » guerre dans des documentaires déchirants. Des fragments du passé remontent à la surface grâce à la puissance créatrice. C’est du côté des femmes, comme souvent, que la mémoire peut redevenir un outil d’analyse et une étape bienfaitrice dans une acceptation de l’impossible résilience. Un second programme Collections, Letters (photo 11), capture formidablement le Liban tumultueux de 2024, sur fond de guerre à Gaza. Le film réunit 18 réalisateur·rice·s qui transforment des récits personnels en réflexions cinématographiques, tissant une mosaïque de résilience et de créativité au milieu des bouleversements régionaux et mondiaux. Il se déploie comme un projet cinématographique collaboratif initié par Josef Khallouf rassemblant tous ces cinéastes libanais·es aux horizons divers. L’initiative commence avec chaque participant·e rédigeant une lettre en réponse à la question : « Que ressentez-vous en ce moment ? »

Le cinéma libanais a le vent en poupe. Mais la grande histoire ne semble pas vouloir le laisse souffler un peu…


*Le Passage


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Panorama 2024 : focus géographique https://clermont-filmfest.org/panorama-2024-eurovisions/ https://clermont-filmfest.org/?p=63236 Eur♀Visions – Les femmes européennes à la caméra

Le public clermontois a pour habitude, chaque année, d’embarquer dans un voyage vers un pays à travers notre rétrospective géographique. Il y (re)découvre une culture, un ton, des histoires du bout du monde à travers des courts métrages inédits ou des coups de cœur passés. Mais on le sait : depuis quelques années maintenant, et l’annonce de la candidature de notre ville, Clermont-Ferrand s’est mise à l’heure européenne. Et même si nous n’avons pas décroché le titre, le festival a décidé de continuer sur cette belle lancée, et ce n’est pas un pays mais un continent entier que nous pourrons parcourir dans ce focus 2024. Et puisque notre rétrospective thématique sera cette année consacrée aux figures féminines fortes, nous nous sommes dit que l’Europe au féminin, ça sonnait bien. Cette sélection de courts métrages, produits entre 2013 et 2023, est un hommage à la diversité du regard féminin sur le monde et à la pluralité du cinéma européen. Chaque film offre une perspective unique, éclairant les aspects de la vie, de la société et de l’humanité, par le prisme des talents féminins.

« P*tain, p*tain, C’est vachement bien, Nous sommes quand même, Tous des Européens » – Arno

22 films, 24 réalisatrices, 25 pays. Les plus attentif·ve·s remarqueront que le Royaume-Uni et la Suisse sont venus s’ajouter aux 20 pays membres de l’Union européenne présents dans ce focus. Ce n’est pas une Europe politique ou une Europe géographique que nous avons choisi de mettre à l’honneur cette année, mais une Europe culturelle. Une Europe plurielle, kaléidoscopique, ouverte sur le monde et profondément ancrée dans son temps. Elle ouvre ses frontières, elle parle d’elle et du reste du monde qui l’entoure, la nourrit et l’enrichit depuis des siècles. Défenseuse enragée de la cause féministe et de ses racines africaines, la réalisatrice Jenn Nkiru, Britannique d’origine nigérienne, jurée labo en 2019, propose avec son Rebirth Is Necessary (prix CANAL+ labo 2018) [1] une expérience sonore et visuelle de haut vol au son du hip-hop et du jazz pour rythmer son exploration de l’afrofuturisme. Plus que jamais : « Black is beautiful ». Le cinéma européen a toujours été le témoin d’un monde qui change, qui bouge, et qui parfois devient monstrueux et grotesque. Ces questions sont au cœur du cinéma de Corina Schwingruber Ilić, réalisatrice suisse. Impressionnante carrière pour ce brûlot anticapitaliste (plusieurs dizaines de prix reçus pour près de 300 sélections en festivals après Clermont 2019), All Inclusive [2] torpille les travers consuméristes de la société actuelle avec un regard plein d’humour, sans le moindre dialogue, et en laissant, sans juger, toute latitude aux spectatrices et spectateurs de se forger leurs propres opinions.

Réka Bucsi nous émerveille avec Symphony no. 42 [3], son film de fin d’études nominé aux Oscars. Avec cette composition virtuose, très musicale, toute en couleurs et en rythme, la réalisatrice hongroise explore les relations entre les humains et la nature, oscillant entre l’absurde et la prise de conscience, toujours avec un humour désarçonnant très personnel. Mais c’est aussi dans son esthétique que le cinéma européen se transforme, expérimente, faisant dialoguer le fond et la forme. Dans Tracing Addai [4], Esther Niemeier dessine ce qu’elle ne peut pas ou ne veut pas montrer, dans une quête de réponses au départ d’un de ses amis d’enfance pour la Syrie. Elle reconstruit des images, des souvenirs, tente de donner forme et sens à ce qui n’en a pas. Dans Love, Dad (primé en 2022) [5], Diana Cam Van Nguyen use des mots et des images pour tenter de reconstruire une relation perdue avec son père. Les lettres se croisent, se complètent et paraissent ne jamais vraiment se trouver, illustrées par de multiples techniques d’animation (2D, découpe, rotoscopie). Un monde qui change et seulement des mots pour essayer de le raconter, c’est aussi ce que raconte Bella de Thelyia Petraki (déjà sélectionnée à Clermont avec Helga Is In Lund) [6]. À la veille de la chute du mur de Berlin, entre documentaire et fiction, une femme raconte la sensation de vertige juste avant le grand saut, le moment où tout va basculer, l’Histoire et l’intime.

« Si on me demande ce qu’est le female gaze, pour moi, c’est partager. » – Céline Sciamma

L’Europe, et des visions de femmes. Si le court métrage peut être considéré comme plus paritaire que son grand frère le long, il n’en est pas moins toujours plus difficile pour les cinéastes de se faire voir, entendre et comprendre par le public. Clermont leur offre cette année le devant de la scène, et donne à voir un cinéma de genres, au pluriel. Le genre cinématographique d’abord : dans Deer Boy [7], un jeune garçon naît avec des bois de cerf, et tente de trouver sa place dans une famille qui le rejette. Sans un mot, le film installe une atmosphère entre rêve et réalité, un univers fantastique et fantasmagorique. Dans Kaksi Ruumista Rannalla (Deux corps nus sur une plage) [8], la réalisatrice Anna Paavilainen convoque un imaginaire commun, des visions entre poésie et cauchemars de Lynch aux grands films de guerre et d’action. Dans Sorry, Not Sorry [9], la Suédoise Julia Thelin convoque les mythes nordiques pour faire changer la peur de camp et nous faire douter : qui est le chasseur, et qui est la proie ? Entre deux genres, celui du conte de fées trop parfait et de la comédie, il n’y a qu’un pas dans Son Altesse Protocole (prix de la presse Télérama 2022) [10]. Aurélie Reinhorn nous entraîne dans un tourbillon d’inattendu et de franche rigolade, suivant le premier jour loufoque d’une employée de parc d’attraction. Mais c’est surtout le genre humain qui se retrouve dans chacun des films de ce focus.

Une plongée dans l’intime et l’universel, des films tournés vers soi et vers les autres, d’une génération à l’autre. Lauréate par deux fois du grand prix de la compétition labo (en 2002 avec Mama et en 2004 avec Diary), la Lituanienne Oksana Buraja excelle à vous transpercer le cœur. Dans Liza, Namo! (Liza, à la maison!) [11], sans repère, elle nous met face à l’enfance d’une fillette qui a su créer son cocon protecteur pour mettre à distance l’âpreté du monde des adultes qui l’entoure. L’acuité de son regard est désarmante, tout autant que la beauté de ses images. Babičino Seksualno Življenje (La Vie sexuelle de mamie) [12], fiction animée d’Urška Djukić et Émilie Pigeard, explore la vie d’une grand-mère, entre rires et larmes. Le film joue de tendresse, illustrant les souvenirs et les petits secrets qui rendent chaque individu unique.

On parle aussi d’amour dans Ensom Cowgirl [13] de la Danoise Gina Kippenbroeck, celui qui vient de se terminer et qu’on ne veut pas laisser partir. Récemment séparée de sa petite amie, une jeune femme se remémore leurs souvenirs ensemble et s’isole du monde extérieur, restant seule avec sa peine. Mais parfois la solution vient de l’extérieur : dans le tout en tension Une sœur (inédit au festival, et que vous pourrez également retrouver en section Polar cette année) [14], une opératrice téléphonique reçoit un étrange appel qui va changer sa vie et celle de la femme au bout du fil.

Vous l’aurez compris, c’est une rétrospective inclusive, ouverte sur le monde et les autres, mouvante et émouvante, drôle et envoûtante, diverse et surprenante, que nous vous proposons de découvrir cette année, à travers les talents de 24 cinéastes, d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Alors, qu’importe si Clermont n’a pas été couronnée capitale européenne de la Culture : elle est déjà la reine du court européen chaque année, au cœur de l’hiver. Et nous le fêterons comme il se doit en février 2024 avec vous !

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Panorama 2025 : rétrospective thématique https://clermont-filmfest.org/panorama-2025-retrospective-thematique/ Wed, 06 Nov 2024 14:30:31 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=66708 Le Bruit qui court – Le son au cinéma

Le bruit court à Clermont : en 2025, le cinéma s’apprête à se faire entendre. Cette rétrospective vous invite à redécouvrir le cinéma à travers le prisme du son, un univers où chaque bruissement devient un acteur clé de l’histoire. 

Le cinéma, bien qu’il soit né muet, a toujours été habité par une vie sonore. Dès ses débuts, des pionniers comme Léon Gaumont cherchaient à synchroniser les images avec le son. Dolby Atmos, DTS : X, Auro 3D… Aujourd’hui, même si le son ne représente qu’une petite part des coûts de production, il est devenu essentiel à l’expérience cinématographique. Comme l’a dit Alfred Hitchcock : « Le son fait 50 % de l’image. » Cette rétrospective rend hommage aux créateur·rice·s de ces univers auditifs, aux artistes qui capturent et transforment les bruits pour en faire un langage cinématographique. 

À travers quatre programmes, nous vous invitons à découvrir un cinéma où chaque son raconte une histoire, où chaque vibration amplifie une émotion. Bruiteur·se·s, perch·wo·men, ingénieur·e·s du son et field recordists façonnent des ambiances qui enveloppent l’image, transformant le son en une véritable matière narrative. 


Les coulisses du bruitage

L’univers du cinéma commence souvent dans les studios, là où le silence laisse place à la magie des bruiteurs. Dans The Secret World of Foley (Angleterre, 2014 – photo 1), nous plongeons dans les coulisses du bruitage, à la manière d’un magicien qui nous dévoilerait ses tours. Les bruiteur·se·s recréent les sons d’un film se déroulant dans un village de pêcheurs, où chaque pas dans les cailloux, chaque geste devient une musique en soi. Ce travail invisible, mais fondamental, est un art minutieux qui nourrit l’illusion du réel. 

Le processus est encore plus fascinant dans Hacked Circuit (États-Unis, 2014 – photo 2), où un plan-séquence nous montre la re-création sonore de la scène finale de The Conversation de Coppola (États-Unis, 1974). Les bruits de cette rue californienne nous plongent dans un univers de surveillance et de contrôle, où la tension croît à chaque souffle sonore, faisant de nous les témoins d’une paranoïa omniprésente. 


Quand le son éveille des émotions cachées

Le son a cette capacité de réveiller des émotions et des peurs enfouies. On the Origin of Fear (Indonésie, 2016, sélection labo Clermont-Fd 2017 – photo 3) en est un exemple saisissant. Dans ce huis clos oppressant, un doubleur, isolé dans un studio, prête sa voix à des personnages issus d’un passé violent. Tandis que le réalisateur reste invisible, les sons et les voix se chargent d’incarner la terreur, transformant l’espace du studio en un lieu hanté, où la peur prend forme. 

Cette exploration de l’invisible résonne également dans La Peur, petit chasseur (France, 2004, grand prix national Clermont-Fd 2005 – photo 4) du regretté Laurent Achard. Ici, le son devient un personnage à part entière. Dans un plan fixe de neuf minutes, une maison semble calme, mais les bruits environnants racontent une toute autre histoire, créant une tension invisible, presque palpable. Le film montre la puissance du hors champ, ou comment le son peut évoquer l’invisible et faire monter une angoisse sourde. 

Une autre façon d’entendre le monde

Le son peut aussi révéler des expériences intérieures, transformant notre rapport au monde et à nous-mêmes. C’est dans cette perspective que s’inscrivent deux films puissants : Notes on Blindness (Notes sur la cécité) (Angleterre, 2016, sélection labo 2014 – photo 5) et O Menino que Morava no Som (Le Garçon qui vivait dans le son) (Brésil, 2022 – photo 6). 

Notes on Blindness suit le théologien John Hull, devenu aveugle, à travers un journal sonore qui capte son expérience de la cécité. Chaque bruit devient un repère sensoriel essentiel, remplaçant la vue et créant une immersion unique où l’absence d’image renforce l’intensité des sons. Le spectateur est invité à « voir » à travers les oreilles, à ressentir le monde invisible avec une profondeur inédite. 

Dans O Menino que Morava no Som de Felipe Soares, nous suivons Timba, un jeune garçon sourd issu d’une banlieue brésilienne. Isolé par le manque de contact avec la Langue des Signes Brésilienne, Timba doit naviguer entre la frustration de ne pas pouvoir communiquer et ses désirs d’interaction. Sa situation est aggravée par une société qui n’accepte pas toujours la surdité, certaines familles préférant opter pour des implants cochléaires. Ce film dresse un portrait sensible des barrières sociales et intimes que rencontre Timba, tout en révélant la force et la complexité de l’univers sonore dans lequel il évolue. Entre les silences et les bruits amplifiés de son quotidien, nous découvrons un monde d’émotions non-dites, où la communication devient une lutte autant qu’un désir. 

Un autre film, Di Shi San Ye (Treizième nuit) (Chine, 2023, sélection labo 2024 – photo 7) de Rachel Xiaowen Song, explore les effets perturbateurs d’un appel téléphonique mystérieux sur la vie de Xiaoxue, une jeune femme en deuil. Après avoir reçu un appel de son fiancé décédé, elle se retrouve confrontée à des forces surnaturelles qui bouleversent son existence. À travers un mélange de suspense psychologique et d’éléments surnaturels, le film nous plonge dans une exploration sensorielle intense, où le son et les bruits créent une atmosphère de malaise et d’incertitude, renforçant le sentiment de perte et de distorsion du réel. 

Quand le son change notre perception du quotidien 

Dans En Cordée (France, 2016, prix de la meilleure musique originale 2017 – photo 8), de Matthieu Vigneau, le son se détache des images, créant une discordance subtile. À travers un doublage décalé sur des images de randonnée, le film instaure une dissonance qui perturbe notre perception et crée une tension discrète mais percutante. Le quotidien, pourtant familier, devient étrange, nous rappelant que le son peut altérer la réalité. 

Certains films vont encore plus loin, transformant le son en une véritable expérience sensorielle. Plot Point (Nœud de l’intrigue) (Belgique, 2007, prix spécial du jury labo 2008 – photo 9) de Nicolas Provost, par exemple, nous plonge dans les rues nocturnes de New York, où la vie est amplifiée par des sons désynchronisés et une musique oppressante. Times Square devient un espace à la fois fascinant et inquiétant, où le son déforme notre perception du réel. 

La nature elle-même devient un orchestre à ciel ouvert dans Polyfonatura (Norvège, 2019 – photo 10) de Jon Vatne, où chaque bruit naturel se transforme en note d’une symphonie, offrant une expérience immersive où l’art sonore se fusionne avec l’environnement naturel. 

Avec 26 films issus de 17 pays, cette rétrospective vous invite à redécouvrir le cinéma à travers le prisme du son. Ces créateur·rice·s, souvent invisibles, transforment chaque bruissement du quotidien en œuvres d’art auditives, offrant une expérience où le son est le héros invisible, et où vos oreilles deviennent les guides d’un voyage cinématographique inédit. 


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Panorama 2024 : rétrospective thématique https://clermont-filmfest.org/panorama-2024-insoumises/ https://clermont-filmfest.org/?p=62931 Insoumises – Portraits de femmes indociles

Depuis la nuit des temps, les femmes…1

Danseuses, lutteuses, nageuses, musiciennes, poétesses, navigatrices, artistes, sportives, femmes au foyer, bricoleuses, influenceuses, sauveteuses, peintresses, travailleuses du sexe, institutrices, voleuses, mères, sœurs, orphelines, épouses, veuves, célibataires, avorteuses, avortées, nullipares, primipares, multipares, vierges, putains, promises, voilées, allumeuses, provocatrices, insoumises, abusées, invisibles, salopes, dangereuses, castratrices, bagarreuses, viragos, affranchies, militantes, exilées, excentriques, hystériques, iconiques, oubliées, cagoles, féminines, masculines, femmes fatales, prédatrices, cisgenres, transgenres, androgynes, lesbiennes, amoureuses, misandres, dures à cuire… Mauvaises femmes et femmes fortes se confondent dans ces quatre programmes voués à explorer des portraits de femmes d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Inspirations historiques, instantanés du réel, fictions anticipatrices ou dystopies corrosives, ce corpus nous offre à voir, comprendre et nous glisser dans la peau de femmes fières, de femmes en lutte qui revendiquent leur droit d’exister, de femmes qui ne sont pas toujours nées comme telles mais le sont devenues, de femmes libres qui ouvrent la voie à la nouvelle génération… de femmes inspirées et inspirantes, tout simplement.


En 2022, le film fleuve de Chantal Akerman, Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles a pris la tête du classement décennal de Sight and Sound des 100 meilleurs films de l’histoire du cinéma. Résultat du vote de 1 600 critiques à travers le monde, c’est la première fois qu’une réalisatrice se hisse en tête du classement, un événement historique qui marque un profond changement de paradigme dans l’histoire du cinéma. Comme un écho à la vague #MeToo et ses répercussions, désormais les femmes semblent enfin être reconsidérées à leur juste place, aussi bien devant que derrière la caméra. Car au-delà d’un film fait par une femme, Jeanne Dielman est d’abord un film sur une femme a priori ordinaire. Un véritable coup de force cinématographique qui, l’espace de 3h20, nous fait endurer le quotidien lent, morne et répétitif d’une femme au foyer : ici, le temps qui passe est un acte politique fort, radical et engagé. Nous entrons dans sa peau en éprouvant chaque geste dans sa durée totale et cruelle. Les femmes ne sont désormais plus ces obscurs objets du désir : elles existent à l’écran, elles prennent leur place au premier plan et la revendiquent. 

© Capricci – Juliette Gouret

À l’initiative de cette rétrospective, nous défendons l’envie de montrer des portraits de femmes au cœur des films, maîtresses de leur destin et loin des figures de ménagères ou femmes-objets, des protagonistes engagées et engageantes en lutte pour une cause personnelle ou collective, des femmes qui nous entraînent avec elles dans leur univers et leurs codes, à la croisée des luttes relevant de la sororité, de l’émancipation ou, plus largement, de la liberté à disposer de leurs corps comme elles l’entendent, renversant le patriarcat et traversées par les quatre vagues du féminisme2. Sans appliquer nécessairement le test de Bechdel-Wallace ou sélectionner uniquement des films réalisés par des femmes, nous souhaitions nous concentrer sur les femmes comme sujet porté à l’écran, sous le prisme du female gaze (ou regard féminin) via une grille de lecture telle que proposée par Iris Brey3, tout en étendant nos figures féminines de référence à travers le monde, avec le féminisme pour virus. Une contagion grandiose et envoûtante.


La sororité d’abord. Ce substantif féminin est emprunté au latin médiéval soror, qui signifie sœur et désignait alors une communauté religieuse de femmes. Chloé Delaume4 nous apprend que le terme fut remis au goût du jour par Rabelais au XVIe siècle, qui en gomma l’aspect religieux pour désigner “une communauté de femmes ayant une relation, des liens, qualité, état de sœurs”. En somme, “une relation horizontale, sans hiérarchie ni droit d’aînesse. […] Un rapport de femme à femme, indéfectible et solidaire”. (Volontairement ?) oublié, dormant dans le dictionnaire des siècles durant, il a fallu attendre le mouvement féministe des années 70 pour voir le mot faire sa réapparition. C’est ce rapport égalitaire, cet outil de puissance et de ralliement que nous avons souhaité mettre en lumière, d’abord en partageant un film fondateur et précieux document d’archive, Y’a qu’à pas baiser ! de Carole Roussopoulos [1, © Vidéo Out, 1973 / Centre audiovisuel Simone de Beauvoir], qui alterne la séquence d’un avortement clandestin pratiqué par des femmes dans un appartement et des images de la manifestation des femmes en faveur de la contraception et du droit à l’avortement qui s’est tenue à Paris le 20 novembre 1971. Plus proche de nous, nous retrouvons dans Quebramar [2] cette solidarité avec une communauté de jeunes femmes lesbiennes brésiliennes qui partent s’isoler au bord de l’eau le temps des vacances et se mettent littéralement à nu, avec bienveillance et sensibilité, sans jugement. Dans Sister’s Busy Hands [3], ce sont trois femmes taïwanaises de deux générations qui luttent chaque jour pour offrir du réconfort aux habitants d’une petite station balnéaire, à la sueur de leur front et à la souplesse de leurs mains. Enfin dans Sestre [4], pour leur survie et afin de ne pas céder aux injonctions patriarcales qui les restreindraient au statut de femme-objet, trois amies décident d’adopter les préceptes d’une tradition balkanaise ancestrale, celle des vierges jurées, ou vierges sous serment, en faisant vœu de chasteté et en adoptant une identité, une attitude et des vêtements masculins pour bénéficier des avantages traditionnellement réservés au sexe dit fort.

L’émancipation passe par le corps, sa découverte, sa réappropriation et finalement son droit de pouvoir en disposer librement, en l’exposant sans fard ou en l’exploitant pleinement, comme un outil de travail. Dans L’Amérique de la femme de Blandine Lenoir [5], des sœurs, réunies autour de leur mère, font tomber les masques et abordent la sexualité frontale et sans tabou, dans une volonté de transmission qui leur a été empêchée. Dans Kleptomami [6], une jeune maman prise sur le fait en train de chaparder dans un magasin désarçonne le vigile en lui exposant les invasions physiques auxquelles elle a dû faire face, dues aux injonctions de la maternité. Avec le même humour caustique, la protagoniste de End-O [7] nous expose avec force de détails imagés les symptômes et aléas causés par l’endométriose. De ces mêmes incommodités, l’héroïne de Wally Wenda [8] saura, elle, en faire une force avec beaucoup d’ingéniosité et un soupçon de malice qui la sortiront d’un bien mauvais pas.

Le corps des femmes, objet de convoitise, de conquête et de curiosité : il est des femmes nées dans la mauvaise enveloppe, reléguées au mauvais genre, et qui luttent chaque jour pour la reconnaissance de leur statut ; c’est l’étendard porté par la protagoniste Shin-mi dans God’s Daughter Dances [9], qui cherche à échapper au service militaire exclusivement réservé aux hommes en Corée du Sud. C’est aussi ce qui est au cœur du débat dans le film Hva er kvinne? [10] qui met en scène une discussion violente autour de la présence d’une femme transgenre dans un vestiaire de femmes : attention, vous n’en ressortirez pas indemnes. Puis il y a celles qui s’approprient pleinement leur corps pour en vivre : les travailleuses du sexe. En cela, le court métrage d’Ovidie et Corentin Coëplet Un jour bien ordinaire [11] (qui a donné lieu à la série Des gens bien ordinaires) nous présente, à travers le prisme de l’industrie porno, un univers dystopique dans lequel les rapports de force sont inversés. De quoi nous ouvrir les yeux et éclairer sous un jour nouveau et original le sexisme “ordinaire” qui régit notre quotidien. Dans Je les aime tous [12], la comédienne Corinne Masiero incarne dans sa chair et porte les mots de l’écrivaine, peintresse et prostituée suisse Grisélidis Réal : à la fois témoignage et plaidoyer, voici la liste de ses envies, l’inventaire de ses clients décrits via le prisme de leurs fantasmes, leurs particularités physiques, leur endurance, petite parenthèse poétique et clairvoyante sur le plus vieux métier du monde. 

Enfin, nous vous inviterons, à travers 4 très courts métrages tirés de la série H24, 24 heures dans la vie d’une femme produite par Arte, à entamer chaque programme de cette rétrospective en vous glissant dans la peau de femmes d’aujourd’hui témoins ou victimes de violences au quotidien : inspirés de faits réels, nous espérons que ces épisodes vous donneront envie d’aller voir la suite la série. 

Présenter des portraits de femmes de notre époque passera aussi par le questionnement de ce qui les contraint : le patriarcat et les traditions, les moyens de s’en affranchir, et les raisons qui les poussent à bouger les lignes. Guérir ? Choisir le sport que l’on veut pratiquer ? Marcher sans être invectivée ? Ou fuir ?

Les portraits que nous avons envie de partager sont forts et positifs pour la plupart mais nous n’oublions pas celles pour qui le combat semble impensable ou abstrait. Lors d’un passage en Iran, et en animation cette fois, la réalisatrice Sarah Saidan mettra en exergue dans Beach Flags [13] l’absurdité, à laquelle sont confrontées des nageuses, comme par exemple celle d’être privées de bassin par une certaine interprétation de la loi coranique. Ce n’est pas par le sport mais par l’art que Béryl, l’héroïne déjantée et attachante de Joanna Quinn dans Affairs of the Art [14], va trouver sa catharsis et contaminer l’ensemble de sa famille avec le virus de la passion obsessionnelle. Dans Maman(s) de Maïmouna Doucouré [15 © Bien ou bien productions], il est impossible de ne pas se mettre dans la peau de la petite Aïda, touchante et affectueuse qui endure la charge si pesante des traditions contre lesquelles elle ne peut rien, pour l’instant. Egúngún [16] au contraire nous permettra d’adopter un angle différent : et si on partait loin du poids de la famille et des coutumes pour enfin devenir soi-même, ailleurs, loin. Est-ce que cela nous permettra de guérir ? 

Partir, c’est le choix qu’a fait Olla [17], peut-être pas pour guérir mais surtout pour procéder à une émancipation plutôt fulgurante qui avait conquis (et sûrement fait danser) le public et les professionnel·le·s à Clermont-Ferrand en 2020. Sacha et Melissa elles aussi ont décidé de tracer leur route, en slalomant entre les différentes entraves, les regards et les remarques des hommes qu’elles croisent tous les jours. Dans ¿Me vas a gritar? [18], Melissa opte pour un emploi du temps de ministre : vie de famille, cursus universitaire et entraînement de catch, tandis que dans Super nova [19] Sasha flâne dans les rues de Marseille, se baigne dans les calanques et cède aux rendez-vous galants. Ces deux portraits pourraient paraître aux antipodes mais l’impression qu’elles dégagent est similaire : un ras-le-bol doublé d’une envie de révolte.

Et si on pousse les curseurs de la lassitude et de l’insurrection au maximum, on peut basculer dans la provocation et partir à la rencontre de La Dragonne [20], interprétée par Dominique Faysse, bruyante et crue. Elle sera la vengeance et la réponse à tous ceux qui ont oublié la notion de consentement en alpaguant des femmes dans la rue.

Entrez dans le bal des ardentes, voici les portraits de femmes en feu.


1. Extrait des paroles de l’hymne du MLF (Mouvement de libération des femmes).

2. ”La première vague féministe a permis le droit de vote et l’égalité juridique, dans le sillon des révolutions industrielles. La deuxième, dans les années 1960-1970, défend le droit de la femme de disposer de son corps. Au travers du MLF, du manifeste des 343 salopes… La troisième vague féministe, activiste et organisée, est arc-en-ciel, partie des États-Unis dans les années 1980. Dès l’apparition d’Internet, elle s’est déployée. La vague actuelle concerne madame Tout-le-monde, une majorité visible jusqu’ici silencieuse. Via les technologies numériques et les réseaux sociaux, la parole se libère. Et emprunte différentes voies : sites, blogs, études, lexiques, matrimoine, collectifs artistiques, politiques… La quatrième vague va également de pair avec un journalisme féministe. “Assassinat” n’est pas juste “drame conjugal” et “uxoricide” n’est pas “il était fou d’amour”.” – Chloé Delaume

3. “S’il fallait proposer une grille de lecture pour caractériser le female gaze, voici les six points qui me semblent cruciaux : 

Il faut narrativement que :
1 – le personnage principal s’identifie en tant que femme ;
2 – l’histoire soit racontée de son point de vue ;
3 – son histoire remette en question l’ordre patriarcal.

Il faut d’un point de vue formel que : 
1 – grâce à la mise en scène le spectateur ou la spectatrice ressente l’expérience féminine ;
2 – si les corps sont érotisés, le geste doit être conscientisé (Laura Mulvey rappelle que le male gaze découle de l’inconscient patriarcal) ;
3 – le plaisir des spectateurs ou spectatrices ne découle pas d’une pulsion scopique (prendre du plaisir en regardant une personne en l’objectifiant, comme un voyeur).”

in Le Regard féminin : une révolution à l’écran – Iris Brey, éditions Points, 2020, p. 69.

4. Sororité – Collectif coordonné par Chloé Delaume, éditions Points, 2021, pp. 9-13.

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OST Challenge 2025 https://clermont-filmfest.org/ost-challenge-2025/ Wed, 06 Nov 2024 13:36:32 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=66701 Ciné-Concert 
Jeudi 6 février 2025 à 19h30
Opéra Théâtre de Clermont-Ferrand
22 boulevard Desaix
Tarif unique : 6€ (billetterie hors festival)

L’Original SoundTrack Challenge est le concours international français de composition musicale pour le film. 

Intégré à la programmation officielle du festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, ce challenge met en lumière les talents musicaux.

Ce concours a pour objectifs de : 

  • promouvoir la création de musiques pour le film sous toutes ses formes et toute sa diversité: prise de vue réelle, animation, film expérimental. 
  • accompagner les compositeurs de toutes esthétiques, toutes provenances, toutes expériences. 
  • permettre la rencontre entre les compositeurs et les autres acteurs de ce métier, réalisateurs, producteurs, agents 
  • favoriser l’insertion professionnelle de compositeurs en développement de carrière

Plusieurs catégories sont proposées et chaque candidat peut participer sur une ou plusieurs catégories:

  • film de fiction (prise de vue continue) 
  • film d’animation 
  • film expérimental 
  • composition musicale sur scénario

Les œuvres des candidat·e·s finalistes sont interprétées par l’Orchestre National d’Auvergne, composé de 21 instrumentistes à cordes, sous la direction de Fabrice Pierre.

La finale publique se déroule à l’Opéra de Clermont-Ferrand, offrant un cadre prestigieux pour cet événement.


Partenaires

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Le festival du court métrage de Clermont-Ferrand 2025 dévoile son affiche https://clermont-filmfest.org/affiche2025/ Thu, 19 Sep 2024 07:50:29 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=66275 On the Road Again

Alors que l’hiver s’installe doucement sur Clermont-Ferrand, le festival du court métrage se prépare une nouvelle fois à illuminer la ville dans une explosion de créativité. Du 31 janvier au 8 février 2025, les rues résonneront des murmures du septième art, et les salles obscures s’animeront au rythme des courts métrages venus du monde entier. Aujourd’hui, nous sommes fier·e·s de vous dévoiler l’affiche officielle de cette nouvelle édition, une œuvre qui ne manquera pas de capturer l’imagination de toutes et tous.

L’affiche, signée par l’illustratrice française Marie Larrivé, est une invitation au voyage, un ticket pour un univers où les frontières entre le réel et l’imaginaire s’estompent, lovées dans un parfum de mystère, plaçant le spectateur ou la spectatrice au volant de son destin. Sur un fond d’aurores boréales psychédéliques et au centre de la chaîne des puys, les fameuses pistes du site Michelin de Cataroux, aspirées vers ces cieux multicolores, semblent nous inviter à les gravir : décollage imminent. Les nuances éclatantes de vert, de rose et de jaune se mélangent pour créer un tourbillon visuel, symbolisant l’énergie créatrice et la passion qui animent les cinéastes, les acteur·rice·s, et tou·te·s les artisan·e·s du cinéma court.

C’est une promesse faite au public : celle de découvrir des histoires qui touchent à l’intime, qui explorent les marges, qui défient les conventions. Ici et là, les clins d’œil aux films primés de la précédente édition foisonnent, tout en rendant hommage au focus libanais et à la rétrospective thématique consacrée au son qui composeront le volet Panorama du festival 2025. 

Loin de se regarder dans le rétro, le festival va de l’avant et vise loin : cette route, c’est celle qui nous mènera à la Cité du court, haut lieu de diffusion, de création, de promotion et de conservation du patrimoine du court métrage, à l’horizon 2028. Pour l’heure, nous profitons de cette belle affiche pour prendre un nouveau virage et vous dévoiler par la même occasion la nouvelle charte graphique et l’identité visuelle du festival imaginées par Laure Fournier, qui nous accompagneront durant tout le trajet. Désormais, Le Court est en route !

Nous vous invitons donc à embarquer avec nous pour ce road trip cinématographique unique. Préparez-vous à être émerveillé·e·s, ému·e·s, et parfois même bousculé·e·s. Que vous soyez un·e habitué·e du festival ou un·e novice, cette édition promet d’être inoubliable.


Qui es-tu, Marie Larrivé ?

Peintre et vidéaste, c’est durant son cursus à l’ENSAD Paris que Marie Larrivé a développé une pratique de l’image fixe et de l’image en mouvement. Formée aux techniques de la maquette, du dessin animé traditionnel et de la peinture, elle explore différents types de narration à travers ces médias. Les questions du mouvement et de la fiction sont au coeur de sa pratique.

Nous avons notamment pu découvrir son travail de cinéaste avec Noir-Soleil, qu’elle a présenté en compétition nationale lors du festival du court métrage de Clermont-Ferrand 2022 (et pour lequel elle a remporté le prix SACD du meilleur film d’animation francophone) ou bien au scénario au graphisme et aux décors de Margarethe 89 de Lucas Malbrun, présenté en compétition nationale en 2024.

Marie Larrivé dans son atelier en juin 2024
© SQPLCM, Abigaëlle Robineau

Découvrez les dessous de l’affiche


Repérez les références


Points de vente

Retrouvez cette affiche en vente dès à présent au format paysage :
– A1 (51,4 x 84,1 cm)
– A2 (42 x 59,4 cm) 
– cartes postales (10,5 x 15 cm)

ou bien, pour les Clermontois·e·s, aux adresses suivantes :

La Jetée
6 place Michel-de-L’Hospital
63000 Clermont-Ferrand

Du lundi au jeudi :
8h30-12h / 14h-17h30

Fermé le vendredi

Boutique Clermont Auvergne Tourisme
Place de la Victoire
63000 Clermont-Ferrand

Du lundi* au dimanche : 
10h-13h / 14h-18h

Fermetures :
– *le lundi matin jusqu’à 14h hors vacances scolaires et jours fériés
– les dimanches de janvier et novembre
– les 25 décembre et 1er janvier

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Découvrez l’affiche du festival du court métrage de Clermont-Ferrand 2024 https://clermont-filmfest.org/affiche-2024/ Thu, 29 Aug 2024 14:08:15 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=62495 Le Jardin des délices

C’est avec un ravissement non dissimulé que nous vous dévoilons l’affiche officielle du 46e festival du court métrage de Clermont-Ferrand réalisée par la talentueuse illustratrice américaine Stacey Rozich.

Cette spécialiste de l’aquarelle nous offre une fresque foisonnante de personnages et décors acidulés sortis tout droit de son imagination et des courts métrages dont elle a pu se nourrir lors de son passage au jury international de l’édition 2023. Saurez-vous identifier les références filmiques qui peuplent ce visuel ? 

Dans un méli-mélo riche de détails travaillés avec minutie, elle nous propose un drôle de bestiaire, convoquant l’univers fantas(ti)que de Jérôme Bosch (d’où ce titre qui s’inspire d’une de ses œuvres) mêlé à la spiritualité et aux palettes colorées issues à la fois de la culture mexicaine dont Stacey est familière et des peintures indiennes du XVIe siècle.

Le monde que Stacey Rozich met en scène nous offre une multitude d’amorces d’histoires comme autant de courts métrages programmés sur neuf jours, nous laissant la possibilité d’entamer, composer et clore ce récit où bon nous semble, avec une forte dimension empreinte de mythologie et de folklore dans la pure veine du pop art.

Il était une fois le court métrage, du 2 au 10 février 2024 à Clermont-Ferrand, bien évidemment.

Sur la scène de la Maison de la culture lors du festival 2023 © SQPLCM, Camille Dampierre
Avec les autres membres du jury international au sommet du puy de Dôme en 2023 © Stacey Rozich
Stacey pose avec son œuvre depuis son studio à Los Angeles © Sam Macon

« Durant l’automne dernier, j’ai eu le plaisir d’accepter la mission de créer l’affiche de l’édition 2024 du festival du court métrage de Clermont-Ferrand et d’être invitée comme jurée pour la compétition internationale du festival 2023.

J’ai eu l’immense joie de me rendre à Clermont-Ferrand, de rencontrer et de travailler avec l’équipe du festival et, surtout, de visionner de nombreux courts métrages inspirants. Certains d’entre eux sont restés gravés dans ma mémoire longtemps après mon retour à Los Angeles et ont constitué un matériau riche à travailler par la suite.

Ce qui m’a frappée en visionnant ces courts métrages, c’est le sentiment d’être transportée. Il était surréaliste de passer d’un trottoir froid en plein mois de février, pour finalement entrer dans une salle de cinéma bondée et de se retrouver soudain dans la ville animée de Taipei, dans le désert de Somalie ou dans les jungles torrides de Colombie. Vous, le spectateur ou la spectatrice, êtes embarqué·e dans un voyage qui vous mènera aux quatre coins du monde en un court laps de temps. Je me suis sentie chanceuse de pouvoir être témoin de ces perspectives disparates, d’observer des récits provenant d’une présentation diversifiée de tous ces pays. Cette idée m’a aidée à créer le concept de l’affiche que j’ai peinte pour le festival 2024. J’ai commencé à réfléchir à la manière de recréer des récits et des régions contrastés dans un espace vivant et cohérent.

Une grande partie de mon travail s’inspire de peintres surréalistes tels que Leonora Carrington et Jérôme Bosch. L’œuvre de Bosch en particulier m’inspire dans la manière de créer un scénario basé sur des vignettes singulièrement bizarres qui agissent de concert pour dépeindre un récit plus large. Je me suis ensuite tournée vers ma collection de livres d’art et une collection intitulée Gardens & Cosmos : the Royal paintings of Jodhpur (Jardins et cosmos : les peintures royales de Jodhpur) m’a sautée aux yeux. Ce qui m’a plu dans ce style de peintures miniatures du XVIe siècle de l’empire indien moghol, c’est qu’elles ont été créées pour documenter des événements importants pour les empereurs, car c’était la principale forme de présentation de l’information.

Ces scènes somptueuses figuraient dans des albums et des manuscrits décrivant des batailles, des histoires légendaires, des parties de chasse, des animaux sauvages, la mythologie et la vie quotidienne. Cette liste variée ressemble en quelque sorte à la programmation du festival. La création de cette affiche s’inspire d’une forme de narration des XVIe et XXIe siècle.

En outre, le style de la « peinture en miniature » m’a séduite, car j’aime peaufiner les petits détails dans mon travail. Je m’efforce de rendre une composition aussi riche que possible sur le plan visuel. Des feuilles des arbres aux vêtements portés par les personnages, tout s’accorde comme les musicien·ne·s d’une symphonie. 

De nombreuses affiches du festival ont pour point commun de présenter un élément de la région elle-même. J’ai choisi de présenter le puy de Dôme et la chaîne de montagnes volcaniques qui l’entoure comme une rangée de sièges de cinéma. Les deux spectateurs principaux sont fermement installés au sommet de Clermont Ferrand et contemplent la beauté et le chaos de ce monde de contes qui se déroule devant eux. Bien sûr, je devais peindre le centre-ville et la magnifique et inquiétante cathédrale Notre-Dame de l’Assomption. De nombreuses petites vignettes sont tirées des films que j’ai vus pendant l’édition 2023, mais beaucoup d’entre elles sont des visions surréalistes issues de mon imagination. La composition à plusieurs niveaux permet à l’œil du spectateur ou de la spectatrice de descendre des deux personnages du haut vers les scènes en cascade qui se trouvent en dessous. Chacune d’entre elles offre la possibilité au regard de se poser sur un espace et de s’interroger : qui sont-ils ? Que font-ils ? Ou d’apprécier les petits motifs ou la texture d’un flanc de colline. Chaque partie de cette affiche est un régal pour l’œil. Ces moments se suffisent à eux-mêmes, mais s’assemblent avec autant de mystère que d’humour, à l’image du travail collectif de tous les cinéastes, acteurs et actrices et équipes de production extrêmement talentueux qui présentent leurs films.

Le festival a lieu au cours d’un mois gris et froid ; toutes les fleurs n’ont pas encore éclos et les arbres sont dénudés. Il fait froid ! Techniquement, l’hiver est une saison de lenteur et d’hibernation. Je voulais donc peindre quelque chose qui soit vivant et qui attire l’attention. Je travaille avec beaucoup de couleurs dans mes peintures et cette affiche était donc une excellente occasion d’utiliser une palette vibrante. Je voulais qu’elle projette la magie que le festival apporte à la ville et aux spectateurs et qu’elle fasse allusion à l’excitation qui les attend. J’espère que le public appréciera cette affiche autant que j’ai pris plaisir à la peindre. Ce fut un honneur de créer et de travailler avec les charmants organisateurs du festival qui croient vraiment en l’importance des arts dans nos communautés et dans nos vies à tous. » 

Stacey Rozich, Los Angeles, août 2023

Qui es-tu, Stacey Rozich ?

Artiste et illustratrice, Stacey Rozich est née et a grandi à Seattle et réside maintenant à Los Angeles. Son univers se dessine à la croisée des chemins entre folklore, surréalisme et culture pop américaine. Elle puise son inspiration dans le monde du textile, ses voyages et ses souvenirs d’enfance, qui prennent vie sous ses pinceaux, à l’aquarelle et à la gouache, sur papier, toile ou sur des murs. 

Parallèlement à la création de cette affiche, elle a travaillé sur son premier livre destiné aux enfants.

Stacey Rozich au jury international 2023
© SQPLCM, Baptiste Chanat

Making of de l’affiche


Points de vente

Retrouvez cette affiche en vente dès à présent aux formats :
– A1 (51,4 x 84,1 cm) portrait et paysage
– A2 (42 x 59,4 cm) portrait et paysage
– magnet (7 x 4,5 cm)
– cartes postales (10,5 x 15 cm) disponibles aux formats portrait ou paysage, ainsi que 8 déclinaisons de vignettes issues de l’affiche (pouvant être vendues par lot de 10 ou individuellement) :

ou bien, pour les Clermontois·e·s, aux adresses suivantes :

La Jetée
6 place Michel-de-L’Hospital
63000 Clermont-Ferrand

Du lundi au jeudi :
8h30-12h / 14h-17h30

Fermé le vendredi

Boutique Clermont Auvergne Tourisme
Place de la Victoire
63000 Clermont-Ferrand

Du lundi* au dimanche : 
10h-13h / 14h-18h

Fermetures :
– *le lundi matin jusqu’à 14h hors vacances scolaires et jours fériés
– les dimanches de janvier et novembre
– les 25 décembre et 1er janvier

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De Clermont à Cannes 2024 https://clermont-filmfest.org/de-clermont-a-cannes-2024/ Wed, 24 Apr 2024 07:39:09 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=65267 Le 77e festival international du Film de Cannes, qui se tiendra sur la Croisette du 14 au 25 mai 2024, mettra une nouvelle fois en lumière des réalisateur·rice·s dont nous avons pu voir les courts métrages dans la salle Jean Cocteau, ou que nous avons peut-être croisé·e·s dans les rues de Clermont-Ferrand par une froide nuit de février, il y a quelques années. En lice pour la Palme d’or : 19 longs métrages, 11 courts métrages auxquels s’ajoutent de nombreuses programmations intégrées à la sélection officielle (Cannes première, des séances spéciales, des séances de minuit, Un Certain regard), mais aussi les programmations parallèles comme La Semaine de la critique, La Quinzaine des réalisateurs, ou la sélection de l’ACID. 

Voici donc un petit focus : Cannes, vu de Clermont-Ferrand.

Photo © Shochiku Co., Ltd. / Kurosawa prod. / Création graphique © Hartland Villa | Rhapsodie en août d’Akira Kurosawa (1991)

SÉLECTION OFFICIELLE

| LE JURY DE LA SÉLECTION OFFICIELLE COURT MÉTRAGE |

Cette année, ce jury décernera la Palme d’or du court métrage et les 3 prix de La Cinef, sélection du Festival de Cannes destinée aux films d’école. Les cinq membres du jury découvriront les 11 films de la Compétition des courts métrages ainsi que les 18 films de la Sélection de La Cinef. L’actrice belge Lubna Azabal est présidente du jury. On l’a croisée plusieurs fois à Clermont puisqu’elle a joué dans le court métrage Disney Ramallah de Tamara Erde diffusé au festival dans le cadre du panorama Palestine en 2015. Elle a également joué dans J’adore le cinéma, diffusé en 1999 dans le cadre de la compétition internationale du festival. Enfin, elle était membre du jury international en 2007.

Autre membre du jury, passé par Clermont : le réalisateur serbe Vladimir Perišić. Son court métrage de fin d’études Dremano Oko a été diffusé en 2004 dans le cadre de la compétition nationale. À leurs côtés, la réalisatrice, scénariste et productrice Marie-Castille Mention-Schaar siège, quant à elle, depuis de nombreuses années au jury SACD pour le prix de la meilleure première œuvre de fiction dans le cadre du festival de Clermont-Ferrand.

Lubna Azabal, dans le jury international du festival en 2007

Baloji avec son prix lors de la cérémonie de clôture en 2020 (© SQPLCM, Baptiste Chanat) et Gilles Porte lors de la présentation de son film interactif Tantale (© SQPLCM, Juan Alonso)

| LE JURY DE LA SÉLECTION OFFICIELLE POUR LA CAMÉRA D’OR |

Depuis 1978, la Caméra d’or est attribuée à un des premiers films présentés en Sélection officielle, à la Semaine de la Critique ou à la Quinzaine des Cinéastes. Un jury de six personnalités du cinéma sera réuni à Cannes pour décider du lauréat ou de la lauréate de ce prix destiné à encourager la jeune création. Un tandem co-présidera ce jury : l’actrice française Emmanuelle Béart, que les spectateur·rice·s clermontois·es ont notamment pu voir dans Le Dernier Chaperon rouge de Jan Kounen en compétition nationale 1997 puis dans la rétrospective Courts de Contes en 2011, et le réalisateur et auteur-compositeur Baloji. L’artiste pulridisciplinaire a quant à lui été lauréat d’un prix à Cannes l’an dernier pour son premier long métrage Augure, et avait reçu le prix Festivals Connexion à Clermont-Ferrand pour son court métrage Zombies en 2020 en compétition labo. Gilles Porte, réalisateur et directeur de la photographie, fera aussi partie de ce jury : il était à Clermont-Ferrand en 2006 en tant que membre du jury national, puis est revenu en 2019 pour présenter son court métrage interactif Tantale

|EN LICE POUR LA PALME D’OR |

Parmi les longs métrages sélectionnés, nous remarquons 5 réalisateur·rice·s connu·e·s du circuit clermontois dont Andrea Arnold, qui sera en compétition avec son film Bird : son court métrage Wasp (Oscar du meilleur court métrage en 2005) était diffusé en 2006 au festival du court métrage dans la cadre du panorama Royaume-Uni, une dizaine d’années après sa précédente venue au festival. Agathe Riedinger présentera son tout premier long métrage Diamant Brut, dont le synopsis « Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée » n’est pas sans rappeler son court métrage J’attends Jupiter, sélectionné en compétition nationale en 2018. L’année suivante, elle était revenue au festival présenter film Eve, en compétition labo. Le réalisateur canadien David Cronenberg sera sur la Croisette avec son long métrage The Shrouds. Son court métrage Camera était diffusé en 2019 à Clermont-Ferrand dans le cadre du focus canadien. Miguel Gomes, qui avait réalisé Entretantocourt diffusé dans le panorama Portugal en 2002, présentera son long métrage Grand Tour. Le comédien et réalisateur Gilles Lellouche présentera quant à lui son quatrième long métrage L’Amour ouf : 3 courts métrages le mettant à l’affiche ont été sélectionnés à Clermont-Ferrand, parmi lesquels Pourquoi…Passkeu qu’il avait co-réalisé avec Tristian Aurouet, en compétition nationale 2002.

Agathe Riedinger en 2019 et Andrea Arnold en 1998 ©Sauve qui peut le court métrage 

Daniel Soares en 2023 / Samir Karahoda en 2019 @SQPLCM

Côté court métrages, 11 films seront présentés cette année en compétition, issus de 10 pays.

Parmi les courts présentés, nous retrouvons deux personnalités passées par Clermont. Tout d’abord, Samir Karahoda qui a réalisé Në Mes sélectionné en compétition internationale en 2020 et Pa Vend, sélectionné en compétition internationale 2022. Ensuite, Daniel Soares, réalisateur de O que Resta, diffusé en 2022 dans le cadre de la compétition internationale, et Please Make It Work en 2023, toujours en compétition internationale.

| LE JURY UN CERTAIN REGARD |

À côté de la compétition officielle, la sélection Un certain regard se compose de 15 films et met à l’honneur les premiers et deuxièmes longs métrages. Parmi les membres du jury : Maïmouna Doucouré, réalisatrice du court métrage Maman(s), sélectionné en compétition nationale en 2016 et reprogrammé en 2024 dans le cadre de la rétrospective Insoumises.

Ariane Labed et Mo Harawe, © SQPLCM, Baptiste Chanat

Parmi les cinéastes mis·e·s à l’honneur, nous retrouvons quelques têtes passées par le circuit clermontois, parmi lesquelles : Lætitia Dosch, plus connue en tant que comédienne, elle présentera son tout premier film Le Procès du chien. Les habitué·e·s du festival ont pu la voir dans 4 courts métrages notamment dans Extrasystole qui avait reçu une mention spéciale du jury en 2014 et Ennui Ennui qui avait également reçu une mention spéciale qui saluait l’interprétation de l’actrice. Truong Minh Quy présentera son deuxième long métrage Viet and nam, il était en compétition labo en 2015 avec son court métrage Sao Hoa Noi Day Gieng qu’il avait coréalisé et coproduit avec Freddy Nadolny Poustochkine et dans lequel il joue également. Ariane Labed, comédienne (notamment vue dans des longs métrages comme Attenberg ou The Lobster) et réalisatrice, était à Clermont-Ferrand en 2020 avec son premier film Olla qui avait raflé le grand prix, le prix de la meilleure première œuvre de fiction, et le prix étudiant. Olla était également diffusé cette année dans le cadre de la rétrospective Insoumises, portraits de femmes indociles et est actuellement en tournée avec Circuit Court dans le programme Insoumises. Ariane Labed présentera son premier long métrage intitulé September Says. Mo Harawe, qui a reçu le grand prix de la compétition internationale à Clermont en 2023 avec son court métrage Will my Parents Come to See Me, sera à Cannes pour présenter The Village next to Paradise. La comédienne Céline Salette dont le court métrage L’Arche des canopées était diffusé à Clermont en 2022 dévoilera son premier long métrage à Cannes : Niki.

SÉLECTIONS NON COMPÉTITIVES

Cette section comprend notamment Cannes Premières, les séances spéciales ainsi que les séances de minuit qui offrent aux cinéastes une vitrine sans pareille pour leurs films.

| CANNES PREMIÈRES |

Leos Carax y présentera C’est pas moi : trois de ses courts métrages ont été diffusés au festival du court métrage dans des collections, carte blanche ou en compétition nationale : MerdeSans titreStrangulation Blues.
Alain Guiraudie dévoilera quant à lui Miséricorde, film noir dans lequel Jérémie, trentenaire, retourne dans le Massif central pour les funérailles d’un ami. Entre 2002 et 2023, quatre de ses courts métrages ont été diffusés dans les salles clermontoises et il était membre du jury national en 2023 auprès de Bastien Dubois, Claude Le Pape, Fanny Sidney et Rabah Naït Oufella (photo ci-contre).

La réalisatrice Jessica Palud, qui était en compétition nationale en 2018 avec son court métrage Marlon, présentera son long métrage Maria.

Gaël Morel qui présentait son court La Vie à Rebours en 1995 au festival, présentera Vivre, Mourir, Renaitre à Cannes.

© SQPLCM, Anthonin Robineau

| SÉANCES SPÉCIALES | 

Dans les séances spéciales, nous retrouvons Claire Simon, elle dévoilera son film documentaire Apprendre. Deux de ses courts métrages ont été diffusés à Clermont : Police en compétition nationale en 1989 et Scènes de ménage en 2013 à l’occasion d’une carte blanche donnée au festival international du film de femmes de Créteil. Arnaud Desplechin présentera quant à lui le long métrage Spectateurs, tourné une fois de plus à Roubaix, il était en compétition nationale à Clermont en 1991 avec le remarquable La Vie des Morts.

| HORS COMPÉTITION |

Guy Maddin a reçu le grand prix du Labo en 2013 avec son film Night Mayor, également diffusé lors du focus canadien en 2019. Son long métrage Rumours, coréalisé avec Galen et Evan Johnson, et dont Cate Blanchett fait partie du casting, sera proposé hors compétition à Cannes. Le réalisateur Matthieu Delaporte, dont le court métrage Musique de Chambre était diffusé dans la catégorie Films en Région au festival du court métrage de Clermont en 1997, présentera Le Comte de Monte Cristo coréalisé avec Alexandre De La Patellière.

Sur l’affiche de cette 63e Semaine de la Critique, Hafsia Herzi échange un sourire et un regard avec Nina Meurisse, dans Le Ravissement, premier long d’Iris Kaltenbäck. 

En 2024, cette sélection se compose de 11 longs métrages (dont 7 en compétition), 10 courts métrages en compétition et des séances spéciales.

| LE JURY |

Le réalisateur, scénariste et producteur espagnol Rodrigo Sorogoyen a qui l’on doit Que Dios nos Perdone ou encore As Bestas, présidera le jury de la Semaine de la critique. Son court métrage Madre était diffusé en 2022 au festival du court métrage dans le cadre du focus Espagne. Il sera accompagné par quatre professionnel·le·s dont l’actrice Eliane Umuhire, qui jouait dans le court métrage Bazigaga, diffusé dans la catégorie Regards d’Afrique en 2023, rôle qui lui avait permis de décrocher une prix d’interprétation UniFrance.

Dans la liste des réalisateur·rice·s sélectionné·e·s avec un court métrage, nous retrouvons : Jan Bujnowski, qui présentera Dancing in the Corner, il était à Clermont-Ferrand en 2023 où son film Diabeł avait reçu une mention spéciale du jury international. La réalisatrice Daphné Hérétakis qui avait présenté à Clermont Les Algues dans les cheveux en 2017, sera en compétition avec Ce qu’on demande à une statue c’est qu’elle ne bouge pas. En séance spéciale, nous retrouvons la comédienne et réalisatrice Lucie Borteleau : elle était à Clermont en février dernier en tant qu’intervenante sur une table ronde proposée autour de la question « Comment filmer le corps féminin en 2024 ? », elle a joué dans deux courts diffusés à Clermont : Vous voulez une histoire ? (prix de la presse Télérama en 2015), Dustin en 2020, mais aussi dans Les Vœux qu’elle a également réalisé.

Jan Bujnowski  (© SQPLCM, Baptiste Chanat) et Lucie Bortleteau (© SQPLCM, Camille Dampierre)

Marcelo Cætano, Jonathan Millet et Emma Benestan ©Sauve qui peut le court métrage

Côté longs métrages : Le long métrage qui ouvrira la Semaine de la critique cette année sera Les Fantômes du réalisateur Jonathan Millet. Son court métrage Et toujours nous marcherons était en compétition nationale en 2017, et le film fut diffusé à nouveau en 2022 lors d’une carte blanche Films Grand Huit. Marcelao Cætano, qui était en sélection internationale en 2013 avec Na Sua Companhiasera à Cannes pour présenter son long métrage Baby. Saïd Hamich Benlarbi, qui a produit ou réalisé huit courts métrages diffusés au festival du court métrage, présentera son deuxième long métrage en tant que réalisateur : La Mer au loin en séances spéciales. Le film qui clôturera la Semaine de la critique sera le long métrage d’Emma Benestan : Animale. Scénariste, réalisatrice, monteuse… Emma Benestan a vu plusieurs des films sur lesquels elle a participé sélectionnés Clermont, notamment Goût Bacon, qu’elle a réalisé, et qui a reçu une mention du jury presse Télérama en 2017.

QUINZAINE DES CINÉASTES

Créée en 1969 par la SRF (Société des réalisatrices et réalisateurs de films), la Quinzaine des Cinéastes est une sélection parallèle du Festival de Cannes qui a pour vocation de faire découvrir un large spectre de films, afin de mettre en valeur les pratiques les plus singulières et visionnaires du cinéma contemporain. L’affiche de cette année est signée du réalisateur japonais © Takeshi Kitano.

C’est Ma vie ma Gueule, film posthume de Sophie Fillières qui ouvrira cette sélection, afin de rendre un hommage à cette figure du cinéma d’auteur français décédée en 2023. Son court métrage Des filles et des chiens a été diffusé à l’ouverture du dernier festival du court métrage afin d’honorer sa mémoire, film qui avait reçu une mention spéciale du jury en 1992 alors qu’il concourrait en compétition nationale à Clermont-Ferrand.

Kōji Yamamuranréalisateur japonais très prolifique, présentera son dernier court métrage Extremely short. Sept courts métrages de ce réalisateur ont été montrés sur les écrans clermontois, entre la compétition internationale de 1988 et la rétrospective Particules imaginaires de 2013. Jules Follet révèlera Les Météos d’Antoine (Antoine, Élise and Léandre) : il était à Clermont-Ferrand en 2018 pour présenter Waterfountain en compétition nationale. Thierry de Peretti dévoilera son nouveau long métrage À son image : son court métrage Le Jour de ma mort était en compétition nationale à Clermont-Ferrand en 2007. Le duo Caroline Poggi et Jonathan Vinel qui avait marqué les esprits avec leur court métrage Tant qu’il nous reste des fusils à pompe (en compétition nationale à Clermont en 2015), présentera son long métrage Eat the Night. Le réalisateur Matthew Rankin sera en sélection avec son long métrage Une langue universelle : deux de ses courts métrages ont été diffusés à Clermont (Mynarski, chute mortelle lors du focus Canada en 2019 et Où est Maurice ? dans le cadre de la rétrospective Comédies musicales en 2009). Enfin, le duo chilien composé de Cristóbal León & Joaquín Cociña présentera Los Hiperbóreos : connus pour leurs collaborations artistiques et notamment pour leurs clips, deux de leurs productions ont été diffusées dans les programmes Décibels ! du festival, une clip pour PJ Harvey et un autre pour The Smile (mené par Thom Yorke).

Jules Follet, Caroline Poggi et Jonathan Vinel © Sauve qui peut le court métrage

L’ACID (Association du Cinéma Indépendants pour sa Diffusion) prône depuis 1992 le renouvellement et la pluralité des regards en donnant de la visibilité à des œuvres insuffisamment diffusées. Elle propose chaque année une sélection de longs métrages qui dévoilent l’audace des cinéastes et la diversité des regards qui composent la palette du cinéma indépendant en France et à l’étranger. © Lemon Fee.

Parmi les 9 films présentés cette année, notons la présence du réalisateur Guillaume Brac (photo ci-contre), qui était membre du jury national en 2014 et dont le court métrage Le Funambule était diffusé en 2006. Il présentera à Cannes son long métrage Ce n’est qu’un au revoir. Hélène Milano dévoilera Château Rouge : son film Comme ça j’entends la mer était diffusé en Films en régions en 2002, dans la même programmation mais cette fois en 2004 les spectateur·rice·s clermontois·es ont pu la voir dans Grand Ciel de Noël Alpi. Enfin le film Mi Bestia de la colombienne Camila Beltrán sera présenté dans cette sélection : elle avait notamment réalisé Pacifico Oscuro diffusé en 2022 dans le cadre d’une carte blanche à Film Grand Huit.

Guillaume Brac ©Sauve qui peut le court métrage


Pour ce 77° festival international du film de Cannes, ce sera l’actrice Camille Cottin qui sera maitresse des cérémonies d’ouverture et de clôture. Rendez-vous donc le 25 mai pour savoir qui succédera à Justine Triet qui avait reçu la palme d’or avec Anatomie d’une chute, et à Flòra Ana Buda, lauréate de la Palme d’or du court métrage pour 27avant de venir le présenter à Clermont et de remporter le prix de la meilleure musique originale en 2024.

Affiche du long métrage Anatomie d’une chute / Affiche du court métrage 27 / Flòra Ana Buda, réalisatrice de 27 au festival de Clermont 2024

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De Clermont à Cannes 2023 https://clermont-filmfest.org/de-clermont-a-cannes-2023/ Fri, 19 Apr 2024 08:14:53 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=60828 D’un festival l’autre, focus sur ces cinéastes passé·e·s par les salles clermontoises pour y présenter leurs courts métrages et cette année sélectionné·e·s dans l’une des sections du prestigieux festival de Cannes, qui se déroulera du 16 au 27 mai prochains.

Photo © Jack Garofalo/Paris Match/Scoop – Création graphique © Hartland Villa

Comme toujours, il y aura du beau monde du côté de la sélection officielle et des différentes sections, en voici un rapide tour d’horizon.

Côté courts métrages en compétition, deux noms retiennent notre attention : le cinéaste polonais Damian Kocur présente As it Was (coréalisé avec Anastasia Solonevych) après avoir remporté chez nous le prix du meilleur film européen pour Dalej Jest Dzien (Au-delà est le jour) en 2021.

Notons aussi la présence du duo britannico-israélien Saul Freed et Karni Arieli que nous aurons le bonheur de retrouver avec leur nouvelle création visuelle Wild Summon. Ils avaient marqué tour à tour les sélections labo et internationale de leur patte créatrice folle avec Turning en 2011 et Flytopia en 2013.

Damian Kocur / Saul Freed et Karni Arieli en 2011

Côté longs métrages, c’est Maïwenn qui ouvrira le bal avec son sixième court métrage Jeanne du Barry qui sera projeté le mardi 16 mai sur l’écran du Grand Théâtre Lumière, après la cérémonie d’ouverture. Côté courts, nous nous souvenons de son I’m an actrice (compétition nationale 2004), premier film autobiographique dans lequel elle incarnait sa propre mère.

Ramata-Toulaye Sy en 2022 (© Baptiste Chanat) / Wang Bing en 2015 / Kaouther Ben Hania en 2017

En compétition officielle, plusieurs grands noms croisés côté court défendront leur nouveau long dans la course à la palme d’or : Ramata-Toulaye Sy présentera son premier long Banel & Adama, après son court métrage Astel qui avait remporté le prix SACD de la meilleure première œuvre de fiction et le prix spécial du jury national en 2022. Elle sera aux côtés du cinéaste chinois Wang Bing et son long Jeunesse, qui nous avait fait l’honneur de prendre part au jury international en 2015 (année de la rétrospective consacrée à la Chine), quelques années après avoir présenté son court métrage BaYueZhouWen en compétition internationale (en 2002) : il présentera également Man in Black en séance spéciale.

Le cinéaste français d’origine vietnamienne Tran Anh Hùng présentera son septième long La Passion de Dodin Bouffant : de l’eau a coulé sous les ponts depuis ses derniers courts sélectionnés à Clermont, à savoir La Femme mariée de Nam Xuong en 1989 et La Pierre de l’attente en 1992. L’incontournable cinéaste et photographe turc Nuri Bilge Ceylan présentera sa nouvelle production Kuru Otlar Ustune (Les Herbes sèches) après 5 prix cannois dont une palme d’or et un passage clermontois par la compétition internationale en 1996 avec Koza.

La réalisatrice et scénariste tunisienne Kaouther Ben Hania accompagnera son 5e long métrage Les Filles d’Olfa après avoir notamment siégé au jury international clermontois en 2017. Enfin, malgré la polémique concernant les conditions de tournage de son dernier film, la réalisatrice Catherine Corsini présentera bien son long métrage Le Retour sur l’écran de la grande salle Lumière après une sélection clermontoise en compétition nationale remontant à 1984 (!) pour Ballades.

Du côté des séances de minuit, deux visages amis : Just Philippot présentera la version longue de son court métrage Acide, sélectionné en compétition nationale et Collection CANAL+ 2018.

Elias Belkeddar revient avec le très attendu Omar la fraise qui compte Reda Kateb et Benoît Magimel au casting, 9 ans après avoir remporté le prix de l’ACSÉ national pour Todo se Puede (Tout est possible) à Clermont-Ferrand.

Au jury longs métrages enfin, qui se veut représentatif d’une nouvelle génération d’artistes, et parmi tous les noms magnifiques qui le composent, nous ne pouvions que relever la présence du comédien français cher à nos cœurs clermontois Denis Ménochet, dont la carrure et l’interprétation ont passablement marqué les esprits dans T’étais où quand Michael Jackson est mort ? de Jean-Baptiste Pouilloux, prix SACD de la meilleure première œuvre de fiction 2014, et bien sûr le quadruplement primé Avant que de tout perdre de Xavier Legrand (grand prix, prix du public, prix de la jeunesse, prix de la presse 2013), préquelle à son premier long Jusqu’à la garde que le comédien était venu présenter exceptionnellement en avant-première lors du festival 2018, aux côtés notamment du réalisateur et de sa partenaire à l’écran, Léa Drucker.

En séance spéciale, notre camarade brésilien Kleber Mendonça Filho reviendra avec son nouveau long métrage Retratos Fantasmas (Portraits fantômes) après un passage remarqué chez nous au jury labo en 2016.

Just Philippot en 2018 (© Rémi Boissau) / Elias Belkeddar en 2014 (© Rémi Boissau) / Denis Ménochet au trombino en 2018 (© Juan Alonso) / Kleber Mendonça Filho en 2016

Thomas Cailley en 2015 / Davy Chou en 2011 / Baloji en 2020 (© Baptiste Chanat) / Delphine Deloget en 2019 0 (© Baptiste Chanat) / Jean-Bernard Marlin en 2014 (© Michel Vasset)

C’est le long métrage Le Règne animal de Thomas Cailley qui ouvrira la sélection Un Certain regard. Le scénariste et réalisateur avait notamment fait un passage remarqué par la compétition nationale avec son court Paris Shangai en 2011 avant de rejoindre les rangs du jury en 2015. Côté jury de la sélection justement, nous notons la présence du réalisateur franco-cambodgien Davy Chou, qui avait notamment vu son court métrage Cambodia 2099 sélectionné en compétition nationale en 2015.

En sélection, nous découvrirons avec bonheur le premier long Augure de Baloji, qui cumule chez nous deux sélections dont le fameux Zombies, prix Festivals Connexion de la compétition labo 2020. À ses côtés, et également avec un premier long, Delphine Deloget (prix CANAL+ national 2019 pour son court métrage Tigre) présentera Rien à perdre et le réalisateur marocain Kamal Lazraq (sélection internationale 2015 pour Moul Lkelb (L’homme au chien)) accompagnera Les Meutes.

Le réalisateur Alireza Khatami présentera lui, aux côtés de Ali Asgari, Terrestrial Verses, 13 ans après sa sélection internationale clermontoise pour Focal Point (Point focal) (coréalisé avec Ali Seiffouri). Enfin, un superbe ajout de dernière minute : le réalisateur Jean-Bernard Marlin revient avec Salem, 5 ans après le très remarqué Shéhérazade et 9 ans après son prix de la presse clermontois et le prix d’interprétation masculine pour son comédien Adel Bencherif dans son court métrage La Fugue.

Enfin, le réalisateur Martin Provost, dont la seule sélection en compétition nationale clermontoise remonte à 1991 (!) avec J’ai peur du noir, présentera son nouveau long Bonnard, Pierre et Marthe dans la section Cannes Première.

Depuis 1962, date de sa création par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma, la Semaine de la Critique, section parallèle du Festival de Cannes, se consacre à la découverte des jeunes talents de la création cinématographique, en mettant à l’honneur leurs premiers et deuxièmes longs métrages.

Nans Laborde-Jourdàa / Dawid Bodzak en 2018 (© Rémi Boissau) / Morad Mostafa en 2022 (© Anthonin Robinau) / Amanda Nell Eu en 2018

Dans la catégorie des courts métrages en compétition, nous retrouverons 3 visages bien connus des Clermontois·e·s : le réalisateur, scénariste et comédien français Nans Laborde-Jourdàa, en compétition nationale 2022 avec son très beau Léo la nuit viendra présenter sa nouvelle création, Boléro. Après avoir marqué les esprits en 2018 avec l’obtention sur grand prix international pour son film Drżenia (Tremblements), le réalisateur polonais Dawid Bodzak présentera cette année Krokodyl. Enfin, le cinéaste égyptien Morad Mostafa qui cumule pas moins de 3 sélections clermontoises dont 2 en compétition internationale (pour Henet Ward (Ward et la fête du henné) en 2020 et Khadiga en 2022), viendra présenter I Promise You Paradise.

Du côté des longs métrages en compétition, notons la présence du Serbe Vladimir Perišić dont la dernière sélection clermontoise remonte à 2004 en compétition internationale avec Dremano Oko : il présentera son deuxième long métrage, Lost Country. La réalisatrice malaisienne Amanda Nell Eu viendra, elle, accompagner son premier long métrage : Tiger Stripes. Elle avait notamment obtenu la mention spéciale du jury labo en 2018 pour son film Lagi Senang Jaga Sekandang Lembu (Indomptables) qui figure dans le Blu-ray des 20 ans du labo.

Dans les séances spéciales, les réalisatrices françaises Mathilde Chavanne et Iris Chassaigne accompagneront leur nouveau court : la première, qui avait remporté le prix Égalité et Diversité en 2020 pour Amour(s), présentera Pleure pas Gabriel quant à la seconde, dont nous avons pu voir cette année Swan dans le centre, présentera Stranger, qu’elle a coréalisé avec Jehnny Beth.

C’est Marie Amachoukeli qui ouvrira le bal de la Semaine avec son nouveau long métrage Ama Gloria réalisé en solo : elle compte 3 sélections clermontoises en compétition nationale avec C’est gratuit pour les filles (coréalisé avec Claire Burger) en 2010 qui avait remporté une mention spéciale du jury, Demolition Party en 2014 (également coréalisé avec Claire Burger) et I Want Pluto to be A Planet Again (Je veux que Pluton redevienne à nouveau une planète) (coréalisé avec Vladimir Mavounia-Kouka) qui concourait également en compétition internationale en 2017.

Hors compétition toujours, le cinéaste et comédien français Stéphan Castang présentera son premier long métrage Vincent doit mourir lors d’une séance spéciale. Son Panthéon Discount avait notamment marqué les esprits en 2017 après avoir remporté le prix étudiant et le prix du public et nous avions eu le plaisir de le retrouver en compétition nationale en 2021 avec Finale.

Mathilde Chavanne en 2020 (© Baptiste Chanat) / Iris Chassaigne en 2023 (© Anthonin Robineau) / Marie Amachoukeli en 2017 (© Rémi Boissau) / Stéphan Castang en 2021 (© Camille Dampierre)

Créée en 1969 par la SRF (Société des réalisatrices et réalisateurs de films), la Quinzaine des Cinéastes est une sélection parallèle du Festival de Cannes qui a pour vocation de faire découvrir un large spectre de films, afin de mettre en valeur les pratiques les plus singulières et visionnaires du cinéma contemporain.

Julia Kowalsi / Claude Schmitz en 2019 (© Rémi Boissau) / Kanu Behl en 2019 (© Baptiste Chanat) / Thien An Pham

Nous retrouverons dans la catégorie courts métrages la réalisatrice française Julia Kowalski avec son nouveau film J’ai vu le visage du diable. Nous avions déjà croisé le chemin de Julia en 2013 avec son court métrage Musique de chambre sélectionné en compétition nationale en 2013.

Côté longs, le cinéaste français Cédric Kahn viendra présenter Le Procès Goldman qui ouvrira la sélection. Même si cela remonte à bientôt plus de 30 ans (!), nous avions sélectionné en compétition nationale son court métrage Les Dernières heures du millénaire en 1991. Plus récent dans nos mémoires, le réalisateur Claude Schmitz, qui avait remporté le prix Égalité et Diversité en compétition nationale 2019 avec Braquer Poitiers viendra présenter L’Autre Laurens.

C’est en 2019 également que le cinéaste indien Kanu Behl avait remporté le prix étudiant international pour Binnu ka Sapna (Bonnu : sa vie, son histoire) : il présentera cette année son long Agra. Le cinéaste vietnamien Thien An Pham passera du format court au long avec Bên trong vỏ kén vàng (Inside the Yellow Cocoon Shell) : nous avions présenté son précédent court, Hãy tỉnh thức và sẵn sàng (Reste éveillé, sois prêt) en compétition internationale en 2020.

Le réalisateur, comédien et scénariste marocain Faouzi Bensaïdi cumule chez nous 3 sélections dont deux en compétitions : côté international en 2001 avec Trajets et en national en 2010 avec Le Mur. Il présentera cette année son long métrage Déserts.

Mais le « recordman » des sélections clermontoises dans cette section reste le cinéaste français Bertrand Mandico, qui viendra présenter son troisième long métrage Conann après pas moins de 10 sélections à Clermont dont 6 en compétitions nationale et internationale (Il dit qu’il est mort… en 2008, Essai 135 en 2009, Boro in the Box (Boro dans la boîte) en 2012, Living Still Life (La Résurrection des natures mortes) en 2013, Prehistoric Cabaret en 2014 et Notre Dame des hormones en 2015).

Faouzi Bensaïdi en 1998 / Bertrand Mandico en 2015 (© Rémi Boissau)

L’ACID est une association née en 1992 de la volonté de cinéastes de s’emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d’exposition et d’accès aux programmateurs et spectateurs.

Chiara Malta en 2006 / Sébastien Laudenbach en 2015 (© Michel Vasset)

Parmi les 9 films présentés cette année, notons la présence du couple Sébastien LaudenbachChiara Malta, qui présentent leur nouveau long métrage d’animation Linda veut du poulet !, une coproduction franco-italienne portée notamment par les voix de Clotilde Hesme, Laetitia Dosch ou encore Esteban.

Sébastien Laudenbach est un habitué du festival puisqu’il cumule pas moins de 7 sélections dont 6 en compétition nationale avec Journal en 1999 pour lequel il a remporté le prix de la jeunesse, Des câlins dans les cuisines en 2004, Regarder Oana en 2009, Vasco en 2011, Daphné ou la belle plante en 2015 ou encore Vibrato en 2018.

Chiara Malta, passée par la compétition nationale en 2006 pour son film L’Isle, a souvent collaboré de près ou de loin aux œuvres de Sébastien Laudenbach et vice versa, c’est pourquoi il n’est pas surprenant de les retrouver à la tête de cette nouvelle production, dont la sortie est prévue le 18 octobre 2023.

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23e compétition labo https://clermont-filmfest.org/23e-compet-labo/ Sun, 17 Dec 2023 15:52:38 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=63779 L’immémoire
Los Rayos de una Tormenta de Julio Hernández Cordón / Até Onde o Mundo Alcança de Daniel Frota de Abreu

Ce titre est un clin d’œil à Chris Marker qui était un acteur impliqué dans la réalité sociale et politique de nombreux pays, mais aussi auteur de tout un travail autour de la mémoire. De nombreux films de ce cru 2024 du labo y font écho, à la fois vibrants, engagés, et on ne peut plus dans leur époque. Le Mexicain Julio Hernández Cordón brandit sa caméra pour contribuer à la construction d’une mémoire collective, et sa manière de transmettre les récits de résistance est magistrale, convoquant une jeunesse pétaradante et motivée. Avec Los Rayos de una Tormenta, il remet au centre des débats l’impact du colonialisme sur son pays.

En 1997, René Vautier était membre du jury international. Militant d’une caméra citoyenne et d’un cinéma d’intervention sociale, il s’était félicité de ces films qui osent. Il a réalisé Afrique 50, brûlot anticolonialiste. Il aurait certainement apprécié Até Onde o Mundo Alcança du Brésilien Daniel Frota de Abreu qui dénonce d’une manière surprenante les effets à long terme du colonialisme au Brésil.

Xacio Baño, passionnant réalisateur galicien, s’interroge sur ces photographies que l’on trie et élimine ; à partir d’une certaine quantité, elles commencent à dessiner un itinéraire, à cartographier le pays imaginaire qui existe au-dedans de nous. Dans Non te Vexo, on agence, on parcourt, on accumule des signes, et la fiction devient celle de leur mise en circulation.

Comment Chris Marker se serait approprié l’Intelligence Artificielle ? Question vaine mais qui donne envie de revoir Level 5. Arthur Chopin approche dans 512X512 cette zone de l’immémoire chère à Marker. Plongé dans les limbes de l’IA, il a prompté, corrigé, régénéré, et le résultat est à la fois fascinant et terrifiant. On y retrouve les mêmes imprévus que dans une approche créative plus traditionnelle. Le mélange entre la technologie et le langage poétique devient intéressant car il induit une subjectivité : il faut être créatif·ve !

Bill Morrison est de retour en compétition après plusieurs sélections à Clermont, la réalisation de longs métrages et une participation au jury labo en 2014. Habitué à magnifier la matière argentique dans ses films, il sort de sa zone de confort avec Incident : l’outil Internet lui permet de documenter et agencer implacablement des violences policières qui se sont déroulées à Chicago en 2018.

Non te Vexo de Xacio Baño / 512×512 de Arthur Chopin / Incident de Bill Morrison
Via Dolorosa de Rachel Gutgarts / Petit cahier de cinéma de Pang-Chuan Huang

Plongée étouffante dans le Jérusalem de son adolescence, Via Dolorosa est un voyage introspectif dans la vie de Rachel Gutgarts, sa réalisatrice. Le film explore sa découverte de la sexualité, son addiction aux drogues et sa vision hallucinatoire et très graphique de la religion. La réalisatrice dessine ainsi un portrait méconnu de sa ville natale.

La rétrospective 2023 consacrée à Taïwan a permis de mettre en lumière de jeunes talents dont Pang-chuan Huang fait partie. Après avoir reçu deux grands prix à Clermont il revient avec Petit cahier de cinéma, expérimentant différents liquides de développement pour sa pellicule, le vin rouge donnant une teinte violine à la partie française de son film. Une belle façon de célébrer son amour du cinéma et de notre pays.

Ces quelques exemples pour chatouiller votre curiosité, la cuvée 2024 du labo est foisonnante ! Explorez le côté obscur des films pour mieux revenir vers leur lumière et leur beauté.


Chiffres-clés

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