Breakfast avec Las Criaturas Que se Derriten Bajo el Sol (Les Créatures qui fondent au soleil)
Entretien avec Diego Céspedes, réalisateur de Las Criaturas Que se Derriten Bajo el Sol (Les Créatures qui fondent au soleil)
D’où vous est venue l’idée pour Las Criaturas Que Se Derriten Bajo El Sol ?
À l’origine c’était une idée plus visuelle que thématique : celle d’une société qui fondrait au soleil, et organiserait des jeux pour distinguer lesquels d’entre eux ont les peaux les plus résistantes à cette liquéfaction. Plus tard, j’ai rencontré le personnage du court, Paula Dinamarca, une femme trans de 45 ans, et nous avons entamé une conversation sur ce qu’est l’amour romantique et la peur que celui-ci peut inspirer à la communauté trans. C’est là que le scénario définitif m’est venu.
Comment avez-vous établi le lien avec la lumière et le cycle jour/nuit ?
Le jour et la nuit sont très symboliques. Durant les nuits, Nataly rend visite à ses vieux démons, son amant et la sensation pénible qu’il lui a laissée. Et, de l’autre côté, au lever du soleil, la face lumineuse apparaît, celle où elle a la possibilité d’embrasser sa fille.
Comment avez-vous travaillé sur la musique et le chant dans le film ?
Je suis un très grand fan de l’autrice-compositrice populaire chilienne Violeta Parra, et elle évoque beaucoup cette nostalgie qui fait partie de la culture de mon pays. J’ai écouté cette chanson et je me suis dit que ça cadrait parfaitement avec l’histoire. Et les autres sons, les sons de la nature, changent avec les sentiments des personnages. Le feu, l’eau, la respiration.
Pourquoi choisir le bord de mer ?
Il me semblait intéressant de vivre sur la plage la nuit, habituellement les histoires de plage se passent en journée. Je me suis également dit que si je devais être confiné toute la journée, j’aurais aimé passer mes moments de liberté près de la mer.
Vous êtes vous davantage intéressé à la relation mère/fille ou bien au renouvellement des générations ? Avez-vous d’autres projets évoquant cette question ?
Ça m’intéresse beaucoup de voir comment la communauté LGBT+ se crée des familles en dehors des liens de parenté. Il y a une certaine beauté en cela, car cela supprime l’espèce d’obligation d’aimer quelqu’un pour la seule raison qu’elle ou il partage le même sang, et cela crée des liens plus forts. Mon prochain film, qui sera mon premier long-métrage, parle beaucoup de cela, bien que son ambiance n’ait rien à voir avec celle du court.
Quel est votre court métrage de référence ?
En général, dans ce film, j’ai essayé de mélanger des films d’horreurs tels House of Wax, et des films qui, au contraire, sont plus intimistes, comme ceux de Lucrecia Martel ou Naomi Kawase.
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
Le festival est très important car il met ce format du court au centre de la scène, alors qu’il est généralement caché derrière le long-métrage dans les autres gros festivals. Cela redonne leur prestige à ces courts qui ont leur âme bien à eux, et cela fait communier les gens dans une multitude d’étincelles de vécu !
Pour voir Las Criaturas Que se Derriten Bajo el Sol (Les Créatures qui fondent au soleil), rendez-vous aux séances de la compétition nationale F10.