Goûter avec Kampung Tapir
Entretien avec See We Aw, réalisateur de Kampung Tapir
La ville de Kampung Tapir est-elle réelle ou imaginaire ?
Kampung Tapir est un lieu fictif, mais il est inspiré par les noms de la plupart des villages et des villes de Malaisie. Souvent, le lieu est nommé en fonction d’un animal ou de mines existantes etc selon la fréquence dans laquelle on les trouve à cet endroit. Il existe un endroit appelé « Kampung Gajah », ce qui veut dire « Village des Eléphants », mais de nos jours, on n’y voit plus d’éléphants. Ce qui est amusant, c’est que la plupart des spectateurs me demandent « Où se trouve exactement Kampung Tapir ? » ou « Êtes-vous originaire de Kampung Tapir? », mais en fait cette ville n’existe pas.
À quel point vouliez-vous développer la thématique des frontières ? Pensez-vous faire d’autres films sur ce sujet ?
J’ai grandi dans l’état de Johor en Malaisie, il est très proche de la frontière avec Singapour, les histoires de frontières ont toujours de l’intérêt pour moi et pour les questionner dans mes films, je vais sûrement faire d’autres films là-dessus !
Compromis, espoirs, sacrifice de soi-même, objectifs, décisions… Pourquoi vouliez-vous questionner le balancement entre individualité et générosité dans les relations humaines ?
Bien que Kampung Tapir traite de l’important sujet des travailleurs migrants, des frontières et de l’identité, je pense que le plus important est de donner à voir ce sujet à travers un personnage afin de lier son ressenti émotionnel au spectateur. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi cette question de positionnement entre individualité et don de soi car je pense que c’est le pire dilemme pour les travailleurs qui franchissent des frontières, et que c’est une question à laquelle la plupart des gens ne voudraient pas être confrontés.
Pourquoi étiez-vous intéressé par le lien avec la Nature et l’univers rural, les transformations de l’environnement et leurs conséquences ?
Au début l’inspiration m’est venue de l’animal – le tapir de Malaisie. La première fois que j’ai été proche de l’animal, c’était dans un zoo à Johor Bahru, qui est la ville à la frontière de Singapour. Rapidement après cela, j’ai développé l’histoire, j’ai choisi ce lien à la nature et à l’environnement car je pense que ce sont les choses que nous, les Malais, nous oublions le plus. Nous oublions ce que nous avons et qui nous sommes dans la quête de nos objectifs individuels. Je suppose que c’est toujours lié à la question de « l’individualité » et de la « générosité » dans nos relations humaines (j’ai appris ces deux mots aujourd’hui, haha !).
Selon vous, le futur de l’humanité sera-t-il plus agréable ou plus dur que notre quotidien actuel ?
C’est une grande question, on arrive à rendre notre quotidien plus agréable pour nous-mêmes, mais d’un certain point de vue, on recule.
Au début, avez-vous écrit Kampung Tapir comme un tout ou était-il partie d’une plus grande histoire ?
Kampung Tapir était fait pour être un court métrage, mais j’ai des projets plus grands pour faire de ces histoires de migrants voyageurs un long métrage.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Je n’ai pas encore réalisé de long métrage, mais je suis presque certain que l’histoire de Kampung Tapir correspond à un format court. Le court métrage est un format difficile à distribuer et montrer commercialement en Malaisie mais pour les mêmes raisons je n’avais pas besoin de considérer l’aspect marketing comme pour un long métrage, et d’une certaine façon cela a été une liberté pour moi. Aussi, comme c’est un film fait à une petite échelle, cela m’a permis beaucoup de flexibilité dans les prises de vue pendant le tournage.
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ?
Sinon, qu’en attendez-vous ?
Ce sera ma première visite de Clermont-Ferrand (et aussi de la France !), j’espère voir autant de films que je peux pendant le festival !
Où voir le film après le festival ?
Le film n’a pas encore de sélection annoncée après Clermont-Ferrand. Nous souhaitons faire une première en Malaisie cette année, nous voulons aussi le projeter dans les villages et villes où nous avons tourné (Bekok, Macap, Lam Lee, Johor Bahru).
Pour voir Kampung Tapir, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I4.
Bonus : Découvrez la vidéo de présentation du film par le réalisateur.