Breakfast avec Le Cormoran
Entretien avec Lubna Playoust, réalisatrice de Le Cormoran

La fusion de l’enfance et son évolution dans le temps, et les éléments subtils par lesquels cela se traduit.

Comme le dit Kierkegaard « Nous vivons en avant mais nous ne pouvons comprendre qu’à reculons ». Je pense que nous nous déterminons et faisons nos choix sur ces mémoires conscientes ou non qui ont marqué notre enfance. J’avais envie de me servir du temps non pas comme d’une ruse narrative mais comme d’un miroir au travers duquel on pourrait glisser. Un temps qui ne soit ni présent, ni passé, ni futur. Le temps et l’abandon de repères sont des thèmes qui m’intéressent.

J’ai tourné en Bretagne sur une petite île des côtes d’Armor, l’île de Bréhat. Je connais cet endroit depuis mon enfance et il est fortement ancré dans mon imaginaire. C’est un lieu qui convoque le fantastique, le sensible. C’est un lieu puissant hors du temps, sans voiture et encore très sauvage.


Je connaissais évidemment leur travail d’acteur. Mireille Perrier j’ai pris le train pour aller la rencontrer chez elle. La voir dans son monde, déjeuner avec elle près du poêle et le soir venu, reprendre mon train. C’était comme rendre visite à quelqu’un de ma famille. Robinson Stevenin aussi il y avait quelque chose de très familial, ça s’est fait autour d’un repas. Finalement être à table donne accès différemment aux gens, à leur façon de bouger et de se livrer. Par ailleurs chacun avait une histoire avec Bréhat, donc c’était un peu comme un signe, une évidence.

Le Pain et la rue de Abbas Kiarostami.

Qu’il me surprenne.
