Goûter avec Jackrabbit
Entretien avec Alex Feggans, réalisateur de Jackrabbit
Cette histoire est-elle entièrement vraie ? Quels éléments sont fictifs ? Comment en avez-vous entendu parler ?
En Australie, les régions isolées sont perçues comme tellement sauvages et inhospitalières que les gens croient à presque tout ce qu’ils peuvent entendre dessus. Je voulais rompre ces idées reçues et ce côté « horreur » et « thriller » de l’Outback pour raconter une histoire assez étrange mais qui pourrait arriver. Cette histoire n’est en fait basée sur aucun fait réel. En réalité, l’idée est venue d’une blague avec un ami dont les beaux-parents testaient la virilité. Au fur et à mesure de l’écriture du scripte il a évolué vers quelque chose de plus significatif. J’ai pu approfondir des thèmes et des idées qui me fascinaient en raison de l’influence qu’ils peuvent avoir sur nous quand nous grandissons.
Qu’est-ce qui vous a convaincu de faire un court métrage sur cette rencontre ?
Même si le film n’est pas basé sur une histoire réelle, il est en quelque sorte inspiré par des histoires de voyageurs entendues au fil des ans. Être isolé limite réellement les options, ce qui est un terrain propice pour les situations embarrassantes. Sur la forme c’est une histoire étrange, mais dans le fond elle traite de problèmes communs qui se manifestent dans les foyers chaque jour et à travers le monde entier. J’ai écrit ce scénario peu de temps après être devenu père et je me demandais quel genre de parent je vais être. Vais-je essayer de vivre mes passions et mes rêves non réalisés à travers mes enfants sans prendre en compte leurs aptitudes ou l’intérêt qu’ils y portent ? Je voulais explorer ces thèmes fondamentaux à travers une sombre et étrange histoire pour souligner à quel point les parents peuvent être égoïstes et destructeurs malgré leurs bonnes intentions.
Dites-nous-en plus sur le lieu du tournage. C’est un endroit que vous connaissez bien ?
Un des plus grands défis à relever pour faire passer cette histoire du papier à l’écran était de trouver un lieu avec la bonne esthétique et qui semblait isolé tout en étant utilisable d’un point de vue logistique et budgétaire. J’ai cherché sur Internet et sur le site Screen Australiapour dénicher des emplacements potentiels mais j’ai eu du mal à en trouver un. Assez curieusement, c’est ma mère qui a fini par trouvé le lieu. J’ai parlé de ce que je cherchais et elle s’est souvenue d’une station-service dans la petite ville de Nowendoc où elle s’était arrêtée près de 10 ans plus tôt. Je l’ai cherché sur Google et il y avait une photo du lieu. Cela semblait parfait et c’était assez près de Sydney pour y faire venir une équipe par la route. La plupart de mes recherches m’ont poussé à croire que la station était fermée et complètement abandonnée, mais quand j’ai appelé le commissariat de police local pour avoir la confirmation ils m’ont dit qu’elle venait de rouvrir. Ils m’ont donné le numéro du propriétaire, un homme extrêmement généreux et aimable qui était plus qu’heureux de pouvoir nous aider. Quand je suis allé là-bas en reconnaissance, j’ai été époustouflé par la perfection du lieu et par le nombre d’accessoires que nous pourrions directement emprunter sur place. Trouver cet endroit a été une véritable chance. Ma mère m’a dit l’autre jour qu’elle pensait qu’elle ferait une bonne repéreuse…
Quels sujets ou histoires aimeriez-vous explorer par la suite ?
Je suis généralement attiré par les histoires un peu étranges et les personnages qui n’ont pas conscience de leur excentricité. Je trouve la dynamique des relations dans la vie réelle fascinante et pour moi elles sont le meilleur endroit pour explorer l’humour maladroit et significatif. En ce moment je travaille avec Nick Burton, l’un des acteurs du film, pour développer un scénario de long métrage qu’il a écrit. Il parle d’une ancienne légende du jazz qui est kidnappé dans sa maison de retraite par son petit-fils qu’il n’a jamais rencontré. Le sujet et les thèmes sont assez tristes mais les personnages les rendent amusants. C’est le genre de scripte qui me passionne.
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Je viens du monde de la pub, le format court s’est révélé incroyablement libérateur par rapport aux publicités. J’ai adoré la profondeur du personnageque j’ai pu explorer et la liberté dont je disposais pour créer une histoire sans contrainte. De plus, on amoins la pression du succès commercial qui accompagne la réalisation d’un long métrage. À bien des égards, je pense que le court métrage donne la plus grande liberté possible aux réalisateurs. J’ai attrapé le virus et, même si je suis attiré par des projets plus longs, je pense que je continuerai à chercher des idées qui peuvent se transformer en courts métrages.
Jackrabbit a été projeté en compétition internationale.