Lumières Numériques
Dans la Jetée, au sein de ce paquebot du court métrage, on peut emprunter différentes coursives. L’une d’entre elles nous mène aux Archives. L’escalier qui nous y conduit est le seul endroit du bâtiment peint en rouge. Oui, comme le fameux tapis du même tonneau.
Le moment y est solennel, nous entrons dans le saint des saints, l’endroit le plus sacré où reposent, dans leur boîte, des dizaines de pellicules lovées autour de leur noyau. Les galettes sont-elles ainsi plus goûteuses…
Mais ce n’est pas un repos éternel. Dans cette caverne, qui laisserait Dali baba, un monde hallucinant et surréaliste de millions d’images attend sagement le baiser du prince numérique pour les sortir de leur léthargie.
C’est ainsi, les transformations technologiques ont parfois amené à des pertes incommensurables : le tintamarre du sonore a définitivement étouffé des trésors muets et ceux en noir et blanc ont fondu dans les giclures du technicolor. Fidèle à une de ses missions premières, garder la mémoire du cinéma de court métrage, le festival a, au fil du temps, constitué une cinémathèque de films marquants de son histoire. Une cinémathèque vivante permettant de revenir sur ces films quand les ailes du désir de les revoir sur un grand écran se remettent à battre.
Aujourd’hui l’analogique a laissé sa place au numérique. Faut-il pour autant laisser sur leurs étagères ces films 35 mm qui nous ont émus, qui nous ont ébahis ? Doit-on se contenter de la trace qu’ils ont laissée à un moment dans notre mémoire fâcheusement réputée pour se trouer avec le temps ? Bien sûr que non, ce serait dommage. Le numérique est devenu la norme mais pas l’amnésie. A travers des sociétés comme Lumières numériques et L.E. Diapason, la technologie numérique offre une renaissance. C’est juste la boîte de conserve qui change.
Antoine Lopez