Dîner avec Persona
Entretien avec Sujin Moon, réalisatrice de Persona
Par quoi vous a été inspiré Persona ?
Mon inspiration a été le désir assoiffé de me comprendre. En phase de préproduction, j’étais depuis longtemps dans un marasme où je me posais des questions sur qui j’étais en tant que personne. Mon thème de prédilection étant l’auto-réflexion, cela faisait obstruction à ma créativité cinématographique. D’une manière ou d’une autre, j’étais déterminée à en découdre, car c’était une étape inévitable de ma formation.
Comment avez-vous travaillé sur l’animation ?
J’ai utilisé un programme d’animation nommé TVPaint.
Pourquoi avoir creusé les thèmes des relations interpersonnelles et des conventions sociales dans Persona ?
Je voulais présenter mon moi dans son intégrité dans ce film. C’est pourquoi je me suis concentrée sur mes émotions du moment. Comme je le disais, je me suis négligée longtemps et j’avais perdu la confiance et la compréhension de moi-même. Il me fallait aller à la racine de tout cela, essayer de trouver ma cohérence, au sens social et dans les divers aspects de mon existence.
Dans quelle mesure la perte du réel vous a-t-elle intéressée ?
Comme c’est le thème central de mon film, je l’ai exploré vraiment en profondeur.
Diriez-vous que les réalités factices sont plus confortables que la vie réelle ? Est-ce que vous avez d’autres projets autour de cette problématique ?
Même si ça me demande du courage d’être sincère avec moi-même, je trouve cela plus satisfaisant. La fin, où la persona transporte l’enveloppe de son moi réel, reflète l’insécurité que je ressentais à ce moment-là. Je voulais dévoiler pleinement mes émotions brutes et ma peur de me défaire de ma persona, de mon masque. J’ai repensé récemment à cette fin et j’ai réalisé quelque chose : le personnage a perdu quelque chose d’essentiel intérieurement, mais ça ne se voit pas à l’extérieur. Ça en fait un final vraiment triste et effrayant. Je n’ai planifié aucun autre projet pour l’instant.
Quel est votre court métrage de référence ?
Mon court préféré c’est Ohayo, de Kon Satoshi.
Que représente le festival pour vous ?
J’ai de la peine pour le personnage du film, mais en ce qui me concerne j’ai pu ôter mon masque à travers la création de ce film. Les projections du festival de Clermont-Ferrand vont donner au public l’occasion de me soutenir et de m’accepter pleinement, je le sens. Cela me donne beaucoup de courage et de gratitude. Merci pour cette sensation d’être aimée, que je voudrais donner en retour à travers ma création.
Pour voir Persona, rendez-vous aux séances de la compétition labo L4.