Dîner avec Fly (Mouche)
Entretien avec Youn-Jung Lim, réalisatrice de Fly (Mouche)
Qu’est-ce qui vous a inspiré l’histoire d’Eunbyeol ?
Les films que je fais reflètent toujours ce que j’étais à telle ou telle période de ma vie. À cet âge-là, j’avais envie qu’il se passe quelque chose dans ma vie, une sorte de miracle qui m’aiderait à avancer. En tant que cinéaste, en tant que femme, en tant qu’être humain qui tente de se prendre en main. Mais je savais bien que c’était au fond de moi qu’il fallait chercher.
Je voulais montrer cette jeune fille dans ses moments de fragilité, de vérité. Et lui donner une chance de faire venir ce changement. Bien qu’elle n’ait pas grand-chose à voir avec moi, je comprenais ce qu’elle traversait. Non que j’aie la moindre leçon à lui donner, mais parce que j’ai moi-même connu ces épreuves de la vie. J’avais envie de la prendre dans mes bras et de lui dire « Tout va bien se passer, mais personne d’autre que toi ne peut te sauver, et tu dois devenir ce que tu te sens capable de devenir ».
Sans dévoiler toute l’histoire, pouvez-vous expliquer la relation entre les deux jeunes filles ?
Hyunjoo est la seule à faire attention à Eunbyeol – la fille qui se fout de tout le monde et de ce que pensent les autres. Leur relation débute sur un arrangement un peu louche, mais chacune va finalement laisser l’autre entrer dans sa vie, et elles deviennent les témoins de leurs aventures communes où leur force de caractère est mise à l’épreuve – car il n’est pas de tragédie que l’on ne puisse surmonter.
Qu’est-ce qui vous a poussée à faire du cinéma ? Quels sont vos genres de prédilection ?
Je fais des films pour vivre ma vie à fond. Et parce que je ne trouve pas les mots pour répondre à cette question. Je n’ai jamais été douée pour les mots. Le cinéma, c’est ma façon de m’exprimer, de dire qui je suis et qui je veux devenir. Mon but, c’était de comprendre la vie des autres en portant un regard sur les épreuves que j’ai moi-même surmontées, à travers un langage (cinématographique) bien à moi et bien étudié.
Les films nous rapprochent dans ce que nous avons de plus intime, de plus personnel. Les films qui m’ont le plus marquée sont ceux dans lesquels je me retrouvais inexplicablement. Même quand j’ai fait des films que je trouvais trop personnels, il y avait toujours des gens qui venaient me dire qu’ils s’étaient retrouvés dans mon film. Pour moi, c’est magique et fascinant, et j’ai bien l’intention de continuer à affiner mon langage cinématographique pour croquer la vie à pleines dents (ma vie et celle de mes films). Mes thèmes de prédilection sont les portraits de femmes à la personnalité très marquée (dans tous les sens possibles), intègres et charismatiques. Je peux tomber amoureuse des films qui arrivent à montrer les rêves à l’écran.
D’autres projections de prévues ?
Fly a été projeté dans de nombreux festivals en Corée l’année passée, mais c’est la première fois qu’il passe dans un pays étranger. J’espère qu’il ira à la rencontre de bien d’autres publics, dans plein de pays du monde entier. Je suis curieuse de voir l’accueil qu’il recevra à l’international.
Est-ce que vous participerez à d’autres événements pendant le festival de Clermont-Ferrand (Expresso, conférences ou autre) ?
Je viendrai au festival avec Jeong Ha-dam et Lee Hyemi, les deux actrices principales, et nous resterons pour toute la durée du festival. Nous sommes partantes pour participer à un maximum d’événements.
Pour voir Fly, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I11.