Breakfast avec Pile poil
Entretien avec Laurianne Escaffre et Yvonnick Muller, coréalisateurs de Pile poil
Pouvez-vous nous raconter la genèse de Pile poil, un film extrêmement juste, au comique assez redoutable ?
Yvonnick: Lauriane était quelques jours chez une amie dont la sœur préparait son CAP esthéticienne… Celle-ci était en panique, à la recherche de sa modèle pour l’examen pratique. C’est là que l’on a appris que les étudiantes esthéticiennes devaient chacune trouver, en plein mois de juin, une modèle non épilée depuis un mois, pour leur examen final.
Laurianne : Il y avait un côté cocasse là-dedans qui nous plaisait bien, qui nous semblait porteur de comédie. On a assez vite imaginé une relation père/fille, un thème qui nous tient à cœur, et on est partis de là pour développer le scénario avec nos producteurs Emmanuel Wahl et Adrien Bretet.
La présence du père dans l’univers de l’esthétique fait naître un comique de situation particulièrement efficace. Comment avez-vous abordé cette scène avec Grégory Gadebois ?
Laurianne : Nous essayons toujours de rester les plus réalistes possible, et surtout dans des moments comme celui-là, où la situation est déjà forte.
Yvonnick : Le personnage n’en mène pas large : il était donc logique pour nous qu’il soit le plus sobre possible. On ne voulait pas pousser la comédie plus que de nécessaire.
Laurianne : On en avait parlé en amont avec Grégory, qui aimait beaucoup cette scène, et on était sur la même longueur d’ondes. Il n’arrêtait pas de dire : « ah ça va être bien, il n’y a rien à jouer, toutes les filles alignées ça va être très bien, très drôle » !
C’est votre deuxième collaboration après votre court métrage précédent Chèvre ou vache. Qu’est-ce qui fait qu’une collaboration entre deux acteurs fonctionne, une fois passés à la réalisation ?
Yvonnick : Comme pour toute collaboration, il faut avant tout s’assurer qu’on a les mêmes goûts et envies, en termes d’écriture et de réalisation. Et là-dessus, on est très raccord, ce sont en général les mêmes choses qui nous font rire, les mêmes choses qui nous émeuvent.
Laurianne : Sur le plateau, pour plus de clarté avec notre équipe, Yvo est en lien avec la technique, et moi avec les comédiens. Mais on se parle évidemment beaucoup en amont et pendant le tournage.
Yvonnick : Le fait qu’on soit acteurs est aussi un avantage à plusieurs moments dans le processus de création : pour l’écriture des dialogues par exemple, en jouant une scène entre nous, on va vite se rendre compte si ça fonctionne ou pas.
Laurianne : Pour nous, c’est vraiment une force et une facilité d’être à deux. Il y en a toujours un qui a la réponse si l’autre ne l’a pas. Selon nous, c’est aussi beaucoup moins de stress, ça nous permet d’être plus détendus sur un plateau, disponibles pour chacun. C’est un peu comme si on avait deux fois plus de temps. Le tournage a été très zen, malgré les défis liés aux changements de décors et au temps restreint.
Pile Poil remporte un certain succès avec plusieurs sélections en festivals. Quel public aimeriez-vous atteindre à travers ce film ? Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apporté en particulier ?
Laurianne : Oui, l’accueil en festivals est très enthousiaste. Notre objectif était de faire un film qui puisse toucher un public très large. Lors de notre premier festival, à Meudon, nous avons remporté le prix du public et le grand prix du jury : nous étions très heureux de voir que le film pouvait toucher aussi bien le public que les professionnels.
Yvonnick : Et pour la liberté du format court, on a vraiment pu raconter l’histoire qu’on voulait, et tourner avec les acteurs que l’on désirait. On était ravis que Grégory Gadebois, que l’on ne connaissait pas, accepte suite à la lecture du scénario. En comparaison, on est actuellement en travail d’écriture sur deux formats longs, et ce n’est pas le même système, ni les mêmes contraintes !
Pour voir Pile poil, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F3.