Dîner avec Get Ready. Off to the Feast (Prépare-toi, on va à la fête)
Entretien avec Lamara Sogomonian, réalisatrice de Get Ready. Off to the Feast (Prépare-toi, on va à la fête)
D’où est partie l’idée de Get Ready. Off to the Feast ?
Tout est parti de l’article. Notre scénariste, Julia Pogrebnyak, a lu un article et c’est cette chose horrible qui se produit actuellement en Russie qui a été le point de départ. Chaque année, environ 1240 filles du Caucase du Nord sont victimes de mutilations sexuelles. Traditionnellement, les mères et les grand-mères emmènent leurs filles subir ces opérations. Nous nous sommes rendues compte que nous ne pouvions pas rester sans rien dire à ce sujet. En 2020, le scénario de Julia Pogrebnyak a gagné le concours « Quick Start » organisé par le service de streaming START et la boîte de production Potential Film. START est un des leaders de la création originale en Russie et dans la CEI. L’entreprise recherchait des scénarios de court-métrages à produire et des nouveaux talents avec lesquels collaborer. Get Ready. Off to the Feast est notre premier projet avec START. Nous continuons à travailler avec eux sur un spin-off de la minisérie Gold Digger. La saison 1 a été achetée par Amazon pour son catalogue de séries originales et exclusives.
Quelles ont été vos sources d’inspiration pour le personnage de Maya ?
Maya est une battante et c’est ça mon inspiration. Elle est seule au milieu d’étrangers. Elle a son propre point de vue et elle se bat pour le défendre. Son point de vue est-il bon ou mauvais ? La question se pose, parce qu’au final, ses actions ont une issue tragique.
Quel a été le plus grand défi à relever sur la réalisation de Get Ready. Off to the Feast ?
C’est le processus de casting qui a été le plus compliqué. Ça n’a pas été facile de trouver des femmes qui seraient prêtes à participer à ce projet, tant le sujet est sensible. La plupart des actrices du Caucase du Nord ont refusé de participer au casting. Il était difficile pour elles d’en parler, parce que ces traditions sont le cadre dans lequel elles vivent.
Comment espérez-vous que les publics réagissent à votre film ?
Les publics russes ont déjà vu le film, et les réactions ont été silence, rejet, puis prise de conscience. Je me suis rendue compte que les hommes et les femmes réagissaient de manière différente. La plupart des hommes essaient de ne pas en parler. On peut voir que ce sujet leur pose vraiment problème, et pour les femmes, c’est totalement l’inverse, elles veulent parler du sujet et l’histoire les touche. Je suis très curieuse de voir comment les publics européens vont réagir.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marquée ?
Je dirais que les films d’Alexey Balabanov m’ont particulièrement marquée. Il y a aussi le court métrage d’animation de Tomm Moore There’s a Monster in My Kitchen qui m’a influencée. Les mondes qu’il créé sont toujours beaux et intéressants. Dans ses œuvres, il y a toujours un message particulier qui est présenté au public, dans un langage bref et compréhensible.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Je pense qu’un bon film, c’est un film qu’on regarde jusqu’au bout. Et après lequel on se pose une question, ou qui nous a mis une réflexion dans la tête. C’est quand on se fait une réflexion, et que celle-ci nous apporte quelque chose de plus grand. Un film qui nous transforme et nous marque, quel que soit le genre. Qu’il nous fasse rire ou nous révolte. Pour moi, ça veut dire que le film fonctionne, et c’est une définition de ce qu’est un bon film.
Pour voir Get Ready. Off to the Feast (Prépare-toi, on va à la fête), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I13.