Dernier verre avec Noshtna Smyana (Boulot de nuit)
Entretien avec Eddy Schwartz et Yordan Petkov, coréalisateurs de Noshtna Smyana (Boulot de nuit)
Qu’est-ce qui vous a poussé à aborder l’histoire de Hristo ?
Même si, dans le détail, l’histoire est très spécifique, elle aborde en réalité plusieurs sujets plus larges qui sont importants pour nous et qui nous touchent de près : l’exploitation des travailleurs, les tensions raciales en Bulgarie, l’amitié et le sacrifice. L’histoire racontée dans le film est un moyen d’explorer ces sujets et de les faire ressortir. On s’est dit que même s’il s’agissait d’un pan plutôt sombre du réel, il y avait là aussi un super potentiel cinématographique.
Quel est votre degré de familiarité avec cette ville et avec l’industrie houillère ? Quelles recherches avez-vous effectuées ?
Avant de tourner, on a passé presque une année complète à visiter les villes liées à cette industrie et à rencontrer de vrais mineurs de charbon. On a visité des coins où se trouvent de vrais « trous dans le sol » et on a réussi à avoir des ennuis avec les agents de sécurité de plusieurs mines pendant nos repérages sur place. On a également rassemblé de nombreux articles de journaux papier et télévisés sur le sujet, et ceux-ci nous ont servi de références pour la conception des décors et la direction artistique du film. Dans l’ensemble, nous cherchions à coller aussi près que possible à la réalité.
Ce film pourrait très facilement devenir un long-métrage, étant donnés l’arc narratif et le développement des personnages. Est-ce que c’est en projet ? Si non, quel serait votre prochain projet ?
Après notre premier court-métrage, Auf Wiedersehen, on avait envie de faire un « court plus long » ; c’est dans cette optique qu’on a écrit le scénario de Noshtna Smyana. Au final, on a laissé tomber au montage une grosse partie des images qu’on avait tournées. On travaille en ce moment sur notre premier long-métrage, dont le titre provisoire est Giyur, qui bénéficie d’une bourse du Centre National du Cinéma bulgare. Le film traite du cheminement d’un jeune adulte qui tente d’accepter le Judaïsme, de ses difficultés à s’intégrer et de la découverte de sa vocation.
Comment s’est passée votre collaboration ?
Pour faire court, ça nous amuse maintenant de raconter qu’on se dispute énormément, d’abord, puis on fait un film. Mais on connaît déjà nos points forts respectifs maintenant, et on se repose l’un sur l’autre à chaque étape du processus, ainsi que durant le tournage lui-même.
Quel est l’avenir du format court-métrage d’après vous ?
On espère qu’il continuera à gagner en reconnaissance et en visibilité auprès du grand public, ce qui n’est pas encore le cas en Bulgarie. Nous espérons voir des courts sur grand écran dans les cinémas, en dehors du cadre des festivals ; nous avons envie de les voir diffusés à la télé (encore une fois, cela se fait déjà, mais chez nous pas tellement). Le court-métrage a besoin d’un maximum de soutien (institutionnel, financier, administratif) et nous espérons qu’il l’obtiendra de plus en plus.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Comme c’est dit dans le titre d’un film : « Whatever works ». Tant qu’on y trouve du réconfort, tout marche.
Pour voir Noshtna Smyana (Boulot de nuit), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I14.