Breakfast avec God’s Daughter Dances (Shin-mi danse)
Entretien avec Sungbin Byun, réalisateur de God’s Daughter Dances (Shin-mi danse)
Comment présenteriez-vous le film God’s Daughter Dance à quelqu’un qui ne l’aurait pas vu ?
Pour tous les hommes qui ont la nationalité coréenne, le service militaire est une obligation. Dans ce contexte, les hommes coréens MTF trans doivent passer par une phase de reconnaissance comme femme. Ce film raconte l’histoire d’un personnage MTF trans qui essaye de vivre en tant que femme dans une société coréenne qui a un côté ironique. Le sujet du film parait lourd mais est néanmoins divertissant avec la danse du protagoniste et la musique.
Pourquoi avez-vous choisi de traiter ce sujet et de centrer le film autour de ce personnage ?
Quand j’étais dans l’armée en tant qu’officier, il y avait une affaire où l’on épinglait les homosexuels dans les camps militaires. Face à une réalité qui définit une personne comme criminelle suivant son orientation sexuelle, j’ai pu réfléchir en profondeur à la condition des personnes dont l’identité est niée du fait de leur simple existence et non pas par leur choix. Par la suite, j’ai traité des divers problèmes que les personnes LGBTQ peuvent affronter pendant leur service militaire, et j’ai choisi le sujet des trans.
Comment s’est passé le casting ? Saviez-vous avant de tourner qui vous vouliez faire jouer dans le film ?
En fait, j’ai connu l’acteur Haejun pendant mon service militaire dans le camp. C’est une relation que j’ai pu nouer via l’armée, et non pas à l’occasion du film. Ensuite, dès la 1ère écriture du scénario, j’ai tout de suite pensé à Haejun comme protagoniste. Au départ, la protagoniste du film n’était pas un danseur mais nous avons modifié le scénario pour que ça convienne mieux à Haejun qui est un danseur de voguing dans la vraie vie. J’aurais voulu que Haejun se fonde le plus naturellement possible dans la peau du personnage de Shinmi sans trop effacer la nature de Haejun.
Pourquoi pensez-vous qu’il est important de réaliser un film sur cette thématique aujourd’hui ?
Je pense que l’art doit parler de la douleur humaine. On parle beaucoup dans le monde du sujet des droits de l’Homme pour la communauté LGBTQ, néanmoins de nombreuses personnes LGBTQ qui sont isolées restent toujours isolées. Nos réflexions ne suffisent pas pour les atteindre. Dans ce film, on voit des personnes aux avis divers, qui trouvent la personne trans jolie, qui la conçoivent toujours comme un homme et non comme une femme, qui sont indifférents, qui l’encouragent… Cela interroge les spectateurs sur leur manière de voir les personnes trans à travers ces différents personnages.
Quel est l’avenir du format court-métrage d’après vous ?
Un court métrage est un poème pour moi. La poésie permet de découvrir la relation de l’humain avec le monde à travers un langage inhabituel. Le court métrage ne se résume pas seulement à un film court en termes de durée mais il a un rôle qui reflète directement le monde qui nous entoure à travers des symboles poétiques. Ce charme du court métrage a opéré pendant plusieurs dizaines d’années et subsistera toujours.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Poésie, musique et films.
Pour voir God’s Daughter Dances (Shin-mi danse) rendez-vous aux séances de la compétition internationale I1.
Traductrice coréen > français : Joohee Heo