Goûter avec Ins Holz (Dans le bois)
Entretien avec Thomas Horat et Corina Schwingruber Ilic, réalisateurs de Ins Holz (Dans le bois)
Il y a quelque chose d’émouvant et de glorieux dans le fait que ce travail soit toujours réalisé par des hommes et non des machines. Que souhaitiez-vous faire partager en brossant le portrait de ces ouvriers ?
Corina : Le travail qu’ils font des mois durant est bien plus dur et revient plus cher que si l’on utilisait des hélicoptères et des machines modernes. Mais les autorités locales ont décidé de conserver cette méthode traditionnelle et durable d’exploitation forestière et de transport du bois. C’est devenu un événement culturel, un hommage au travail et à la tradition. Pour moi, il est également important de montrer des gens passionnés et fiers de leur travail, bien que celui-ci soit dangereux et très rude.
Thomas : Il est toujours enrichissant de voir les gens travailler avec une vraie passion. Montrer un travail que les gens n’ont pas l’habitude de voir est une façon de rendre hommage à un métier mal connu.
Pourquoi avoir choisi d’inclure si peu de dialogues et pas de voix off ?
Corina : Ce film est un hommage aux ouvriers de la forêt. Le silence de la forêt et le bruit des tronçonneuses sont des moyens de communication entre l’homme et la nature. Ces hommes sont des ouvriers, ils ne sont pas là pour parler. C’est ce qui m’a fascinée quand j’ai regardé les prises.
Thomas : La quasi absence de dialogues laisse la place à l’ambiance et l’imagination. Quant à la voix off, c’est pour le reportage, et ça vous cantonne à une seule interprétation d’un sujet.
Êtes-vous tous les deux particulièrement intéressés par le documentaire ? Avez-vous l’intention de continuer dans ce genre ou êtes-vous attirés par la fiction ?
Corina : Jusqu’à présent, j’ai travaillé exclusivement dans le domaine des documentaires d’observation. J’aime le côté imprévisible de la réalisation de documentaires. On ne sait jamais ce qui va arriver… J’aime avoir des surprises pendant un tournage et faire une synthèse à la phase de montage. Voilà pourquoi je n’ai jamais eu envie de faire un film de fiction – mais peut-être un jour, qui sait…
Thomas : La vraie vie est plus intéressante que la fiction : il y a tellement de sujets à aborder, où qu’on aille. Faire un court métrage de fiction, un jour, pourquoi pas… avec une ambiance, peu de dialogues et pas de voix off !
Vous montrez de fabuleuses vues de paysages. Pouvez-vous nous parler du tournage ?
Corina : Je n’ai pas participé au tournage. J’ai découvert les prises de vues en salle de montage et j’ai adoré le travail du caméraman Luzius Wespe. Il a saisi des moments incroyables malgré une météo et un terrain hostiles.
Thomas : L’abattage des arbres et la construction du radeau ont eu lieu l’an dernier, en janvier et février. Nous sommes allés filmer grosso modo une fois par semaine, et non seulement il faisait froid, mais le terrain était vraiment escarpé ! Heureusement, les ouvriers ont été très patients quand il nous fallait prendre le temps de régler la position de la caméra par exemple.
Si vous êtes déjà venus à Clermont-Ferrand, pouvez-vous nous raconter une anecdote sur le festival ? Sinon, quelles sont vos attentes pour cette édition ?
Corina : Je suis venue l’an dernier pour présenter mon documentaire Un jour comme un autre en Égypte, coréalisé avec Nikola Ilić. Comme le film était assez critique vis-à-vis du nouveau régime égyptien, nous n’avons pas tardé à nous faire houspiller par un type qui soutenait le nouveau régime. Il n’était pas d’accord avec le propos du film et soutenait qu’il y avait un changement positif dans l’air – dans le sens de la démocratie – mais que nous, les occidentaux, ne pouvions pas comprendre. À mon sens, s’il n’y a pas de liberté d’expression, on ne va pas dans le sens de la démocratie.
Thomas : Je ne suis jamais allé à ce festival et j’espère qu’on va bien s’amuser, que notre film va bien démarrer sa carrière et qu’on va se faire de nouveaux amis et passer ensemble de bons moments.
D’autres projections de prévues ?
Pas encore, mais on nous a déjà contactés… Tout est possible en ce qui concerne l’avenir de Dans le bois.
Est-ce que vous participerez à d’autres événements pendant le festival de Clermont-Ferrand (débats « Expresso », conférences ou autre) ?
Corina sera au cocktail organisé par Swiss Films le dimanche 5 février, de 18h à 20h, à l’Hôtel Oceania. Thomas et Luzius arriveront le 8 février. Pour les débats Expresso, nous attendons de recevoir le planning. Et il y aura d’autres événements. Nous vous accueillerons avec plaisir au stand de Swiss Films au marché du film court – on peut y organiser des réunions.
Pour voir Ins Holz, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I4.