Dîner avec Ronde de nuit
Entretien avec Julien Regnard, réalisateur de Ronde de nuit
D’où vous est venue l’idée initiale de ce couple ?
Je me suis beaucoup inspiré de ma vie personnelle pour écrire ce film. Il y a un enrobage avec l’animation, le genre, l’ambiance du film, tout ça… Mais ça reste une histoire assez autobiographique.
Comment décririez-vous votre style d’animation ?
Réactionnaire ? Non le style du film est assez sobre je pense, réaliste dans les décors et minimaliste dans l’animation des personnages. Le noir et blanc s’est imposé dès le début du projet à cause du sujet, de l’ambiance. Il y a un mélange de 2D et de 3D, mais le principal pour moi était d’utiliser les outils disponibles au mieux en fonction des besoins de mise en scène en essayant de ne pas se laisser manger par les myriades d’effets disponibles.
Quelles sortes de sujets et de genres (et formats autre que l’animation) vous attirent en tant que cinéaste ?
J’avoue ne pas être un grand fan d’animation… Non je blague, il y a des choses incroyables mais elles sont rares, il y a tellement de contraintes techniques pour créer la matière que c’est très difficile d’arriver à faire un bon film en animation. Pour les sujets, c’est une question très vaste. En revoyant les films que j’ai faits précédemment je pense avoir une affinité pour les couples en voiture, les routes perdues dans l’immensité des paysages, une fascination pour le temps et la manière de le traiter au cinéma.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
Pour rester dans l’animation je dirais Father and Daughter de Michael Dudok de Wit. J’ai vu ce film quand j’étais adolescent et j’ai été complètement bouleversé. Si j’ai le droit d’en donner un autre je dirais When the Day breaks d’Amanda Forbis et Wendy Tilby.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
L’histoire ! C’est très difficile d’écrire une bonne histoire, tout part de là et toute la valeur émotionnelle du film vient de la qualité de l’histoire. Même si les images sont moches, le son bâclé, les effets spéciaux ridicules, le film va générer de l’émotion chez le spectateur si l’histoire est bien écrite, originale, bien racontée, bien rythmée, et prenante, les personnages vrais, attachants. C’est la matrice du film, tout en découle et il est inutile de se lancer dans la réalisation d’un film avant d’avoir une bonne histoire. C’est ce qui nous fait aller au cinéma, on veut voir des gens comme nous, avec des problèmes comme nous et savoir comment ils vont les résoudre pour s’en sortir, ou pas…
Pour voir Ronde de nuit, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F5.