Focus pays 2023 : Taïwan
Yi Yi, Taïwan à l’honneur !
Sur la carte mondiale du cinéma, Taïwan est un pays phare. Souvenez-vous : de là-bas nous était parvenu, à la fin des années 1980, un souffle revigorant désigné comme la nouvelle vague taïwanaise, un cinéma en rupture avec le cinéma de propagande, les romances et la nostalgie d’une Chine perdue : Hou Hsiao-hsien, Edward Yang (le titre de la rétrospective est un clin d’œil à l’un de ses films), Ang Lee et Tsai Ming-liang ont joué un rôle déterminant dans la naissance du cinéma d’auteur taïwanais et, plus largement, dans ce mouvement de fond qui a mené depuis trente ans le cinéma asiatique sur le devant de la scène internationale. Ces réalisateurs se distinguent par leurs partis pris esthétiques et leurs interrogations sur l’identité taiwanaise. Malgré une industrie sous surveillance, à l’heure où la Chine accroît sa pression militaire, leur cinéma dissonant et populaire s’est développé et a instillé un discours qui renverse la pensée dominante.
À travers les films de cette rétrospective, il s’agit de comprendre comment prend forme une identité non pas unique mais plurielle et en évolution constante, avec un mélange d’influences du confucianisme, des Hans mais aussi des cultures japonaise, européenne, américaine et aborigènes de Taïwan. En devenant par exemple le premier pays d’Asie à reconnaître le mariage entre personnes du même sexe en mai 2019, avec la répression au Xinjiang et au Tibet, à la reprise en main de Hongkong, Taïwan confirme son statut d’avant-poste progressiste dans la région.
Grâce au travail de restauration entamé depuis quelques années par les Archives du Film de Kaohsiung, nous pourrons voir Le pont n’est plus là de Tsai Ming-liang (2002), mais aussi le très troublant Hu xi (Respire) (2005) de Ho Wi-ding qui raconte une histoire d’amour tragique en pleine pandémie. Ho Wi-ding sera par ailleurs membre du jury international. Wu Ke-xi, scénariste et actrice principale du long métrage Nina Wu réalisé par Midi Z, en compétition au festival de Cannes et sorti en salles en décembre 2019, sera, elle, au jury labo. The Palace on the Sea, court métrage réunissant ce duo sur une chorégraphie virtuose sera aussi présent dans la rétrospective. Les jeunes artistes ne veulent plus brider leur créativité et n’hésitent plus à revendiquer l’identité et l’histoire de Taïwan. Sélectionnées par le passé au labo, nous aurons le plaisir de montrer à nouveau les œuvres emplies de liberté et d’audace visuelle de deux jeunes réalisatrices :The Sound of Falling de Lin Chien-yu (prix Festivals Connexion en 2019) et Yen Yen de Lin Chunni en 2015.
Les films
- 4 programmes composent le cœur du focus, avec 24 films. À noter que de nombreu·x·ses réalisateur·trice·s seront présent·e·s lors du festival.
- 2 programmes École de cinéma invitée, avec une mise en lumière de de la TNUA – Taipei National University of the Arts.
- 1 programme Collections permettra de découvrir des documentaires expérimentaux des années 60 rares et restaurés pour l’occasion.
- 1 programme Bloody Night, avec des courts métrages sanglants pour une séance unique le vendredi 3 février à 21h30 dans la grande salle Cocteau.
- Plusieurs installations sonores seront également au cœur du focus taïwanais, afin de se plonger dans une immersion parfaite. Une création acoustique de Yannick Dauby occupera le hall des pas perdus de la Comédie, et des vignettes sonores seront diffusées avant chacune des projections de la rétrospective.
Les ambassadeurs
- Une masterclass du réalisateur Midi Z, animée par Neri Corrado, aura lieu le mardi 31 janvier. Ce réalisateur taïwanais dont le court métrage The Palace on the Sea fera partie de la rétrospective, était sélectionné à Cannes en 2019 dans la catégorie Un certain regard avec son film Nina Wu.
- Le focus taïwanais aura également deux dignes représentants parmi les membres du jury. Le réalisateur et scénariste Ho Wi-Ding sera juré international, et l’actrice et scénariste Ke-Xi Wu sera quant à elle au jury labo : elle a co-écrit avec Midi Z et joue notamment dans son dernier long métrage Nina Wu.
Une mise en lumière de la gastronomie taïwanaise
Un menu sera proposé au restaurant Les Grandes Tables de la Comédie, signé par le chef taïwanais Andy Chien. Les amateurs de bière ne seront pas en reste, avec une cuvée taïwano-auvergnate, à déguster pendant le festival en bouteille ou à la pression !