Courts de rattrapage : Olivier Smolders
Olivier Smolders est l’un des cinéastes dont les films ont été les plus sélectionnés par le festival : depuis son premier film inscrit, sélectionné et primé (Adoration en 1987), 10 films ont été retenus dans les trois compétitions (internationale, labo et nationale, du fait de coproductions franco-belges).
Il est aussi l’un des plus primés avec quatre récompenses dont le grand prix labo 2010 pour Petite anatomie de l’image. Bien entendu, ces prix ne se limitent pas à Clermont-Ferrand et ses films ont été récompensés dans le monde entier.
Malheureusement, seuls les spectateurs et critiques qui fréquentent les manifestations dédiées au court métrage et regardent Arte savent qu’Olivier Smolders est un cinéaste passionnant, auteur d’une œuvre profondément originale, novatrice et rigoureuse.
Il a également publié une dizaine d’essais et organisé de nombreuses expositions (dont Démons et merveilles avec son frère Quentin au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris du 24 janvier au 1er mars 2020).
Il est très présent au sein de ce festival 2020 : projection de 8 de ses 15 courts métrages dans ces deux programmes Courts de rattrapage, exposition de photographies La diagonale du fou, rencontre avec le public et membre du jury international.
Point d’orgue de cet hommage : pour lui témoigner sa reconnaissance, le festival lui remettra un Vercingétorix d’honneur.
Olivier Smolders est né en 1956 à Léopoldville au Congo belge (actuellement Kinshasa, République démocratique du Congo), dans une ville et un pays qui n’existent plus, une “Afrique imaginaire telle que la raconte les livres pour enfants“ (Voyage autour de ma chambre). Est-ce de là que viennent l’imaginaire puissant qui irrigue ses films et leur grande mélancolie ? Rappelons que ce pays a été le lieu de massacres de masse encore occultés aujourd’hui.
Il a été maître de conférences à l’université de Liège et à l’institut Saint-Vincent-de-Paul à Bruxelles, et donne encore des cours à l’Institut national des arts du spectacle et des techniques de diffusion (INSAS). Il se définit également comme “fildefériste, pêcheur à la mouche, agnostique, dissident, auteur d’essais sur la littérature et le cinéma, membre de l’amicale des zutistes“.
À partir de Mort à Vignole, ses films se font plus ouvertement personnels, voire autobiographiques. Auparavant ils s’appuyaient le plus souvent sur des écrits (Sade, Sainte Thérèse d’Avila, Marcel Mariën), peintures (Antoine Wiertz) ou fait divers (le cannibale japonais d’Adoration). Mais Axolotl, son film le plus récent, est une adaptation du dernier texte inachevé de Kafka.
Un cinéaste qui n’a pas fini de nous surprendre !
Christian Guinot