Breakfast avec Seja como for (Peu importe)
Entretien avec Catarina Romano, réalisatrice de Seja como for (Peu importe)
Seja como for se traduit par « d’une manière ou d’une autre ». Pourquoi avoir choisi ce titre pour votre court métrage ?
Le titre est un message d’espoir qui met l’accent sur la libération de la protagoniste. Nous traversons une époque difficile, nous avons parfois l’impression que les valeurs de la société changent, nous devons subir les crises économiques, la précarité, mais nous surmonterons ces difficultés, d’une manière ou d’une autre.
Le film parle d’enfermement, de précarité, de dépression, mais montre aussi un personnage qui parvient à surmonter ces épreuves et à se libérer. Est-ce pour vous un thème important à aborder au cinéma aujourd’hui ?
Dans mon pays, après la crise économique, il y a eu une augmentation du chômage, la troïka a imposé une nouvelle législation, et les travailleurs ont perdu beaucoup de leurs droits. La précarité est devenue la norme. Nous savons que les femmes sont celles qui souffrent le plus dans ces situations. Certaines de mes amies étaient au chômage et dépendaient financièrement de leurs partenaires, ce qui les mettaient dans une situation terrible. Parallèlement, de grandes discussions féministes avaient lieu, c’était comme s’il y avait simultanément des retours en arrière et des bonds en avant. Trois ans plus tard, maintenant que le film est terminé, je pense que cette impression se concrétise. Nous allons peut-être connaître la fin des temps, avec un véritable cataclysme écologique ou une guerre nucléaire. Les droits des gens du monde entier sont bafoués, l’extrême droite gagne du terrain et, en même temps, des mouvements et des projets qui se battent pour un avenir différent fleurissent de toutes parts et prennent de la vitesse partout dans le monde. Je pense qu’il faut utiliser toutes nos ressources pour réfléchir, pour tenter des expériences, pour agir afin d’avoir la force de prendre notre avenir en main.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la technique d’animation ?
Le film a été animé grâce à un logiciel 3D. Les personnages et les décors sont entrés dans le logiciel et les animateurs créent les poses principales. En post-production, nous avons ajouté les textures et les couleurs pour donner au film l’aspect d’un tableau, développant ainsi un autre concept inhérent au film, car le personnage a été inspiré par la peinture classique, une époque où les femmes étaient principalement représentées par des hommes, et d’une façon idéalisée. Si ces femmes idéalisées avaient été peintes et imaginées par des femmes, que les verrait-on faire ?
Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous dans la réalisation de Seja como for, et pourquoi ?
Le début et la fin d’un film, voilà ce qui est toujours le plus difficile. Le début, jusqu’au moment où l’animation est achevée – et où le film naît –, est empli d’incertitudes et très difficile à mon sens. Il est impossible de maîtriser complètement le processus créatif. Les résultats que l’on vise, ceux auxquels on arrive, et le temps qu’on y consacre, sont en constante évolution. Au final, il y a de la pression entre les contraintes budgétaires, les délais à respecter et le niveau de perfection que l’on souhaite atteindre.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
J’espère que l’intérêt actuel pour la diffusion en ligne, dans laquelle il y a une demande accrue pour les courts métrages, va continuer à pousser ce format à être un espace privilégié d’expérimentation et de liberté de création, un formidable bouillon de culture pour le cinéma indépendant.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Je vous recommande ubu.com, monoskop.org et disruptionlab.org.
Pour voir Seja como for (Peu importe), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I9.