Goûter avec Incomplete Woman (La femme incomplète)

Entretien avec Su-young Huh, réalisatrice de Incomplete Woman (La femme incomplète)

Voici un opus fort original. Y a-t-il une part d’autobiographie ?
Je me suis lancée dans cette histoire à cause d’un sentiment de honte qui me taraudait quand je travaillais sur un projet. Je savais qu’il fallait constamment se surpasser (à l’instar des formidables artistes que j’ai pu rencontrer), mais j’en étais incapable, et j’étais toujours déçue, tombant dans une certaine léthargie. Incomplete Woman est né pour me rappeler : « Tu n’as pas besoin de te donner tant de mal pour faire telle ou telle chose ».

Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire de façon aussi surréaliste ?
C’est un peu sinistre, mais il m’est souvent arrivé d’imaginer que je me volatilisais, que je me réduisais en cendres. Puis me venaient à l’esprit des souvenirs de choses qui durent dans la vie – et j’arrêtais mes délires de disparition. J’ai fait ce film en exploitant ce type d’émotions, comme ce corps qui reste coupé en deux, incapable de disparaître complètement dans Incomplete Woman.

Pouvez-vous nous parler de votre style d’animation ?
J’adore le monde de l’animation où les choses les plus loufoques sont considérées comme normales. Dans Incomplete Woman, personne ne s’étonne de voir ces parties d’un corps bouger et vivre leur vie, tout le monde les voit comme des adolescentes qui ont fugué. J’aime utiliser des techniques qui permettent aux spectateurs d’imaginer l’histoire dans leur tête, sans perdre mon temps à essayer de leur faire croire à la mienne.

Est-ce que c’est le ton et le style habituels de vos autres films ? Que faites-vous d’autre ?
Je n’ai pas encore réalisé beaucoup de films, donc je ne saurais pas vous dire. J’aimerais juste continuer à faire des choses le plus sincèrement possible, dans quelque domaine que ce soit – films en prises de vue réelles, animation, écriture, dessin. Toutes ces choses font partie de ma vie.

Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
Je ne m’estime pas en mesure de prédire l’avenir. Vivre au présent est déjà assez difficile comme ça.

Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Il faut continuer à apprécier les bons films et la bonne littérature.

Pour voir Incomplete Woman, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I14.