Dernier verre avec Lemongrass Girl
Entretien avec Pom Bunsermvicha, réalisatrice de Lemongrass Girl

La citronnelle est une plante médicinale qui est utilisée de nombreuses manières. Il existe deux types de citronnelles : une variété est odorante, l’autre comestible. En Thaïlande, la première est utilisée pour fabriquer des produits parfumés, comme du savon ou du répulsif contre les moustiques. La deuxième agrémente de nombreux plats thaïs comme le tom yum. La citronnelle joue également un grand rôle dans cette tradition thaïe selon laquelle une vierge plante les tiges à l’envers pour repousser la pluie.

Lemongrass Girl se déroule pendant le tournage d’un autre film de fiction. Par conséquent, deux fils s’y entrelacent : la narration de l’histoire fictive de la préposée à la citronnelle d’un côté, et de l’autre la représentation documentaire du plateau de tournage du film d’Anocha Suwichakornpong. Les acteurs et les membres de l’équipe jouent leur propre rôle et interprètent leur réalité. C’est pour cela qu’il est très compliqué de distinguer la fiction du documentaire : le film franchit les frontières des deux genres.


Sur un plateau de tournage, endosser le rôle de la préposée à la citronnelle signifie occuper une position sans avoir la moindre emprise ou le moindre pouvoir. Votre point de vue s’articule alors autour d’une force de la nature fondamentalement implacable. Vous devenez un élément d’une routine ridicule et d’une joyeuse humiliation, qu’il pleuve ou non.

Je me suis toujours intéressée aux rituels et aux routines, à ces actions qui rythment notre quotidien. À l’inverse, les superstitions m’ont toujours semblé moins concrètes, comme si elles étaient fictives. C’est très intéressant de penser aux histoires tirées des superstitions dans les différents contextes avec lesquels celles-ci rencontrent notre système de croyances ou affectent nos vies. Je ne sais pas si je réaliserai d’autres films sur ces thématiques, mais j’y reviendrai certainement à l’avenir.
