Breakfast avec Gosal (La faille)
Entretien avec Soheil Amirsharifi, réalisateur de Gosal (La faille)
Pouvez-vous expliquer le titre de Gosal (La faille) ?
Comme vous le savez, une faille est une cassure dans le sol provoquée par un tremblement de terre. L’histoire du film se déroule lors d’un exercice visant à préparer les élèves à bien réagir en cas de tremblement de terre. J’ai choisi ce titre pour le film car l’idée directrice en est la représentation. La différence entre ce qu’est la réalité et la façon dont nous la décrivons. La « réalité » que nous présentons, documents et témoins à l’appui, en opposition à ce qui s’est « réellement » passé. N’est-il pas vrai que nous créons la réalité ? Que les médias, les réseaux et tout ce qui est produit par les humains dans le monde entier sont chargés de produire la réalité qu’ils désirent ? Si oui, alors toute personne qui fournit des documents et des preuves a le droit de définir ce qu’est la réalité. N’est-ce pas terrifiant ? Je trouve que c’est immoral. Représenter dans le but d’en tirer des bénéfices m’apparaît comme un schisme intérieur chez la personne qui s’en rend coupable, et cette cassure est ce que j’appelle la faille.
Pourquoi l’accusation se porte-t-elle sur Nahal ?
Elle est trop jeune pour avoir un permis, mais elle conduit une mobylette et provoque un accident. Elle a commis un délit.
Pouvez-vous nous parler du casting et du lieu du tournage ? Comment se passe un tournage en milieu scolaire ?
Cela a été une expérience très instructive pour moi. J’ai commencé les auditions deux mois à l’avance. Après deux semaines passées à tester sans relâche de jeunes actrices, les rôles des trois jeunes filles étaient pourvus. Ensuite, il a fallu une quarantaine de séances de travail pour les préparer. C’était très difficile car elles n’étaient pas actrices professionnelles, mais heureusement, elles avaient l’intelligence nécessaire pour bien assimiler. Nous avions quatre jours de tournage. Le planning était serré, mais comme j’ai l’habitude de tout arranger avant de tourner, il n’y pas eu de souci pendant le tournage.
Que souhaitez-vous aborder dans vos futurs projets ?
J’ai une idée de court métrage fantastique : l’histoire tourne autour d’une étrange visite dont on ne comprend pas si elle a lieu par internet ou dans un rêve. Dans ce nouveau film, je vais tester différentes ambiances. C’est un défi intéressant car l’idée est toute nouvelle pour moi. Je travaille aussi sur un scénario de long métrage qui raconte l’histoire de deux frères, et j’espère le réaliser à l’automne 2019.
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Oui, bien sûr. Il me donne le courage de tester toutes sortes de sujets et d’ambiances. D’un point de vue financier et commercial, les courts métrages coûtent bien moins cher que les longs et il n’y a pas la pression de cartonner au box office. En tant que réalisateur, on peut donc faire des expériences et prendre des risques.
Gosal (La faille) a été projeté en compétition internationale.