Dîner avec Homework (Devoirs)
Entretien avec Annika Pinske, réalisatrice de Homework (Devoirs)
Cette relation père-fille est très touchante. Comment s’est passé le casting ?
L’étape du casting était un peu inhabituelle car j’avais mes acteurs avant d’avoir l’histoire du film. Du coup, j’ai écrit le scénario pour Tim et Emma. Tim est mon compagnon, je le connais donc plutôt bien, vous l’imaginez. J’aime beaucoup son travail d’acteur. Il a toujours une approche corporelle de son rôle, c’est pour cela que son corps est au centre de l’histoire. J’avais déjà travaillé avec Emma, et Tim l’avait trouvée tellement bien qu’il avait envie de travailler avec elle. J’ai donc imaginé une relation qui serait intéressante. Une relation entre frère et sœur aurait été plus évidente, mais avec la relation père-fille, on faisait de lui un père extrêmement jeune et ça a été le déclic de l’histoire. Le fait que je connaissais très bien mes acteurs a énormément compté dans la genèse de leurs personnages et de leur relation.
Qu’est-ce qui vous a motivée à raconter cette histoire ?
J’aime l’inattendu. Raconter une relation touchante, très humaine, entre un père et sa fille dans l’univers nocturne des strip-teaseurs, c’est donc très motivant pour moi. Et je dois avouer que j’aimais bien l’idée qu’une femme cinéaste filme un corps masculin qui danse de cette façon, un homme qui vend son corps.
Quelles sont vos influences cinématographiques ? Quels ont été vos coups de cœur au cinéma cette année ? La scène de la danse est particulièrement prenante.
À mon sens, ces scènes fonctionnent parce qu’on voit le père danser presque nu sous les yeux de sa fille. La scène se déroule de son point de vue à elle. Et son âge (c’est une pré-ado) rend le tout encore plus insolite. Avec mon chef-op, Ben Bernhard, on a vite pris la décision de filmer la scène de cette manière. Mais Ben a une façon de filmer qui est très aboutie. J’adore travailler avec lui car il fait passer les acteurs avant la beauté de l’image. En fait, la plupart du temps, son cadrage est aussi impeccable que son lien avec les acteurs.
Mes influences cinématographiques sont multiples. Mais si je devais choisir le film que je préfère entre tous, ce serait La famille Tenenbaum de Wes Anderson. A priori, Homework n’a pas grand-chose à voir avec ce film, mais on y retrouve ce thème des familles atypiques, de leur manière de faire face à l’adversité et ce désir mélancolique que l’on sent dans tous les films d’Anderson. Je ne recherche pas un style particulier, je ne cherche pas à imiter. Je pars d’une histoire qui m’intéresse puis je m’efforce de trouver le meilleur moyen de la raconter Mon coup de cœur de l’année passée a été bien évidemment la projection à Cannes de Toni Erdmann de Maren Ade. J’ai été son assistante pendant presque deux ans sur ce projet. C’était une sacrée aventure, très forte, stimulante et merveilleusement épuisante. C’est un privilège de travailler en étroite collaboration avec une réalisatrice qui dit vraiment ce qu’elle pense. Je suis encore occupée à digérer tout ce que j’ai appris.
Si vous êtes déjà venue à Clermont-Ferrand, pouvez-vous nous raconter une anecdote sur le festival ? Sinon, quelles sont vos attentes pour cette édition ?
C’est la première fois que je viens à Clermont-Ferrand et j’en attends beaucoup. J’espère qu’un jour je pourrai raconter une petite anecdote de mon passage en 2017.
D’autres projections du film sont-elles prévues ? Est-ce que vous participerez à d’autres événements pendant le festival de Clermont-Ferrand (Expressos, conférences ou autre) ?
En fait, le film sortira en salles en France en 2017. Homework a obtenu le prix RADi au Short Film Corner à Cannes avec l’Agence du court métrage de Paris, et cela comprend une distribution en France en première partie d’un long métrage.
Festivals à venir en 2017 :
39e Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand
28e Festival du film de Trieste, Italie
9e festival du film LGBT « Côte à côte » de Saint-Pétersbourg, Russie
18e Landshuter Kurzfilmfestival, Allemagne
Festivals en 2016:
28e Filmfest à Dresde, Allemagne
30e Festival international du film de Leeds, Grande-Bretagne
29e Festival international du film gay et lesbien d’Austin, États-Unis
Exground FilmFest Wiesabden, Allemagne
9e filmzeitkaufbeuren, Allemagne
OderKurz-Filmspektakel, Allemagne
Lausitziale V, Allemagne
Deutsche Kurzfilmnacht au Festival international du film de Kiev « Molodist », Ukraine
38e Biberacher Filmfestspiele, Allemagne
16e Rendez-vous franco-allemand du film court, Strasbourg
Filmschoolfest Munich, Allemagne
Je serai à Clermont-Ferrand du 3 au 7 février et je tenterai de voir plein de choses et de participer à tout. Je n’ai pas encore de planning précis. Mais je présente également mon troisième court métrage Change au marché du film à Clermont-Ferrand, dans le cadre d’une collaboration franco-allemande « Soirée allemande – Coup de cœur – Le court métrage allemand » organisée par le Goethe Institut de Lyon, l’agence du court métrage de Hambourg, l’AG Kurzfilm, German Films et le festival du court métrage de Clermont-Ferrand. La projection aura lieu le 6 février et il y aura une fête après. Emma, qui joue le rôle de la fille dans Homework, est aussi l’actrice principale de Change.
Pour voir Homework, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I3.