Dernier verre avec Some Manifestations of the South (Coutumes méridionales)
Entretien avec Zhiyi Wang, réalisateur de Some Manifestations of the South (Coutumes méridionales)
Comment présenteriez-vous votre film à quelqu’un qui ne l’a pas vu ?
Par une phrase simple qui présente l’histoire : une mission inhabituelle pour un jeune homme dont le métier est d’honorer les morts des autres. En plus de l’histoire en elle-même, je préciserais que j’ai fait des expériences que je juge intéressantes dans la façon de raconter visuellement. Je peux garantir que l’on verra dans ce film quelque chose de différent, car c’est merveilleux de pouvoir travailler à la fois comme réalisateur et chef opérateur sur un film.
Comment vous est venue l’idée de faire un film sur ces personnes qui entretiennent les cimetières des ancêtres de leurs clients ?
Quand j’étais très jeune, j’ai quitté la ville de mon enfance avec mes parents. Dans la culture de cette ville, le culte des ancêtres est quelque chose de très important. Cette tradition exige que nous nous rendions sur les tombes de nos ancêtres pour en prendre soin chaque année pour la fête de Ching Ming. Cette fête est la plus importante pour nous, encore plus que la fête du printemps. Puis j’ai découvert que certaines personnes étaient embauchées pour accomplir ce rituel à la place des autres. Je me suis demandé pourquoi, puis j’ai réalisé à quel point j’étais inextricablement lié à tout cela. Ma famille était partie car mes parents voulaient quitter cette région sous-développée pour se construire une vie meilleure, pour eux et pour moi. Nous avons réussi à avoir une vie prospère dans une autre région, en revenant régulièrement, tels des oiseaux migrateurs. Je sais que nous ne sommes pas les seuls. De ce point de vue, notre ville d’origine est toujours sur le déclin, et les jeunes ne pensent toujours qu’à partir. En réalisant ce film, j’ai l’impression de me placer dans un autre parcours de vie : et si j’étais comme eux, et que je n’étais jamais parti ? Je choisirais de partir maintenant.
Avez-vous collecté beaucoup de témoignages et d’informations sur ce service dans la phase de préparation ?
Il y a beaucoup de personnes qui font cela. Nombre d’entre elles refusent d’en parler. Les informations proviennent donc surtout de l’observation. D’un autre côté, il y a dans ces régions d’autres jeunes que ceux-là qui sont coincés dans des boulots sans avenir, et j’ai aussi pensé à eux, dans une certaine mesure. Je me suis inspiré de la façon dont ils endossent des missions, car je voulais rendre ce lien très fort entre les gens et ce lieu.
Quelle réaction espérez-vous susciter chez les spectateurs ?
J’espère tout d’abord qu’ils seront sensibles à la présentation visuelle que je fais des lieux de mon enfance. Les plans sont minutieusement étudiés pour restituer parfaitement ces paysages inquiétants que j’ai en tête. L’environnement façonne les hommes, et les hommes façonnent leur environnement. Je pense que ces impressions peuvent aider le spectateur à rentrer dans cet univers et à avoir envie de comprendre ces gens et ce qui se passe là-bas, comme c’est mon cas.
Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
L’Internet mobile et les applications de réseaux sociaux vont sans aucun doute engendrer des courts métrages de plus en plus courts et de plus en plus divertissants. Ils seront probablement différents de ceux dont on parle maintenant. Mais il y a aussi de plus en plus de jeunes réalisateurs. Lorsqu’ils décideront de s’essayer à des créations plus ardues, on peut être très optimistes quant à la richesse et à l’expression novatrice du court métrage.
Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Je vous conseille d’écrire, si c’est envisageable. Après tout, on ne s’ennuie jamais quand on crée quelque chose, n’est-ce pas ?
Pour voir Some Manifestations of the South (Coutumes méridoniales), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I7.