Départ de Pascale Faure de CANAL+
Pascale Faure s’apprête à quitter CANAL+. Ce n’est pas une péripétie dans un parcours professionnel, c’est un coup de tonnerre dans le ciel du court métrage, et, partant, dans celui du cinéma tout court : nous sommes sous le choc.
Il n’y a pas si longtemps, il était de bon ton, à propos du particularisme de la chaîne cryptée, d’invoquer l' »esprit Canal ». Si un air singulier souffla dans ses allées, l’antre des Programmes Courts en fut assurément un des plus actifs ventilateurs et, résistant aux déménagements successifs pour des bâtiments toujours plus vitrés, les bureaux du court demeurèrent bravement, et comme un symbole, le foyer joyeux et bigarré de leurs débuts.
Au côté d’Alain Burosse, de Patrice Bauchy et de Brigitte Pardo, pour ne citer que les principales figures de cette aventure, Pascale a traversé trois décennies de création intense au cœur d’une unité qu’elle avait fini par incarner. Avec une énergie et un appétit contagieux (mais toujours sous la désarmante distance d’une sérénité à toute épreuve), elle n’a cessé de stimuler cinéastes et producteurs, jetant des ponts entre les structures, multipliant les connexions heureuses comme les initiatives propres à faire émerger les talents, autour de collections thématiques, de résidences d’écriture et de bien d’autres projets, tout en s’impliquant activement dans la réalisation d’émissions détonantes, de L’Œil du Cyclone à Top of the Shorts, en passant, entre autres, par Mensomadaire… Les prix CANAL+ remis chaque année à Clermont (national, international et labo) furent autant de promesses.
De l’équipe clermontoise, Pascale fut tout à la fois une camarade de jeux, une compagne de route, une complice et une alliée face aux hiérarchies intimidantes… nous avons grandi ensemble — festival et marché.
Si nous ne doutons pas un instant que nous la retrouverons bientôt pour de nouvelles aventures communes, notre inquiétude concerne le secteur du court métrage dans son ensemble, avec cette question : de quoi le départ de Pascale Faure est-il le nom ? Bien sûr, d’autres chaînes de télévision soutiennent le film court, au sein desquelles Clermont compte également des amitiés fidèles. La défection de CANAL+ n’en serait pas moins catastrophique pour la production française, et au-delà. Le pire n’étant jamais sûr, nous voulons encore croire que cette mauvaise nouvelle ne sonne pas le signal d’un désengagement qui ne manquerait pas de jeter une ombre sur toute la filière.