Rencontre autour de « Une jeunesse française »
Cette jeunesse oubliée, souvent à vif, hante les films français que nous avons reçus cette année comme un cri d’alarme. Dans les trois courts métrages de ce programme, elle se drape d’habits mythologiques pour se réapproprier le réel, le transformer, mais aussi pour le rejeter, le déchirer !
Au milieu de cette désillusion, individuelle ou collective, l’espoir revêt alors plusieurs formes :
– seul face à un avenir déjà tracé, seul pour casser ce fichu déterminisme social, Théophane se réfugie dans sa propre apocalypse dans Réponses au brouillard,
– à deux, en couple mais avec un fusil de chasse, Charlotte et Jérémie convoquent la mort et l’amour dans un même temps dans Saint Désir,
– en bande, dans des quartiers pavillonnaires et des parkings de zones commerciales, Laurent, Trash, Gaël et Benjamin errent et construisent leur propre rituel dans Nirvana.
La jeunesse gronde sourdement dans ces trois films, elle sera au cœur de l’échange public avec les réalisateurs le dimanche 5 février suite à la projection salle des Frères Lumière, à 16h00.
« Printemps 2016. On marchait dans Guingamp. On voulait se saisir de l’air du temps. Morosité, rues vides et peu d’espoir, discours plaqué sur une jeunesse abstraite.
On a rencontré Théophane, vingt ans qui disait pas grand chose, le crâne rasé et les yeux désarmés. Alors on a jeté nos scénarios et on a pris ses yeux pour regarder les choses. Faire rayonner les paysages d’une France qu’on voudrait ne plus voir. Et on a rêvé avec lui autour de cette distance entre ce qui est vu et ce qu’on sent venir. Comme si l’avenir rencontrait le présent, venait le provoquer, lui cracher au visage. Un espace en commun où les regards se mêlent et dessinent à travers le brouillard les contours d’une jeunesse bien concrète qui attend, qui espère et qui est en colère. »
François Hebert & Olivier Strauss (Réponses au brouillard).
« Nirvana, c’est l’histoire d’une amitié, avec tous mes copains. Il y a quelques années, on avait tous vingt ans, on rigolait tout le temps. On a fini nos études, certains se sont mis à travailler, d’autres non, et quelques-uns ont tout arrêté. Nirvana, c’est l’ailleurs, le passage à quelque chose de nouveau marquant la fin d’une époque. Je voulais raconter l’histoire de tout ça. Le film parle de nostalgie, de regret, de passion, de dépression et d’amour. Si beaucoup d’autres générations ont déjà été confrontées à ça, moi c’est la mienne, alors j’en parle comme ça. »
Lucas Doméjean.
« Les jeunes Français d’aujourd’hui sont beaux, ils ont les idées claires, ils n’ont pas peur d’être eux-mêmes. Les jeunes Français sont en difficulté face à un avenir qui leur offre des armes plutôt que de l’amour. La rédemption peut venir de différentes sources, dans le film Saint Désir, elle vient du soleil. »
« Une jeunesse française : rage – colère – nuit debout – reconnaissance – existence – choix – amour – la jeunesse c’est avant d’être vieux ! – mais qu’est ce qu’on attend pour foutre le feu ! »
Caroline Detournay & Paulina Pisarek.