Breakfast avec Saint Hubert
Entretien avec Jules Comes, réalisateur de Saint Hubert
Comment avez-vous travaillé l’image et les lumières ?
Saint Hubert devait être une véritable expérience cinématographique dès la conception. J’ai essayé de créer un monde, un environnement avec ses beaux espaces en pleine nature et les bonnes conditions pour la lumière. On a essayé de cadrer de manière cinématographique classique, afin de laisser la Beauté de la nature venir à nous dans toute sa force. Notre objectif était d’appuyer l’émotion liée à la Beauté de la nature mais aussi celle d’un lieu clos et de sa violence.
Avez-vous travaillé la question de la Nature morte en préparation ?
Je n’ai pas particulièrement étudié la « Nature morte ». En préparation du film, j’ai regardé beaucoup de documentaires Nature réalisés par David Attenborough. Je pense qu’il n’y a rien d’équivalent. La façon qu’il a de tourner la nature, les animaux et les plantes et comment il amène la curiosité dans ses films, a été une grande inspiration pour Saint Hubert.
Pourquoi étiez-vous intéressé par l’environnement de la forêt ?
Je vis dans une grande ville depuis longtemps. Bruxelles est belle, intéressante et dégoûtante à la fois. C’est une ville avec beaucoup de parcs naturels mais aussi la pollution et la saleté. Quand j’ai du temps, j’essaie de sortir de la ville. Je pense que c’est un besoin naturel pour les gens qui vivent dans les grandes villes. A chaque fois que je suis en forêt, je ressens des sensations de paix et de bien-être. La décision de faire ce film qui parle de Nature et de la Beauté de la Forêt, me fait penser à combien on est de plus en plus enfermés dans nos environnements urbains. Peut-être qu’il y a une sorte de peur en moi qui me dit que je vais rester enfermé dans cette cage urbaine toute ma vie.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans le rapport à Saint Hubert : était-ce plutôt le rapport à l’imaginaire, au légendaire ou plutôt le lien avec la croyance chrétienne ?
Je me considère athée bien que je n’exclue pas l’idée qu’il existe une forme de vie supérieure. C’est juste que je ne sais pas. Je ne crois ni en Dieu ni aux religions mais j’envie les gens qui peuvent donner tant d’énergie à croire en quelque chose. J’aimerais avoir une foi similaire dans ma vie. La religion me fascine. Quand j’ai découvert la vieille légende de Saint Hubert de Liège j’en suis immédiatement tombé amoureux. J’ai transposé l’histoire comme toile de fond pour mon personnage qui à sa manière crée sa propre religion, basée sur la légende. Apparemment, à cause de l’isolement, il a établi ses propres lois sur ce terrain. Cela devient un problème quand d’autres personnes arrivent dans son monde. Dans le film, j’ai essayé de créer un personnage avec un attachement inconditionnel à sa religion mais aussi qu’il soit un homme capable de dépasser les frontières pour la défendre.
Aimez-vous les récits fantastiques ?
Oui. Je ne suis pas le genre de réalisateur qui recherche des histoires ou des décors hyper-réalistes. Je trouve cela beaucoup plus intéressant de créer ses propres systèmes et histoires, dans un monde que vous créez vous-même.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Le court métrage est un média très gratifiant à mon avis. En tant que réalisateur, vous avez 10 ou 20 minutes pour accrocher votre public. Pour ces raisons il a des exigences différentes du long métrage, mais qui n’en sont assurément pas moins intéressantes. Je me sens en complète liberté quand je réalise des courts métrages. Ils coûtent moins cher, sont plus rapides à faire, et quelque chose me dit que quand vous faites un mauvais court métrage, cela ne va pas vous poursuivre toute votre vie. Je suis prêt pour mon cinquième et dernier en 2018.
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ?
Sinon, qu’en attendez-vous ?
Je suis très heureux d’être au plus grand festival de court métrage au monde. Pour moi, c’est déjà une récompense d’être sélectionné dans ce festival. C’est une grande récompense pour tout le travail et les efforts faits afin de réaliser Saint Hubert. J’espère y rencontrer de nouveaux réalisateurs, professionnels et fidèles du cinéma.
Pour voir Saint Hubert, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I2.