Breakfast avec Swallow the Universe (Engloutir l’univers, chier une fourmi)
Entretien avec Nieto, réalisateur de Swallow the Universe (Engloutir l’univers, chier une fourmi)
Comment avez-vous entendu parler des œuvres de Daïchi ?
J’étais au Japon, en train de tourner un documentaire sur les animaux domestiques de Tokyo. En allant voir un club pour les vieilles dames et leurs animaux domestiques, Love pets of Tokyo, j’ai rencontré cette femme bizarre qui voulait rejoindre le club : elle n’avait pas d’animal domestique, mais un petit-fils qu’elle considérait presque comme un animal sauvage. Son histoire m’a intéressé, et j’ai commencé à lui poser des questions sur son petit-fils ; elle m’a montré quelques-uns de ses dessins. C’est un hikikomori, un type qui vit un peu en ascète, ne sort jamais de sa chambre, dessine et peint sans s’arrêter.
Avez-vous fait des recherches pour recréer cette imposante atmosphère japonaise ? Étiez-vous déjà imprégné de cette culture ?
Pas vraiment, c’était la première fois que j’allais au Japon que j’ai rencontré l’art de Daïchi Mori. La culture et la personnalité sont déjà là dans ses dessins, et je n’ai fait que mon job de réalisateur : imaginer un rythme, des mouvements de caméra, une animation, en tentant de suivre du mieux que je pouvais tout ce que j’ai su en comprendre.
Vous utilisez souvent des personnages animaliers dans vos films, pourquoi ?
Dans mes films et mes performances précédentes, j’ai souvent travaillé avec les animaux, et je rêve également beaucoup d’animaux, c’est peut-être pour ça que j’ai été aussi influencé par le monde de Daïchi Mori. Il y a un sentiment d’amour et de peur vis-à-vis du royaume animal auquel j’adhère complètement.
Qu’est-ce qui vous intéresse dans la représentation de corps déchirés et torturés ?
Ça tient clairement au fait que mon père était boucher à Columbia. J’ai toujours été passionné par l’étude de l’anatomie, notamment la relation des proportions dans le corps animal. À chaque espèce, il y a une composition différente, comme un nouveau canevas avec ses propres règles d’équilibre.
Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
Oui, et il y en a même beaucoup, mais celui qui m’a le plus marqué reste Un chien andalou de Buñuel et Dali.
Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Un film qui ne me dit pas ce que je devrais ressentir.
Pour voir Swallow the Universe(Engloutir l’univers, chier une fourmi), rendez-vous aux séances de la compétition labo L4.