Dernier verre avec Kembalilah Dengan Tenang (Repose en paix)
Entretien avec Mohammad Reza Fahriyansyah, réalisateur de Kembalilah Dengan Tenang (Repose en paix)
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à la question du deuil ?
Cela vient de ce qui est arrivé à ma famille quand il a fallu enterrer mon père. Toutes les démarches, du soin du corps à l’enterrement, devaient se dérouler selon la charia, il fallait donc l’inhumer et non l’incinérer ni rien d’autre. Nous souhaitions l’enterrer le plus près possible pour pouvoir se rendre facilement sur sa tombe. Seulement, la dernière volonté de mon père était d’être inhumé dans un certain cimetière. Je me suis alors rendu compte que ma famille mettait beaucoup d’émotion dans l’organisation de cet enterrement. Plusieurs interrogations se sont imposées à moi concernant le cimetière et le quartier où j’habite. Il y a des choses que je trouve étranges. La ville de Yogyakarta s’est agrandie rapidement, ce qui a fait monter les prix des terrains. Et cela touche aussi le prix des parcelles dans les cimetières. Pour palier ce problème, des propositions ont été faites, comme de privatiser le cimetière ou de placer les nouvelles tombes par-dessus les anciennes. L’intention est bonne, mais cela peut poser un problème pour les gens qui ne sont pas du quartier. Et si je n’ai pas les moyens d’acheter la parcelle ? Que fera ma famille ? Je ne vais pas vivre éternellement, n’est-ce pas ?
Avez-vous fait des recherches sur les démarches et le coût d’un enterrement en Indonésie ?
Oui, j’ai fait des recherches sur le sujet. Ce que l’on voit dans le film est le résultat de mes observations, de mes entretiens et des témoignages recueillis auprès de mon entourage sur la question des prix exorbitants des concessions et sur les solutions que les gens arrivent à trouver.
La question de la cellule familiale vous intéresse-t-elle particulièrement ? Avez-vous d’autres projets sur ce thème ?
Pour moi, la famille est un sujet extrêmement complexe. Dans mes films précédents, j’ai inconsciemment mis en scène ma relation avec ma famille. C’est grâce aux films que j’arrive à reconstituer et à comprendre ma place dans ma famille. Et effectivement, j’ai plusieurs idées de films sur le thème de la famille, soit inspirées d’autres familles, soit de la mienne.
Quel a été votre travail sur les ombres et la lumière ?
Tout le concept du film tourne autour d’une situation très proche de moi. Les lumières et les ombres ont donc été travaillées de la façon la plus simple et naturelle qui soit. Je dirais que le but était de faire le plus vrai possible, car j’ai apporté plusieurs éléments très représentatifs de ma vie et de mon quartier.
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Oui. Pour moi, le court métrage est un cadre dans lequel j’ai la liberté d’exprimer mes pensées de façon concise mais affirmée. C’est un support qui me permet de parler de ces petites choses de la vie qui comptent énormément, et d’apporter mon point de vue personnel dans un temps très court.
Kembalilah Dengan Tenang (Repose en paix) a été projeté en compétition internationale.