Breakfast avec I Once Was Lost (Alors que j’étais égaré)
Entretien avec Emma Limon, réalisatrice de I Once Was Lost (Alors que j’étais égaré)
Quel a été le point de départ pour l’écriture du scénario ?
Mon père a un pouvoir impressionnant de mémoire, non seulement sur les détails des évènements du passé mais aussi sur les pensées précises qu’il a eu pendant ces évènements. Ça faisait treize ans qu’il avait gardé cette histoire pour lui, et tout d’un coup un soir au dîner avec mes parents, il nous l’a racontée. Je l’ai trouvé touchante : drôle et, en même temps, profonde. Tout de suite l’idée d’en faire un court métrage m’est venue.
Comment avez-vous travaillé sur l’environnement urbain ?
La géographie du film est faite d’un réseau de banlieues, interconnectées par des autoroutes qui donnent l’impression que c’est facile d’aller d’une ville à une autre et qui écrase le sens naturel de distance. J’ajouterais qu’il est important pour moi que cette histoire se passe en 2008 alors que beaucoup de gens n’avaient pas encore de smartphone, et qu’on devait plus souvent dépendre de gens qu’on ne connaissait pas.
Vouliez-vous évoquer plutôt le phénomène de la perte de repères ou la question du rapport aux responsabilités en tant que parent ?
Ces deux thèmes vont ensemble. Le personnage du père se sent perdu dans son effort de gérer sa fille adolescente, et il perd son chemin littéralement. Dans l’histoire, son angoisse parentale est même la cause directe du fait qu’il se retrouve dans un coin qui ne lui est pas familier. Dans l’histoire au premier degré, on se rend compte que finalement être perdu n’est pas une tragédie…
Qu’est-ce qui vous intéressait dans le rapport père-fille ? Envisagez-vous de réaliser d’autres films sur cette thématique ?
La réponse est personnelle : l’histoire de I Once Was Lost est une histoire vraie. En tant qu’adolescente je me comportais comme la fille qui s’appelle Emma dans le film. En grandissant j’ai pris conscience de mon erreur. J’ai développé en même temps de la gratitude envers mon père et une curiosité pour son expérience en tant que père et humain. C’est sûr que raconter des histoires qui ont un lien direct avec ma vie personnelle m’attire le plus en ce moment.
Quel est votre court métrage de référence ?
J’avais vu The Lunch Date de Adam Davidson au début de mes études et je me souviens d’avoir été marqué par la cohérence de l’histoire racontée en seulement dix minutes. En le revoyant aujourd’hui, je me rends compte que ce film a une combinaison de comédie et profondeur, et une qualité de conte qui me plaît beaucoup.
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
C’est un festival qui a lieu dans la même ville où le film Ma nuit chez Maud a lieu. Sinon, depuis longtemps le but que je me suis fixée est de devenir cheffe opératrice, alors c’est une opportunité pour moi de réfléchir si je pourrais aller plus loin avec l’idée d’être réalisatrice.
Pour voir I Once Was Lost (Alors que j’étais égaré), rendez-vous aux séances de la compétition nationale F3.