Dernier verre avec Las Visitantes (Les Visiteuses)
Entretien avec Enrique Buleo, réalisateur de Las Visitantes (Les Visiteuses)
Pourquoi vous êtes-vous intéressé aux histoires de ces femmes ? Vous êtes-vous inspiré de personnes de votre entourage ?
Dans mon village, la plupart des retraités qui participent à des visites guidées sont des femmes, et ce sont en majorité des veuves. On peut en rencontrer beaucoup ici (et certainement partout dans le monde), et je me suis toujours dit qu’elles ne commençaient à vraiment vivre leur vie qu’après la mort de leur mari. Je me suis inspiré de nombreuses expériences personnelles et des premiers voyages de mes parents en tant que touristes. Ils ont commencé à voyager pour le plaisir une fois à la retraite et ont admis que, parfois, ce n’est pas aussi amusant que prévu.
Pourquoi avoir choisi l’Italie ?
Ce n’est pas l’Italie ! Mais j’ai conscience que les paysages de ce court métrage ressemblent à l’Italie, ou à n’importe quel autre pays d’Europe méridionale. En fait, le tournage s’est déroulé en Espagne, à Valence et à Albacete. Comme je voulais représenter la ville touristique européenne type, j’ai fait en sorte d’éviter de nommer l’endroit. J’avais envie de montrer un lieu touristique anonyme.
Vous prêtez une grande attention aux détails et cela rend le film très drôle. Recherchiez-vous ce ton comique ?
Étonnamment, je n’ai jamais aimé les comédies. Mais après El Infierno y Tal, mon dernier court métrage qui est plutôt une ode à la fin du monde, j’avais envie de réaliser quelque chose de plus léger, voire de frivole. J’ai donc tourné une comédie ! Mais, comme je suis toujours à la recherche d’histoires déstabilisantes, défaitistes et absurdes, j’ai fini par réaliser une comédie douce-amère, sur la déception.
Quel type de films aimez-vous réaliser ? Diriez-vous que vous avez un genre de prédilection ?
Je fais la distinction entre les films que j’aime en tant que spectateur et ceux que j’aime en tant que réalisateur. J’adore regarder des films d’horreur et des thrillers, mais je préfère réaliser des drames et des comédies sombres. Pour être plus précis, j’aime réaliser des films avec un équilibre parfait entre les situations comiques et dramatiques, mais aussi des éléments absurdes et macabres. J’adore aussi situer ces histoires dans des paysages ruraux.
Comment avez-vous collaboré avec les acteurs ? Comment s’est déroulé le casting ?
Je préfère travailler avec des acteurs et des actrices non professionnels parce que j’aime pouvoir les laisser être eux-mêmes. Je réécris leurs dialogues pour qu’ils soient aussi à l’aise et naturels que possible. J’ai vécu à Albacete, une petite ville, et pendant de nombreuses années je me suis régulièrement rendu dans des associations de quartiers et des clubs de retraités pour aller à leur rencontre. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, ils répondent souvent aux castings avec beaucoup d’enthousiasme et de professionnalisme.
Quel est votre court métrage de référence ?
Je n’ai pas de court métrage préféré, mais j’aime beaucoup le travail de David Pantaleón : ses courts métrages sont excellents.
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
J’adore le festival du court métrage de Clermont-Ferrand ! El Infierno y Tal, mon film précédent, y a été sélectionné et j’ai vécu une expérience formidable. En plus, on avait remporté la première mention spéciale du jury labo. J’ai hâte de revenir !
Pour voir Las Visitantes (Les Visiteuses), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I4.