Dernier verre avec Ombligo de Agua (Noyau liquide)
Entretien avec Laura Baumeister de Montis, réalisatrice de Ombligo de Agua (Noyau liquide)
Pouvez-vous nous expliquer le titre ?
Le personnage principal rêve de tomates. Elle rêve qu’elle en fait pousser pour gagner sa vie. Dans l’histoire, ce rêve symbolise le désir d’une vie plus simple, plus sobre, à l’opposé de sa réalité, avec toutes les attentes et l’esprit de compétition qui pèsent sur elle. Le mot « tomate » est un mot d’origine nahuatl qui signifie « noyau liquide » (ombligo de agua). Voilà d’où vient le titre du film.
Dites-nous en plus sur la protagoniste. Elle vient d’un milieu aisé. La drogue est-elle un phénomène courant parmi cette classe sociale dans votre pays ?
Je suis d’une génération au Nicaragua qui est née pendant la révolution sandiniste des années 1980, mais qui était en pleine adolescence au moment du changement économique (du socialisme au néolibéralisme) de la fin des années 1990 et au début des années 2000. Cette génération a éprouvé un grand vide existentiel tout au long de l’adolescence, et l’usage de la drogue s’est généralisé chez les fils de commandants et de dirigeants du gouvernement révolutionnaire.
Quel est votre parcours de cinéaste ?
Je voulais faire les beaux-arts après le lycée, mais cette filière n’existait pas dans mon pays, donc j’ai commencé par faire des études de sociologie. J’ai beaucoup appris, mais je savais que je ne voulais pas travailler dans ce domaine. Après mes études, j’ai eu la chance d’étudier la réalisation à Mexico, au Centro de Capacition Cinematografica : c’était une super expérience. De là, j’ai commencé à faire mes armes en tant que réalisatrice : j’ai réalisé quatre courts métrages à l’école de cinéma et deux autres en dehors de mon cursus.
Quels sujets souhaitez-vous aborder dans vos prochains films ?
Je travaille actuellement sur mon premier long métrage, intitulé La fille de la colère. Dans ce film, je continue à étudier des personnages à la vie intérieure profonde et complexe, qui se trouvent dans des situations difficiles et survivent grâce à leur imagination. Je souhaite également continuer à travailler avec des acteurs non professionnels et à tourner au Nicaragua. Ici, il n’y a quasiment pas d’industrie cinématographique, et chaque tournage est un casse-tête, ce qui me plaît, la plupart du temps. Un autre sujet qui m’intéresse, c’est la relation entre mes personnages humains et les animaux, et je me suis fixé l’objectif de travailler avec une espèce animale différente sur chaque projet.
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Bien sûr. J’adore le court métrage. Pour moi, c’est comme d’écrire de la poésie. Je me sens libre de jouer avec la forme et les sensations que je veux exprimer, sans devoir me concentrer trop sur l’histoire. Ceci prend une autre dimension quand il faut tenir les spectateurs en haleine sur une durée plus longue. Chaque fois que je travaille sur un court métrage, je rassemble plusieurs poèmes pour le projet (de divers auteurs). Cela m’aide à trouver le rythme et l’ambiance de chaque film.
Ombligo de Agua (Noyau liquide) a été projeté en compétition internationale.