Le film raconte avec beaucoup d’émotion le combat d’un père. Qu’est-ce qui vous a inspiré cette histoire ?
Le film s’inspire de mon enfance, des deux années que mon père, journaliste, a passées en prison.
Comment avez-vous trouvé les acteurs ? Et comment avez-vous travaillé avec eux pour recréer cette subtile dynamique familiale ?
Dans le film, le personnage féminin doit travailler, elle est très active, j’ai pris une actrice très connue en Iran, très compétente, qui déborde naturellement d’énergie, ce qui crée un contraste avec l’homme, qui est emprisonné depuis plusieurs années, qui devait dégager moins d’énergie, et avoir une certaine dureté dans l’expression : j’avais vu cet acteur dans le film A Man of Integrity, de Mohammad Rasoulof, qui était présent au festival de Cannes. Pour l’enfant, j’ai fait passer des auditions à plusieurs jeunes actrices avant de rencontrer cette petite fille, qui avait tourné dans une publicité. J’aimais beaucoup son visage, et elle était très intelligente. Je suis allée chez elle pour faire des jeux, et entre les jeux, je lui faisais peu à peu répéter des scènes du film. Pour les enfants, il faut que tout cela soit comme un jeu. On a répété avec les deux acteurs adultes, mais l’enfant a seulement répété avec l’actrice, et n’a pas vu l’acteur avant le moment du tournage, car je voulais qu’ils soient étrangers l’un à l’autre.
Quel est votre parcours de réalisatrice ? Quelles histoires avez-vous envie de raconter ?
J’ai réalisé deux films documentaires, dont l’un, intitulé Finding Farideh, a représenté le cinéma iranien aux Oscars 2020. J’ai aussi quatre courts métrages de fiction, et mon film précédent, The Visit, était également présenté au festival de Clermont – ce sera donc la deuxième fois que j’irai à ce festival. J’aime les histoires qui parlent de notre société. Et surtout les histoires autobiographiques.
Quelles sont vos influences cinématographiques ?
Les frères Dardenne et les films de Abbas Kiarostami.
Quel est votre prochain projet ?
J’ai écrit un scénario de court métrage inspiré par les récents événements en Iran, ce qui n’est pas sans rapport avec mes films précédents.
Quel est votre court métrage de référence ?
Les premiers courts métrages qui m’ont marquée étaient ceux de Krzysztof Kieślowski.
Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
D’une façon générale, je pense que la communauté artistique n’a pas de frontières et forme une grande famille. Les festivals sont l’occasion de rassembler les membres de cette famille pour favoriser les échanges culturels. J’espère y créer des liens pour produire mon prochain film.
Pour voir 48 Hours (48 heures), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I5.
]]>Entretien avec Azadeh Moussavi, réalisatrice de The Visit (La visite)
Le film s’inspire d’une histoire vraie. D’où la tenez-vous ?
C’est une histoire personnelle. Quand j’étais petite, mon père a été arrêté pour raisons politiques. Il était journaliste, et le gouvernement a mené en 1981 une vague d’arrestations de militants politiques – mon père en faisait partie. Après six mois passés en prison, on nous a informées par téléphone que nous avions le droit de lui rendre visite, mais pour des raisons que j’ignore, cette visite n’a jamais eu lieu. Ma mère et moi avons pris une photo de nous deux pour l’envoyer à mon père. La photo a été déchirée en deux par le gardien de la prison car les photos de femmes étaient interdites à l’intérieur. Ils ont seulement accepté ma photo car j’étais une petite fille. À sa libération, mon père a pris son bout de photo et a recollé les deux moitiés. On voit cette photo à la fin du film et sur l’affiche.
Quelles recherches avez-vous menées ?
Ce sont des histoires qui me collent à la peau, je n’ai pas eu besoin de faire de recherches.
Comment s’est passé le tournage ? Avez-vous tourné le film dans une vraie prison ?
Le tournage s’est déroulé dans une ancienne prison, qui est aujourd’hui un musée.
Quels sont les sujets et les genres qui vous attirent en tant que réalisatrice ?
Je m’intéresse aux questions sociales et à ce qui se passe dans la vraie vie.
Y a-t-il des œuvres ou des films qui vous ont inspirée ?
Dans les films qui m’inspirent, je peux citer ceux de Abbas Kiarostami et des frères Dardenne.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Je pense que c’est le sujet du film qui en dicte la forme et le genre, c’est l’histoire qui détermine s’il s’agira d’un court métrage ou d’un long, et même s’il s’agira d’une fiction ou d’un documentaire.
Pour voir The Visit (La visite), rendez-vous aux séances du programme I10 de la compétition internationale.
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