Dîner avec Jag Var En Vinnare (J’étais un gagnant)
Entretien avec Jonas Odell, réalisateur de Jag Var En Vinnare (J’étais un gagnant)
Qu’est-ce qui vous intéressait dans l’addiction aux jeux vidéo ?
Il y a eu deux points de départ au film. Le premier est un souvenir, du temps où nous avions une console Playstation sur mon lieu de travail. Les gens jouaient un moment et retournaient travailler. Le plus souvent, ils jouaient à GTA (Grand Theft Auto), où on incarne ce personnage légèrement agressif qui jette les gens hors de leur voiture et repart en flèche. Quand le joueur s’arrête, ce personnage si fier apparaît soudainement en se prenant la tête et faisant quelques pas d’avant en arrière. Il m’arrivait de le trouver touchant – ce héros si sûr de lui qui semble soudain perdu…
L’autre point de départ, c’est quand je me suis documenté que l’addiction aux jeux vidéo. Cela m’a frappé, alors qu’il y a un grand nombre de médias qui traitent ce sujet, qu’on n’entende jamais les histoires des personnes sujettes à cette addiction. En général, on a des entretiens avec des experts, des psychologues et des proches, mais jamais les personnes directement affectées. J’étais simplement curieux d’entendre ces histoires qui me manquaient dans les médias.
Comment avez-vous travaillé les témoignages, ont-ils été enregistrés sur le terrain ?
Dans tous les documentaires à base de témoignages que j’ai faits, on a commencé par interviewer un grand nombre de personnes. Peut-être qu’on en a gardé un tiers pour le film – pas forcément parce que leurs histoires étaient “meilleures”, c’est plutôt pour avoir un aperçu assez complet du sujet dans le film.
J’ai commencé par monter les interviews audio, et pendant le travail de montage on est reparti interviewer ces personnes pour enregistrer des parties qu’on avait le sentiment d’avoir ratées ou juste pour raconter l’histoire de manière plus efficace.
D’un côté, le montage est un peu comme un scénario – il donne à la matière sa structure narrative. De l’autre côté, j’essaie toujours de bien respecter l’individu dont on raconte l’histoire et de le laisser aller vers ce que je pense qu’il veut nous dire.
Comment avez-vous créé les beaux environnements et avatars ?
J’ai travaillé avec des gens formidables. Nous avons construit des avatars qui collaient vaguement aux jeux auxquels jouaient les témoins en termes de décors et de sentiment global, mais nous avons totalement créé nos propres designs graphiques, inspirés par ces jeux.
Êtes-vous intéressé par le thème du futur de l’humanité et de sa relation aux technologies ? Avez-vous d’autres projets à venir qui exploreraient cette relation ?
C’est un sujet que je trouve intéressant en effet, mais je n’ai aucun projet en ce moment sur cette question.
Quels ont été vos coups de cœur au cinéma cette année ?
L’année a à peine commencé (1 mois) mais j’ai aimé Manchester By the Sea.
Si vous êtes déjà venu(e)(s), racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
Je regrette de n’y avoir encore jamais été et je ne pourrais malheureusement pas non plus être présent cette année.
Pour voir Jag Var En Vinnare, rendez-vous aux séances de la compétition labo L4.