Breakfast avec Derrière le nuage
Entretien avec Baer Xiao, réalisateur de Derrière le nuage
Tout comme Xinquan, nous finissons par nous intéresser à la vie et la famille du voleur. Aviez-vous envisagé une suite ?
C’est une bonne question. La fin est ouverte, comme la connexion entre la femme algérienne et Xinquan étant créée à la fin du film, on ne sait pas ce qui se dit entre les deux. Pour Xinquan, l’Algérie est un pays tout neuf. J’imagine que la suite se serait passée en Algérie. Xinquan retrouve vraiment son iPhone et rencontre les vrais personnages qui vivent tout le temps dans son imagination.
Que cherchiez-vous à explorer en mettant en scène ces écrans et cette technologie (téléphone, Skype…) et que révèlent-ils de notre rapport aux autres ?
Aujourd’hui, on acquiert la plupart des informations sur notre téléphone mobile en utilisant les réseaux sociaux (Facebook, Skype, WhatsApp, WeChat…). Derrière le nuage contient différentes formes d’images pour transcrire la réalité. Pour un Chinois ou un Algérien qui vit en France, le téléphone mobile et toutes les applications de communication sont indispensables. Mais à cause du décalage horaire ou de la mauvaise connexion, l’échange ne peut être le même que dans la vie réelle. Les applications créent un nouveau langage. C’est intéressant pour moi de le mettre en scène.
J’ai trouvé le lien virtuel qui se créé entre Xinquan et la famille du voleur assez touchant à premier abord. Mais peut-on y déceler en fait une sorte de voyeurisme peut-être plus malsain ?
Non, je ne pense pas parce que les photos et les vidéos qu’il reçoit sont téléchargées automatiquement par le système sur son compte. Donc il regarde naturellement ses photos. La vie de Xinquan est très solitaire. Sans son iPhone, sa vie devient encore plus dure, il perd tous les souvenirs enregistrés dans son téléphone. Les images du voleur attirent facilement l’attention de Xinquan. Il vit par procuration grâce au voleur.
Y a-t-il un évènement particulier qui vous a inspiré la trame du film ?
En fait, cette histoire vient de ma propre vie. En 2012, mon iPhone a été volé à Paris et j’ai reçu régulièrement sur mon iCloud les photos d’un inconnu algérien. En utilisant la localisation du téléphone, je me suis rendu compte avec étonnement que mon portable était en Algérie…
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
J’aime bien le format court métrage. Une idée peut être bien exprimée en moins de 30 minutes alors que dans un long métrage, cela peut être ennuyeux. Le format court permet de mieux garder la fraîcheur de l’idée de l’histoire.
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
Je suis venu au festival en 2015. Comme tous les spectateurs, j’ai profité des nombreuses projections. J’ai par hasard croisé une réalisatrice chinoise que j’ai connue à Pékin. On n’aurait jamais pensé qu’on se retrouverait à Clermont !
Pour voir Derrière le nuage, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F11.