Breakfast avec Souvenir Souvenir
Entretien avec Bastien Dubois, réalisateur de Souvenir Souvenir
Quel a été votre cheminement de pensée au fil des ans sur l’envie ou le besoin de traiter ce sujet, qui touche votre cercle intime autant que le récit Historique National ?
Bonjour, alors tout d’abord merci pour cette interview et merci de permettre à nos films d’être vus en cette période ! C’est une question difficile car c’est tout le propos du film ! Pourquoi et comment j’ai voulu faire ce film sur mes rapports à mon grand-père ancien appelé en Algérie. Tout d’abord, j’ai voulu faire un film – et encore avant ça une bédé – sur ce qu’il avait vécu. Je me disais qu’il devait bien avoir des histoires à raconter. Mais rien ! Comme il ne voulait rien raconter, j’ai ensuite commencé un film sur le fait qu’il ne voulait rien raconter, mais je me suis rendu compte qu’en fait le problème venait de moi qui n’arrivais pas à poser les bonnes questions ! Du coup j’ai fait ce film : le making-of d’un film sur un réalisateur en plein déni qui n’arrive pas à faire un film sur son grand père ancien appelé en Algérie qui ne raconte rien, et qui finit en psychanalyse familiale.
Combien de styles graphiques différents avez-vous utilisés dans Souvenir Souvenir et qu’est-ce qui vous intéressait en particulier dans le jeu des transparences et des superpositions ?
Il y a deux styles graphiques. Le premier représente la vie quotidienne – un carnet de vie – et l’autre, des embryons du film que je tente de fabriquer. Et progressivement les deux se mêlent et les embryons de film deviennent l’illustration de mes névroses qui envahissent mon quotidien. Pour la partie « vie quotidienne », au départ j’étais parti sur quelque chose de beaucoup plus sobre : ligne claire, noir et blanc. La partie « cartoon » était alors beaucoup plus différenciée et ressortait plus. Au moment du développement graphique de Souvenir Souvenir je travaillais en parallèle avec Jorge Gonzales (https://www.instagram.com/jorge_ilustra) sur des tests pour un long métrage que j’écris avec Julie Nobelen. Les tests étant vraiment supers, le style de Jorge se prêtant vraiment bien au sujet de Souvenir Souvenir et trop impatient de commencer à produire des images dans ce style, j’ai proposé à Jorge de partir sur le court. Du coup on a obliqué et le style du long métrage est devenu celui du court….
Envisagez-vous de réaliser d’autres films qui traitent de la déformation des attitudes quand on est plongé dans un environnement inconnu et que la rencontre tourne en confrontation ?
Alors, pouvez-vous me citer beaucoup de films qui ne traitent pas de la déformation des attitudes des protagonistes quand ils sont plongés dans un environnement inconnu et que la rencontre tourne en confrontation ? 😉
Au fond, comment écrit-on un film qui ne veut pas qu’on l’écrive ?
Il ne voulait pas se laisser écrire jusqu’à un certain point, mais quand j’ai réalisé que j’étais moi aussi dans le déni, je n’ai plus eu d’autre choix que de le faire. Là l’écriture fut presque instantanée.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
Je suis plus inquiet pour l’avenir de la planète que pour l’avenir du court métrage. Si on a un environnement dégradé, des conditions sociales pourries ou un gouvernement réactionnaire, y’a moins, voire plus du tout de court métrage. Et c’est pareil pour plein d’autres choses…
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Je crois que le mieux, c’est de se faire plaisir en solo…. Dessinez, écrivez vos propres scénarii, vous verrez, ce n’est pas si compliqué !
Pour voir Souvenir Souvenir, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F3.