Dernier verre avec Fall of the Ibis King (La Chute du roi Ibis)
Entretien avec Josh O’Caoimh et Mikai Geronimo, co-réalisateurs de Fall of the Ibis King (La Chute du roi Ibis)
Pouvez-vous nous raconter la genèse de Fall of the Ibis King ?
Josh : À l’approche de notre dernière année de fac, où l’on doit délivrer un film de fin d’études, on s’est défié avec un camarade d’apporter une idée de film chacun par jour. Le concept initial de Fall of the Ibis King m’est venu dès la première semaine. Bien qu’on ait continué à se proposer de nouvelles idées pendant à peu près un mois, je finissais toujours par revenir à celle-ci. Au fur et à mesure du développement de l’idée, j’ai puisé mon inspiration dans l’Othello de Georges Cukor, dans Black Swan, et dans Mephisto d’Istvan Szabo. Comme je voulais vraiment travailler avec elle, j’ai fini par donner le scénario à Mikai. J’étais soulagé qu’elle l’apprécie et accepte de co-réaliser le film.
Mikai : Après l’avoir lu, j’étais impatiente d’explorer les aspects graphiques et d’imaginer des façons de porter à l’écran ces séquences chaotiques. J’ai pris aussi beaucoup de plaisir à animer les scènes dansées, ce qui était la cerise sur le gâteau.
Dans quelle mesure vos choix en matière de techniques et d’outils d’animation ont-ils influencé le style du film dans sa globalité ?
Mikai : Notre objectif était de faire monter un sentiment de terreur dans le film, ça nous a donc pris un certain temps pour développer ce grain sombre. On a utilisé des pastels à l’huile pour les décors, puis colorisé les personnages image par image en numérique pour que le mélange fonctionne.
Josh : On a donné un aspect simpliste aux personnages, on trouvait amusant le contraste entre le côté cartoon de leurs visages et le sérieux de leurs répliques. La forme circulaire des yeux s’est avérée périlleuse à animer, mais participe à donner ce sentiment dérangeant d’atonie.
Fall of the Ibis King a été sélectionné par de nombreux festivals cette année. À ce jour, quel rôle ces festivals ont-ils joué dans votre carrière de réalisateurs ?
Les deux : C’est une formidable occasion de voir plus de courts et de rencontrer d’autres cinéastes. À cause de la pandémie, le seul festival auquel nous ayons pu nous rendre en personne a été celui de Venise, mais on a réservé nos billets d’avion pour Clermont-Ferrand et on croise les doigts pour y arriver !
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
Les deux : On adore La Chute de Boris Labbé. On a eu l’occasion de le voir lors de l’Animafest Zagreb en 2018 et on a été complètement bouleversés. Le court décrit les cercles du paradis et de l’enfer et l’arrivée d’êtres célestes. C’est incroyablement fort, d’une beauté envoûtante. À peine sortis de la salle on s’est mis à échanger sur le film.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Mikai : Un bon film vous plonge dans son monde et vous invite à rentrer dans les personnages, leurs relations, leur environnement. C’est quelque chose qui va toucher quelqu’un au point d’influencer ses émotions et de le laisser en pleine réflexion sur ce qu’il vient de vivre devant l’écran.
Josh : Mes films préférés sont souvent ceux qui me donnent le sentiment le plus fort d’unicité, et qui semblent créés pour eux-mêmes par le cinéaste, sans chercher à plaire ou à impressionner le public. J’aime les films personnels.
Pour voir Fall of the Ibis King (La Chute du roi Ibis), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I14.