Goûter avec Pouvez-vous boiter ?
Entretien avec Petra Szöcs, réalisatrice de Pouvez-vous boiter ? (Can you Limp?)
Pourquoi étiez-vous intéressée par la période du deuil et pourquoi l’utiliser comme point de départ dans Pouvez-vous boiter?
Mon grand-père est mort très peu de temps avant que je ne commence à tourner ce film. Pouvez-vous boiter ? est un film très personnel, j’ai même utilisé quelques vidéos personnelles que j’avais faites de mon grand-père.
Comment vous est venue l’idée de cette mère qui embauche un comédien pour remplacer son mari décédé (et père) ?
Quand mon grand-père est mort, ma mère a voulu vendre sa maison et le sol s’est écroulé sous mes pieds. Je voulais tourner un film dans cette maison pour la dernière fois. Quelque chose de simple. Sur le deuil, sur la maison. À ce moment-là, j’étais très intéressée par le jeu d’acteur au cinéma et c’est ainsi que l’idée est venue. Ce n’était pas si simple que ça au final, cependant.
Le quotidien de vos personnages semble manquer de vitalité et de piment, pourquoi vouliez-vous créer cet effet et comment l’avez-vous élaboré du point de vue composition de l’image ?
Ils ont une vie monotone, clairement. Les deux femmes sont absorbées par la maison, elles sont presque à l’état végétal. Mais pas totalement. Elles ont leurs souvenirs, elles ne peuvent pas dépasser la mort de l’homme. Elles n’avaient personne d’autre que lui. C’est pour cela qu’elles ont besoin d’un substitut. La composition est en fait un ensemble de natures mortes avec des femmes immobiles.
Vous explorez aussi la frontière entre réel et rôle. Êtes-vous intéressé par la thématique des faux-semblants, des masques, de l’hypocrisie dans les relations humaines ?
Je dirais que j’inspecte les rôles qu’on décide d’attribuer aux autres. Je trouve cela tellement fascinant et horrifiant à la fois !
Êtes-vous en particulier intéressée par la thématique de la solitude ? Par l’absence de contacts sociaux en dehors du cercle familial ?
Pas vraiment.
Quels ont été vos coups de cœur au cinéma cette année ?
Cristi Puiu : Sieranevada, Andrew Dominik : One More Time with Feeling. Et Carol de Todd Haynes. Mais je suis fan du photographe Saul Leiter, qui m’a inspirée pour le cadrage, les couleurs et les textures du film.
Si vous êtes déjà venue, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
Je ne suis encore jamais venue. Je souhaite à tous une bonne saison de festivals.
Pour voir Pouvez-vous boiter ?, rendez-vous aux séances de la Compétition Nationale F3.