Lunch avec Nursery Rhymes (Comptines)
Entretien avec Thomas Noakes, réalisateur de Nursery Rhymes (Comptines)
Qu’est-ce qui vous intéressait dans le choix de faire monter la tension progressivement ?
Avec Will Goodfellow, le scénariste, on voulait surprendre le spectateur plutôt que de faire monter la tension. Il s’agissait pour nous de créer une ambiance de rétention de l’information pour captiver le spectateur. On ne peut pas s’empêcher de projeter ses attentes sur l’inconnu – que fait donc ce métalleux à chanter une comptine au bord de la route ? La montée de la tension est un corollaire naturel de cette mystérieuse entrée en matière.
Aviez-vous prévu de tourner un jouer de mauvais temps, ou avez-vous ajouté le ciel gris à l’ordinateur ?
Oh non ! C’était dans la boîte, pour le meilleur ou pour le pire. Malgré le cliché des plages australiennes baignées de soleil, il peut faire très froid chez nous ! Nous avons tourné à l’ouest de Sydney, sur un grand plateau où il neige parfois l’hiver, et c’est ce qui est arrivé ! Nous avions prévu des températures autour de 10-12°C, mais le jour du tournage, il a fait jusqu’à -2°C. Torse nu, Toby Wallace brave courageusement ces températures négatives et grelotte pour de vrai. Quand je dis pour le meilleur et pour le pire, c’est que ça a vraiment gêné les acteurs et l’équipe dans leur capacité à créer cette chorégraphie extrêmement complexe en un jour de tournage. On n’a pas l’habitude de tourner dans un tel froid, et c’était bien sûr très difficile pour nos acteurs. Mais l’avantage, c’est la mélancolie naturelle et le côté sinistre que le mauvais temps apporte au film. Et oui, les éclairs ont été rajoutés par la formidable équipe de White Chocolate en postproduction à Sydney.
Dans quelle mesure voyez-vous Comptines comme un clip pour la sécurité routière ?
Aucune ! Ha, ha. C’est vrai que le film fait penser à des clips de sécurité routière qu’on voit à la télé. Mais sincèrement, ce n’était pas mon intention.
Pourquoi avez-vous choisi de montrer un groupe de heavy metal ?
L’image qui nous a poussés, Will Goodfellow et moi, à nous lancer dans ce projet, c’est l’incongruité frappante d’un métalleux torse nu qui chante « Old MacDonald » au bord d’une route de campagne. Pour moi, c’est ça, le cinéma. Simple et captivant. Tout ce qui suit n’est qu’une explication proposée à cette première image.
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Oh que oui ! Je gagne ma vie à faire des films publicitaires, donc réaliser un court métrage dramatique est une bouffée d’oxygène par rapport à la création commerciale. Il y a quand même un boss, mais le boss, c’est le film lui-même, et c’est à la volonté du scénario, et non d’un client, que l’on soumet chaque idée, chaque modification. C’est donc un peu comme sauter dans le vide sans parachute.
Pour voir Nursery Rhymes (Comptines), rendez-vous aux séances du programme L2 de la compétition labo.